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Sur les traces de Rolando Toro par Gaston Andino

Cet article prétend suivre les différentes définitions que Rolando Toro a faites au cours du temps de la Biodanza.

« Réaliser une définition de la Biodanza serait une tentative aussi chimérique que d’essayer de définir l’amour, l’art ou la vie. Je pense que la superposition de différents essais peut donner au lecteur une approche générale ».

Rolando Toro

Il y a eu différentes définitions de la Biodanza, lesquelles reflètent différents aspects de sa théorie. Selon les moments, l’accent est mis sur telle ou telle question. Ces définitions nous donnent une vision du chemin parcouru qui nous a amené à une définition plus complète qui recouvre et englobe ce qu’est cette proposition.

« Une captation cognitive de la Biodanza est impossible. Seulement la vivre peut en donner une vraie signification ».

Rolando Toro

Dans cette définition, il nous parle du caractère vivencielle de cette proposition, il nous invite à vivre le moment présent ; c’est ce qui donne du sens à notre vie. La Biodanza est une source inépuisable de vivencias intégrantes qui englobent la totalité de notre existence, ses effets sont profonds et durables, l’organisme y participe dans sa totalité et nous induit à nous sentir profondément vivant. C’est une expérience dans « l’ici et maintenant » profondément guérisseuse, réparatrice et harmonisatrice.

« La Biodanza est la participation à une nouvelle façon de vivre, à partir de vivencias personnelles intenses, induites par la danse ».

Rolando Toro

Il nous parle ici de l’importance du mouvement plein de sens ou de la danse comme transformateur de notre style de vie. C’est par le mouvement ému que nous pouvons transformer notre existence. Parce que les vraies motivations sont d’origine affective. Nous pouvons dire poétiquement qu’elles naissent dans notre cœur et entrent en expansion à partir de là. Danser est une manière d’être et de vivre dans le monde. Dans l’univers tout danse, dans une syntonie universelle, entrer dans ce flux c’est en partie trouver notre place dans le monde.

« La Biodanza est une thérapie pour les malades de la civilisation qui ont perdu la clé de la vie et doivent apprendre à transformer le schéma de stress en schéma d’harmonie. »

Rolando Toro

Selon la vision de la Biodanza, thérapie nous ramène à la capacité de prendre soin ; le terme « thérapie » dérive du grec therapeia (v. therapeuin), et a le sens de « donner assistance », « prendre soin de », ce qui est à la base des fondements de la Biodanza. Il s’agit de prendre soin de la vie dans toutes ses différentes manifestations et cela demande que nous ayons un changement de perception, en cessant d’avoir ce regard utilitaire qui utilise les choses et la vie pour avoir un regard inclusif, holistique, écologique, sensible qui nous redonne l’intégralité de notre vie et qui nous apporte la paix dans le cœur.

Le terme « malades de la civilisation », Rolando l’utilise en se référant à Arthur Jores, un des pionniers de la médecine psychosomatique. Celui-ci fit un bilan du nombre de maladies existantes dans un catalogue de pathologie générale et il n’en trouva que cinq-cents communes aux êtres humains et aux animaux parmi les 2000 qu’il a étudiées. Parmi ces cinq-cents, certaines étaient d’origine traumatique, virale, microbienne, parasitaire ou carentielle. Les mille cinq-cents maladies restantes appartenaient seulement à l’espèce humaine ce qui est possible à cause du fameux processus civilisationnel dans lequel nous nous nous sommes dissociés chaque jour un peu plus, nous éloignant de la vie. Jores les a appelées « maladies de la civilisation » et, parmi elle il inclut : les névroses (dépression, hystérie, obsession, névrose d’angoisse), les psychoses (en particulier les schizophrénies, les dépressions maniaques, les psychoses toxiques), les psychopathies, les maladies psychosomatiques et d’autres disfonctionnements, déséquilibres et maladies qui affectent le fonctionnement intégré de l’organisme comme un tout. Il est alarmant de voir que le processus de civilisation, le « fameux » progrès se fait en parallèle avec l’annihilation de la vie.

