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Apport des neurosciences à la théorie et à la pratique de Biodanza par Fernando Tucho

  • Photo du rédacteur: Biodanza-Paula
    Biodanza-Paula
  • 29 sept.
  • 5 min de lecture

L’apport et les avancées des neurosciences ces dernières années nous a permis, en général, d’avoir une meilleure compréhension de notre fonctionnement en tant qu’être humain et, en particulier d’avoir une meilleure compréhension des mécanismes d’action de la Biodanza sur nous, confirmant beaucoup des intuitions postulées par Rolando, en nuançant d’autres et même en en questionnant quelques-uns. C’est pour cela que ce thème fut pour Rolando un de ceux qui l’intéressa le plus dans ses dernières années et qu’il travaillait avec d’autres personnes compétentes pour la création d’une spécialisation dans cette matière. Pour cette spécialisation, je me suis formé avec Annalisa Risoli, médecin et physiologiste chargée par Rolando de développer ce que Rolando a souhaité être un module obligatoire dans la formation des futurs facilitateurs et facilitatrices de Biodanza et qui est inclus dans l’école hispanique de Madrid, entre autre, comme un des modules complémentaires à la formation officielle.

 

Au début du fascicule de cette spécialisation, Annalisa écrit : « Grâce aux nouvelles connaissances en neurosciences, il est possible d’approfondir les bases théoriques de la Biodanza et de mieux comprendre comment et pourquoi la Biodanza agit ». C’est l’objectif du module de formation et des ateliers que j’ai donné à ce sujet. Ci-dessous, nous allons faire un bref examen de quelques-unes de ces questions.

 

Pour Annalisa, il y a trois domaines fondamentaux dans les avancées en neurosciences qui affectent les bases de la Biodanza : les découvertes sur le mouvement, sur les neurones miroir et sur le fonctionnement de la mémoire et de l’apprentissage. A ces questions, nous pourrions en ajouter d’autres également pertinentes, comment progresser sur les effets de la musique sur le cerveau et le rôle des différentes parties de notre encéphale qui peuvent être mises en jeu pendant les séances de Biodanza.

 

Dans sa classification du mouvement humain, Rolando différenciait les mouvements venant de la volonté et les mouvements motivés par la vivencia. Bien que cette classification soit valable au niveau phénoménologique, la vérité est que les neurosciences viennent nous dire que, à part les mouvements réflexes et rythmiques produits par des modèles stéréotypés de contraction musculaire, le reste des mouvements (la majorité de ceux que nous faisons quotidiennement et aussi la majorité de ceux en Biodanza) sont « volontaires » car ils ont une intention à l’origine. Une autre question est que cette intention est normalement inconsciente, fixée dans la phase de programmation du mouvement, avant son exécution (ce dont nous avons tendance à être conscient). A la différence des mouvements réflexes et rythmiques, dont l’origine se trouve dans la moelle et le tronc encéphalique, les mouvements volontaires sont tous dirigés par le cortex cérébral (cortex qui a un rôle clé en Biodanza, bien qu'il ait parfois acquis une "mauvaise réputation" pour certaines de ses fonctions telles que la modulation des impulsions et des émotions, typique du cortex préfrontal, qui est également le grand centre intégrateur de notre cerveau).

A partir de ces postulats, nous pourrions faire une révision du modèle de mouvement humain de Rolando pour ajouter ces nuances que nous proposent les découvertes des neurosciences. Egalement, par exemple, quand il met le contenu émotionnel uniquement pour les mouvements organisés par la vivencia. Pour la terminologie neuroscientifique, l’émotion est à la base de tous les mouvements volontaires, si nous comprenons émotion comme un état corporel générer par un stimulus interne ou externe qui nous informe d’un besoin, comme l’affirme le prestigieux neuroscientifique Antonio Damasio, besoin qui trouve dans le mouvement une des voies pour être « résolu ».

