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  • Photo du rédacteurBiodanza-Paula

Sacralisation de la vie par Rolando Toro Araneda

Les découvertes extraordinaires de la Biologie nous fournissent un point de départ solide et fécond pour comprendre bien des mystères de la biosphère. Elles restent, cependant, insuffisantes pour exprimer toutes les significations essentielles touchant la condition humaine. En tant que point de départ universel et de référence pour la compréhension de l'homme, les découvertes de la Biologie doivent aller à la rencontre des grandes intuitions sur des aspects encore voilés et mystérieux de la vie humaine.


Nous devons nous acheminer vers une nouvelle frange de la pensée, plus libre et mieux adaptée aux révélations de l'immédiat, nous devons nous déprendre des philosophies et des idéologies ingénues qui ont accompagné l'homme au cours de son histoire. Nous avons besoin d'une rigueur, à la fois insolente et sensible, afin de ne pas tomber dans le piège de l'objectivisme biologique ou du pauvre dogmatisme des religions.


A mon avis, la vie possède une qualité sacrée; la distinction opérée entre actes sacrés et actes profanes relève de la pathologie des civilisations. Cette pathologie a eu pour conséquence de désacraliser la vie quotidienne et de transférer les contenus transcendants vers des rituels obsessionnels créés pour échapper à la peur du cosmos.


Une nouvelle méditation sur le sacré est ici indispensable. La manifestation du sacré - hiérophanie - est l'un des faits les plus fascinants et les plus terribles. Je crois que l'expression de vie qui anime les créatures est la plus grande hiérophanie. L'incapacité à percevoir la condition sacrée de la vie a perturbé nos modes de relation avec le cosmos.


La dissociation entre le sacré et le profane, inhérente aux religions, doit être remise en question. Si la vie est, en elle-même, sacrée, si elle est la plus splendide expression du cosmique et la plus ample hiérophanie, la distinction rituelle des domaines sacrés et profanes apparaît absurde. La clarté du principe biocentrique de la Biodanza, qui voit dans la vie la plus grande hiérophanie, est justement ce qui la distingue de n'importe quelle religion ou psychothérapie.

Dans ce que l'on nomme les "danses sacrées", un espace se crée qui s'emplit de significations et de puissance. Ces danses dessinent une trajectoire qui va d'un espace chaotique, profane, vers un espace ordonné, sacré (mandala). En Biodanza, les personnes qui se lient dans une "danse d'amour" rétablissent un sens cosmique qui les intègre dans une unité plus grande. Le magnétisme de la danse engendre des champs créatifs, érotiques et biologiques qui, s'ils ne représentent pas en soi une réalité transcendante, constituent la grande cérémonie de la vie.

D'un côté, le temps sacré, la durée de la fête, le temps liturgique ont été distingués du temps historique linéaire. Une fois terminée la cérémonie dans le temps sans durée de la liturgie, l'homme retourne dans le temps quotidien. Une même trajectoire se dessine à nouveau qui va du temps fugace et illusoire au temps mythique, circulaire et éternel.


En Biodanza, chacun est invité à vivre dans l'"ici-maintenant". Le temps marqué par les heures de la montre n'est qu'un temps conventionnel, un temps non vécu. Toute la réalité est sacrée pour nous et tout temps est liturgique.


La très ancienne tradition orientale selon laquelle la vie n'est qu'une illusion, à peine la manifestation des voiles infinis de Maya, disqualifie la vie comme expression la plus pleine du divin. Cette pathologie s'est transmise et a infiltré différentes religions, créant le terrain propice à l'exercice de l'injustice et de la violence. Privée de sa qualité sacrée, la vie perd sa valeur intrinsèque, elle peut être détruite, torturée, exploitée, humiliée. Le principe biocentrique récuse, avec la plus grande fermeté, ce grand mensonge culturel qui a désacralisé la vie.

Entrer dans le ravissement que délivre la perception de la vie, éprouver en soi la sensation d'être vivant, cela relève, sans aucun doute, d'une expérience mystique et constitue l'unique point de départ possible de la recherche scientifique. Comme l'a dit Einstein: "L'expérience cosmique est la plus forte et la plus noble source de la recherche scientifique".


Le principe biocentrique restitue à l'homme sa qualité transcendante. La sacralisation de l'homme est ce qui donne à sa vie, à son amour, à sa sexualité et à ses créations, la qualité du transcendant. A partir du principe biocentrique, la vie s'organise comme une coexistence et une convivialité avec le divin.


Le sacré n'existe pas dans un espace rituel (mandala), il existe dans toutes les circonstances où la vie est présente. Toute la vie est sacrée. Qu'il se déroule dans un temple ou dans une misérable chambre d'hôtel, l'acte sexuel a la même condition sacrée. Lorsque des personnes entrent en contact avec amour, elles recyclent l'énergie cosmique, elles vivent l'amour éternel d'Aphrodite et d'Apollon. L'homme fatigué, qui marche dans la rue parce qu'il n'a pas d'argent pour prendre l'autobus, est aussi un "marcheur d'éternité". L'enfant qui repose dans les bras de Marie et l'enfant abandonné, rachitique, qui cherche de la nourriture dans les ordures, ces deux enfants sont deux formes de l'"enfant divin".


Le principe biocentrique touche tous les domaines de l'activité humaine. Si vous êtes en connexion avec la vie, vous êtes par la même dans un courant politique: celui qui défend la vie et lutte contre l'exploitation et l'injustice. Si vous êtes liés d'une manière intime avec le principe biocentrique, vous éprouvez le lien cosmobiologique, l'ancestrale familiarité avec les pierres, avec les oiseaux, avec le soleil, avec la mer. Si vous agissez à partir du principe biocentrique, vous appartenez au mouvement de résistance écologique qui veut des rivières claires, non polluées, qui veut respecter la faune et la flore. Liés au principe biocentrique, vous êtes un pédagogue, un amant, un artiste.


La plus subversive de toutes les disciplines est celle qui se fonde sur le respect de la vie, sur la joie de vivre, sur le droit à l'amour et au contact. Elle ne reconnaît aucune autorité extérieure, que ce soit celle d'un gouvernement, avec la violence institutionnalisée ou celle d'idéologies politiques et religieuses qui discriminent les êtres humains. Le principe biocentrique est révolte.

Tout en étant les mêmes, les personnes qui pratiquent la Biodanza sont autres. Individus, ils sont aussi la vie universelle. Nous pourrions dire que les principes de vie surgissent d'une intelligence divine qui transcende les valeurs égocentriques. De cette méditation est née une technique qui consiste à stimuler, créer et développer de la vie chez les autres, ce qui génère de la vie en nous.


Les personnes forment notre plus puissant milieu ambiant. Le couple écologique, la famille écologique, la communauté écologique sont des expressions du principe biocentrique.


Lorsque nous parlons de principe de vie, nous nous référons à quelque chose de très précis, à des fonctions universelles, à des formes de lien, à un développement évolutif. La Biodanza s'inspire des principes généraux du vivant et non d'idées à priori ou de dogmes religieux.

Si les religions, les idéologies politiques et les différentes formes de psychothérapie travaillent autour des pathologies de l'ego, la Biodanza travaille avec la santé, dans une dimension transcendante de constant respect pour la vie.

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