« Si l’objectif de la psychothérapie est de soigner les malades, l’objectif de la Biodanza est de développer les potentiels de santé. L’alternative est donc de travailler à partir de la maladie ou bien à partir des facteurs d’optimisation bio-sociale. »

Rolando Toro

La Biodanza propose une inversion épistémologique, de travailler sur le sain, sur le peu d’affectivité, de créativité, de vitalité qu’a la personne à ce moment ; parce qu’en travaillant sur la lumière, l’obscurité tant à diminuer comme le dit Rolando Toro. Cette affirmation de Rolando est intéressante car James Hillman, psychologue jungien, dit que la psychologie a popularisé certains concepts comme le trauma et que les personnes l’ont pris et l’ont identifié avec un « épisode » traumatique de leur vie, restant emprisonnées dans cet événement, se victimisant en n’arrivant pas à voir les bonnes choses qu’elles ont eues dans leur vie. Elles perdent ainsi leur force vitale et se soumettent à une série de situations dans la vie qui ne les aident pas à se réaliser pleinement.


« La Biodanza est une discipline de mouvement-amour qui rétablit chez chacun la capacité de contact avec soi-même, avec l’Univers et avec le semblable ».

Rolando Toro

Les trois niveaux de lien que propose la Biodanza nous permettent aussi l’intégration de l’identité, en lien avec soi-même, dans la relation avec l’autre et en relation avec la totalité.

Dans le lien avec soi-même, les mots clés sont : centré, acceptation, intimité.

En étant centré en moi, j’améliore mon estime de moi, la confiance en moi et mon courage de vivre. Sans connexion avec moi-même, j’aurais plus de difficulté à reconnaître mes propres sentiments, ceux qui s’éveillent dans les différentes situations quotidiennes et qui se vivent à différents niveaux : couple, famille, etc. Sentir ce que je sens, le reconnaître, le comprendre et l’accepter. Accepter ce que je ressens, me permet d’évaluer si je désire communiquer ce que je ressens ou non, me rend responsable de mon propre sentiment et m’amène à agir en cohérence et en feedback. Une partie du succès de toute communication vient du fait de prendre soin de la façon avec laquelle je dis les choses. Savoir ce que je ressens et tenir compte de comment se sentent les autres, épure nos liens, les rend plus amoureux, moins conditionnés, moins dépendants, moins toxiques et plus sains.

« Sans acceptation et respect pour soi-même, on ne peut accepter et respecter l’autre et, sans accepter l’autre comme un autre légitime dans la co-vivance, il n’y a pas de phénomène social. »

Humberto Maturana

Ce n’est qu’en vivant une vie significative, habitée par mes sentiments et mes émotions, de choses vécues dans l’ici et maintenant, que j’arriverai à donner à ma vie un vrai sens existentiel.

Dans le lien avec les autres, nous trouvons ces mots clés : relation, lien, empathie. La Biodanza est une proposition groupale parce qu’elle part du concept que l’un devient un être humain dans la relation fraternelle avec l’autre. Réapprendre le chemin du dialogue sincère, la présence amoureuse et du respect mutuel est un de ses apprentissages fondamentaux ; être avec l’autre. Dans la majorité des cultures antiques il n’y avait pas de séparation entre le je et le tu, nous pourrions dire que je-tu est le principe de l’être, le principe de la manifestation de mon identité. Dans de nombreux peuples anciens, le mot « Je » n’existe pas, parce que pour eux cette séparation entre le nous et le je est impensable, parce que tout ce qui t’arrive à toi m’affecte moi. Le concept de je est quelque chose de très récent pour l’humanité, son origine est fondamentalement occidentale et se consolide avec l’apparition de la modernité en dissociant l’être humain de son entourage, que ce soit la nature ou d’autres personnes.

Cette relation avec l’autre est si importante et significative que pour les peuples originaires de l’Amazonie, quand ils se quittent, ils utilisent le mot Txai : « Tu es en moi ». C’est dans cette relation avec l’autre que naît l’empathie, mot d’origine grec « empatheia » qui signifie « ému », qui est la capacité de se mettre à la place de l’autre, d’être touché par l’autre, par sa présence, ses pensées ou ses sentiments. C’est un processus neurologique également qui passe par les neurones miroirs, ceux qui nous permettent de percevoir ce que l’autre pense et sent. Cette capacité à comprendre l’autre génère un sentiment de sympathie, de compréhension, de compassion, de tendresse et permet d’avoir une relation en feedback.