 

D’autre part, nous avons dit que si tout mouvement a une intention, celle-ci est normalement inconsciente. Nous ajoutons, de plus, que nous savons que les  neurones miroir – et nous ajoutons donc ce nouvel élément clef – sont destinées à capter précisément ces intentions inconscientes… En tant que facilitateurs et facilitatrices de Biodanza : Quelle intention captent nos participants et participantes quand, par exemple, nous faisons un mouvement un peu théâtralisé ? Que captent les neurones miroir des participant.e.s ? Il y a beaucoup à réfléchir à ce sujet et cela a d’importantes répercussions sur notre pratique en tant que facilitateurs et facilitatrices. Ces neurones miroir, découverts par Rizzolatti et son équipe et qui, selon les mots de Ramachandran « sont pour les neurosciences ce que l’ADN a été pour la biologie », sont à la base de l’apprentissage que nous faisons en Biodanza – nous avançons déjà ce troisième domaine, celui de la mémoire et de l’apprentissage – et également important dans la démonstration en Biodanza, ce qui donne plus de sens à cette intuition géniale de Rolando. Cependant, l'effet miroir que la démonstration a sur le cerveau de nos participant.e.s en termes d'exécution ultérieure des exercices serait plus efficace si le délai entre le moment où l'on regarde la démonstration et celui où l'on exécute soi-même la danse était réduit... Comment donc réduire au minimum ce temps ? Il y a différentes stratégies qui peuvent s’appliquer, parmi elles : ne pas revenir à la consigne après avoir fait la démonstration ; demander aux participant.e.s que, pour voir la démonstration, ils/elles se placent déjà à l’endroit de la salle où ils/elles vont commencer leur danse ; dans le cas de danses à deux, sauf dans le cas de personnes débutantes qui doivent voir la danse avant d’inviter l’une ou l’autre personne, leur demander de se mettre déjà à deux pour voir la démonstration… et une longue liste de stratégies que nous avons mis en œuvre.

 

Les neurones miroir, comme nous l’avons déjà annoncé, sont à la base de l’apprentissage implicite en Biodanza. Ces neurones fonctionnent si l’action que nous voyons représente au moins une petite partie de notre répertoire moteur (plus ces mouvements sont dans notre répertoire moteur, plus ils s’activent). Ainsi, la proposition géniale de Rolando de travailler sur les mouvements universels humains est accessible à tous et toutes car ce sont des mouvements proches du répertoire moteur généralisé des humains. Garder cela à l'esprit serait essentiel lorsque l'on pense à proposer de nouveaux exercices en Biodanza.

 

Cet apprentissage implicite inconscient qui agit sur des mémoires implicites est celui qui opère fondamentalement pendant les séances de Biodanza. Les deux éléments clés qu’a notre cerveau pour savoir s’il doit graver une nouvelle expérience – comme celles que nous proposons en Biodanza – sont l’intensité et la répétition. Plus il y a d’intensité, plus l’expérience se grave facilement. Idem s’il y a plus de répétition. Ainsi, pour que la modification fonctionnelle et temporaire que peut générer une séance normale de Biodanza devienne structurelle et donc s'établisse réellement comme un nouveau mode d'expression possible pour la personne, la répétition est essentielle, la répétition de la musique et des exercices doit être la base de nos séances. Grâce à la répétition, toutes ces nouvelles expériences en Biodanza généreront, selon la terminologie d'Antonio Damasio, de nouveaux marqueurs somatiques qui aideront nos élèves à élargir leur possibilité à prendre des décisions dans la vie. Cependant, la répétition doit introduire de petits changements significatifs afin que le cerveau trouve toujours un défi à relever pour rester actif. Toutes ces questions sont à nouveau au cœur de notre pratique de la facilitation de la Biodanza.

 

D’autre part, les apprentissages implicites, majoritaires en Biodanza, comme nous le disions, sont « contexte dépendant », c’est—à-dire qu’ils sont étroitement liés au contexte dans lequel ils sont générés, et il est donc difficile de les transférer à d'autres contextes. Ceci est une clé pour la Biodanza car notre objectif est que le participant.e amène dans sa vie quotidienne ce qu’il va générer dans la séance de Biodanza… Comment l’aider à faire ce pas ? Un espace clé, entre autres, serait le partage verbal, avec l’invitation de rendre conscient ces apprentissages qui ont été générés inconsciemment.

 

Voici donc quelques brefs apports de tout ce que les nombreuses découvertes des neurosciences pourraient apporter à la Biodanza, un système vivant ouvert à la science comme le souhaitait Rolando.

 

 
 
 

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