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  • Photo du rédacteurBiodanza-Paula

Pourquoi danser ? par Myrthes Gonzalez

« La première connaissance du monde, antérieure à la parole, est la connaissance par le mouvement. La danse est ainsi une façon d’être dans le monde, l’expression de l’unité organique de l’homme avec l’univers. Cette notion de danse comme cénesthésie intégrante est très ancienne et a, au travers de l’histoire, de nombreuses expression culturelles comme les danses primitives, les danses orphiques, les cérémonies tantriques ou les danses giratoires du soufisme ».

Rolando Toro Araneda


Je pense quelques fois comment serait le monde sans paroles. Quand j’étais dans l’immensité de la Patagonie et que j’ai pu percevoir les preuves de la dernière grande glaciation, j’ai eu l’insight que nous sommes indispensables pour la nature.

S’il a vu avant le verbe, il a aussi vu avant le mouvement et même avant de nous manifester sur la planète en tant qu’homo sapiens, la nature dansait déjà car sa danse est l’expression des éternels cycles cosmiques.

La danse en tant que mouvement résonnant est la qualité matérialisée de la musique. Elle existe à partir des relations gravitationnelles des corps dans le temps et l’espace.

La danse fut découverte par les corps célestes qui après la grande et singulière explosion acquirent chacun leur expression particulière et, dans un mouvement d’expansion, établirent des relations de résonance les uns avec les autres, créant un espace-temps qui n’est linéaire que dans notre perception. Avec les étoiles, les planètes et d’autres corps célestes se créèrent le temps et l’espace qui sont la scène de la danse, en fin de compte sa propre danse, parce que c’est du temps et de l’espace que vient la musique.

Alors que le mouvement céleste créait la danse, peut-être que celle-ci avait déjà été créée, bien avant la grande explosion. Les particules, avec leurs aspects positifs et négatifs, dansent à deux, font des rotations et le séducteur se montre pour ensuite disparaître.

Les particules, qui peuvent être des ondes de différentes longueurs et qui peuvent aussi être des cordes qui s’étendent et s’enroulent selon les relations qu’elles établissent. Du micro au macrocosme la danse existe et a toujours existé.


La vie comme danse

La vie sur notre planète est considérée comme un phénomène organique. Dans un certain point de la danse cosmique, sur notre petite planète, se créèrent les conditions pour un type spécifique d’organisation de la matière qui contraria les lois de l’entropie.

Comment cela a-t-il commencé ? Pourquoi ? Nous sommes encore sur le chemin de la découverte mais le fait est que les organismes de cette planète sont capables de maintenir une cohérence en vainquant la tendance à la perte de chaleur et à la dissolution. Bien que pas reconnue scientifiquement comme un organisme vivant, notre propre planète a établi des réseaux écologiques qui la maintiennent « vivante » comme un organisme, avec des quantités précises d’éléments chimiques essentiels qui sont en équilibre comme dans un organisme.

La danse des organismes vivants commence avec les bactéries, elle s’installe chez les plantes et culmine chez les animaux.

Les animaux deviennent maîtres dans le déplacement spatial, soit sur la terre, soit dans l’eau ou dans l’air. Leurs mouvements sont harmoniques, rythmiques et mélodiques. Nous pourrions mettre en musique les mouvements de chaque espèce et nous aurions la preuve de la danse.

La nature est créative et cyclique : elle poursuit ses transformations en créant de nouveaux êtres.


La danse chez l’être humain

Nous arrivons finalement à la danse dans l’histoire de l’humanité.

Il est clair que, avant d’être sapiens nous dansions déjà. Le sapiens a inventé la danse comme élément culturel. Ou serait-ce la danse qui a inventé la culture ?

Comme toutes les choses propres à l’être humain, la danse a ici rompu avec les mouvements hérités et caractéristiques de l’espèce pour acquérir une multitude infinie de possibilités. En ce sens, la danse fut un des principaux éléments qui permirent à l’être humain de transcender ses limites de mouvement et de perception.

Originellement, la danse fut liée aux rituels de contact avec le divin. Danser amène toujours à une altération de l’état de conscience. La danse, dans son origine la plus reculée, a donc été associée au sacré. De la même manière qu’elle donne accès au contact avec le divin, la danse permet l’état de relâchement, le plaisir et la célébration liés aux moments de décontraction que nous relions, dans notre culture, au profane.

Pourtant, à des niveaux profonds, la dissociation entre sacré et profane, dans la perception de celui qui danse n’a simplement pas de sens. Ainsi, quand le danseur s’abandonne à la danse, que ce soit dans un rituel, une fête de quartier ou un spectacle, toutes les voies conduisent à l’extase.

L’extase est une expérience de fusion avec la musique, où le danseur a accès à une connaissance vivencielle à travers la proposition musicale.

Il existe différents facteurs qui amènent une différence dans l’expérience de danser dans le contexte de la Biodanza. Un des aspects les plus pertinents est dans la musique en soi. La musique a le pouvoir d’éveiller des émotions, produit une espèce de « voyage émotionnel ». Quand nous écoutons simplement de la musique, elle manifeste déjà son pouvoir de changer notre état d’âme, d’éveiller des mémoires, des émotions et des sentiments. Quand nous dansons, cette expérience tend à s’accentuer.

Nous pouvons dire que, indépendamment des paroles d’une musique, celle-ci transporte en elle une émotion. C’est ce qui s’appelle en Biodanza la sémantique musicale. Il existe des musiques qui nous transmettent de la tristesse, d’autres la joie. Certaines la légèreté, d’autre le poids.

En Biodanza, les musiques sont choisies avec soin selon leur sémantique. Le facilitateur choisit et organise sa session comme un chemin poétique lié à l’émotion transmise par la musique. Selon l’objectif de sa session, un jour déterminé, il conduit le groupe sur un chemin de contact avec des nuances émotionnelles déterminées qui, quand elles se transforment en danses, produisent ce que nous appelons vivencia.

La vivencia surgit quand le danseur arrive à être complètement présent dans l’ici et maintenant de sa danse.

C’est différent, par exemple, de danser dans une fête, parce que dans les fêtes, en général, il n’y a pas de professionnel qui se préoccupe de savoir quel type d’expérience la personne va avoir quand elle dans une musique déterminée.

En Biodanza, nous comprenons la danse comme un élément très puissant, capable de générer de l’intégration ou de la dissociation. Dans notre société consumériste et mécanisée, nous trouvons de nombreuses musiques qui donnent accès à un sentiment de vide, de rage, de destruction. La danse de ces musiques accentue ces aspects au niveau vivenciel, créant des synapses au niveau moteur pour des mouvements brusques et peu sensibles, accentuant les dissociations.

Les personnes qui pratiquent la Biodanza parlent d’un sentiment de bien-être. Ceci est dû au fait d’avoir accès à des expériences différentes quand, au cours de sa session, le facilitateur invite à une danse liée à des musiques qui développent la sensibilité, l’empathie, la solidarité, la joie, l’amour, etc.

Ces expériences vont, peu à peu, construire une base neurophysiologique qui va vers une intégration affectivo-motrice capable d’apporter dans le quotidien du participant les éléments qu’il vit dans ses danses.

De cette façon, e Biodanza, la danse est la voie d’accès à une connaissance, à un principe non rationnel, mais qui fait partie de notre ancestralité et de l’évolution de la vie et du cosmos.

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