Dans le lien avec le tout, nous trouvons les mots clés : centré, intégration, harmonie, transcendance. Dans la vision biocentrique, il n’y a pas de séparation en moi (corps-âme et/ou sentiment-pensée, etc.), ni entre je et tu, ni entre je et le cosmos ; nous sommes tous un seul être intégré au cosmos et à la planète, formant un grand réseau qui est pénétré par l’énergie de la vie, elle est la sagesse qui circule et nourrit.

Ce manque de connexion avec la totalité peut aussi être souvent le début de la maladie et, si nous observons bien, nous sommes tous un peu malades. Ne vivons-nous pas dans société malade ? Rolando dit que nous sommes une société à la dérive, nous pouvons dire que nous sommes perdus, parce que nous avons perdu cette connexion subtile avec l’univers ; nous pouvons dire que le principe biocentrique nous offre cette possibilité d’intégration parce qu’il se manifeste comme une « tendance » cosmique gui génère de la vie, la vie générant de la vie ; ce serait le but de l’univers, générer de la vie. Elle est en syntonie avec l’essence vivante de l’univers et quand cette syntonie est perturbée, la maladie commence. L’acte de guérison sera ainsi compris comme un mouvement pour récupérer cette syntonie vitale avec l’univers, trouver ce fil subtil qui unit la vie avec la vie.

Nous sommes enfants des étoiles, dans chaque cellule de notre corps palpite la première seconde dans laquelle l’univers fut créé et toute l’évolution de la vie sur la planète, et même l’histoire évolutive de l’espèce humaine ; nous somme la continuation de la vie dans l’univers. En comprenant cela, mon attitude envers la nature change parce que je me sens partie d’elle et alors surgit le besoin de prendre soin d’elle.

NOUS SOMMES TOUS UN

La Biodanza est un système d’intégration humaine, de rénovation organique et de réapprentissage des fonctions originaires de la vie, qui utilise les sentiments et les émotions évoqués par la musique et le mouvement humain (danse) pour approfondir la conscience de soi. Son objectif est de promouvoir l’intégration existentielle, l’expression des émotions et le développement des potentiels de vie. La Biodanza nous permet de créer et d’approfondir les liens affectifs avec d’autres personnes, base de relations humaines plus saines. Elle propose aussi l’intégration avec la nature dont nous faisons partie et dont nous ne sommes pas le propriétaire, base d’une société plus écologique et plus biocentrique.

« La Biodanza est un système de prophylaxie, de réhabilitation existentielle, d’intégration psycho-physique (dépassement des dissociations), de rééducation de l’affectivité et de traitement complémentaire des maladies mentales et psychosomatiques »

Rolando Toro

La Biodanza est un système prophylactique parce que, à chaque séance, à chaque rencontre, il y a des apprentissages existentiels déterminés comme celui de l’autorégulation par le mouvement. Nous apprenons à bouger, à être en activité en respectant notre limite pour ne pas nous fatiguer et nous épuiser, comme cela se passe souvent. Nous vivons dans des pics de stress qui vont de beaucoup de mouvements à de la fatigue ou à de l’épuisement, qui vont de l’euphorie à la dépression parce que, comme on le dit souvent, tout ce qui monte descend ; physiologiquement cependant nous n’avons pas à vivre dans cet état d’euphorie-épuisement, notre corps ne le supporte pas. En Biodanza, nous apprenons à bouger jusqu’à ce que notre corps commence à donner des manifestations de fatigue, alors notre mouvement se réduit mais nous continuons à faire la proposition, nous ne nous arrêtons pas, nous diminuons progressivement jusqu’à nous harmoniser et, si nous le souhaitons, nous pouvons reprendre le mouvement et ainsi autant de fois que nous le ressentons comme nécessaire. Nous nous autorégulons dans le mouvement. Nous surmontons les dissociations parce que nous commençons à être sensibles à nos sentiments et à nos émotions qui existent à chaque instant dans l’acte de vivre, nous nous permettons à continuer d’intégrer ce que nous sentons, pensons et faisons – avoir une cohérence existentielle qui me permet d’être intégré.

C’est un « système d’intégration humaine, de rénovation organique, de rééducation affective et de réapprentissage des fonctions originaires de vie » nous dit Rolando Toro. Sa proposition est d’atteindre chaque fois plus cette intégration, avec soi-même – avec l’autre – avec la totalité, avoir une cohérence existentielle entre ce que je sens – pense –fais et développer les potentiels de vie ou lignes de vivencia de manière intégrée. Sa méthodologie est vivencielle, elle cherche à créer des moments, des instants vécus, dans l’ici et maintenant qui nous permettent l’intégration. Cela se fait par la musique, le chant, le mouvement et des situations de rencontre en groupe. Elle a pour objectif le développement des potentiels humains, éveillant des sentiments de bonheur et améliorant les relations humaines.

Elle utilise la musique comme une voie essentielle et, comme c’est un langage commun à tous les êtres humains, cela permet que se génèrent différents états émotionnels qui facilitent l’intégration existentielle. Une musique avec une grande motivation affective, faite par les gens pour les gens. Selon l’objectif pour lequel elle est utilisée, on obtiendra telle ou telle vivencia, avec l’émotion correspondante. Parce que derrière chaque action il y a une émotion qui la détermine, selon Humberto Maturana. Les exercices stimulés par la musique agissent sur les cinq lignes basiques d’expression de l’identité de l’être humain, celles-ci sont la vitalité, la sexualité, la créativité, l’affectivité et la transcendance.

Dans cette proposition, le groupe a une importance fondamentale parce qu’il est notre contenant et notre soutien affectif, essentiels pour notre développement humain ; j’ai observé au cours des ans que le facteur contenant des groupes est fondamental, qu’il faut que les personnes se sentent contenues, fassent confiance au groupe et au facilitateur pour ensuite commencer le processus thérapeutique. Cela est si précieux aujourd’hui car personne ne contient personne, la famille ne contient ses membres, les amitiés sont virtuelles et la société ne contient pas ses citadins. Beaucoup de personnes vivent dans un milieu toxique qui empêche l’expression de leurs potentiels de vie, vital, sexuel, créatif, affectif et transcendant ; à l’opposé, dans le groupe de biodanza, tout ce qui est sain se potentialise, on vit une pluie de stimuli positifs (écofacteurs) qui renforcent l’identité et qui nous encouragent à vivre la vie.

« Pour Hippocrate qui reconnaissait les forces curatives inhérentes aux organismes vivant et qu’il a appelées ‘pouvoir curatif de la nature’, le rôle du médecin consisterait à aider ces forces en créant les conditions favorables au processus de guérison. »

Feliciano Flores

Je considère la Biodanza comme une proposition hautement thérapeutique et elle est aussi une thérapie dans une vision systémique. Étant un système d’intégration humaine, son regard est beaucoup plus large que les psychothérapies traditionnelles qui n’utilisent que les mots et veulent rendre conscient l’inconscient comme façon de guérir la personne, sachant que cela ne se passe pas comme cela. La Biodanza inclut : le corps qui est le lieu où habitent nos émotions. Souvent des zones rigides se créent à cause de certains conflits inhérents à la personne et qui bloquent ainsi le mouvement naturel du corps. C’est par le mouvement ému, c’est-à-dire la danse et le contact corporel, que nous arrivons progressivement à dissoudre ces zones rigides de notre corps, nous autorisant une meilleure expression de nos émotions. Cela facilite aussi le climat groupal, générant plus de confiance et développant plus l’affect. La relation affective avec l’autre et la parole émue sont des piliers du développement de notre identité ; l’être humain est enraciné dans sa nature animale et est imprégné par la culture qui l’entoure, il est un tout intégré dans une trame qui englobe la complexité de l’existence humaine. Tout cela nous permet d’avoir plus d’éléments qui nous aident à nous intégrer et à développer nos potentiels de santé pour la vie.

La Biodanza est une invitation à rencontrer notre propre sagesse intérieure, à être maîtres de nous-mêmes, à avoir le courage (une action avec le cœur) de vivre notre propre existence.

Bibliographie

Toro, Rolando. Teoría de Biodanca: coletanea de textos. Fortaleza: Association Latino-américaine de Biodanza (ALAB), junho, V. 1-2, 1992.

Biodanza. Éditions le Vivier, 2006

Flores, Feliciano, controles teóricos – École Gaucha de Biodanza

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