top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurBiodanza-Paula

Le principe biocentrique par Feliciano Flores

Et alors surgit Rolando Toro, avec son principe biocentrique, une extension du sentiment écologique jusqu’au-delà des limites, ou non-limites, du cosmos.


Pour Rolando, son principe biocentrique est un mode de pensée et de vécu dont le point de départ et la référence existentielle est la compréhension et la vivencia d’un système vivant plus vaste, l’Univers lui-même. Le principe biocentrique se fonde sur la conception de l’Univers comme un immense système vivant. La vie, dans son expression la plus subtile, imprègne tout ce qui existe, soutient la Totalité. La dynamique universelle est l’expression même de la vie.

Pour Rolando, ce ne sont pas que les plantes, les animaux et les être humains, Gaia enfin, qui manifestent la vie. Tout ce qui existe, depuis les ondes-particules jusqu’aux supernovae, des bruits de fond cosmiques au chant sonore des oiseaux, depuis les sables du désert et les roches de montagnes jusqu’aux pensées les plus subtiles et aux émotions les plus asservissantes, tout est Vie.


Les physiciens constatent et théorisent au sujet d’un surgissement expansif de l’Univers, le Big Bang, et considèrent ceci comme un processus de dégradation, marqué par l’entropie, et en route vers une désorganisation finale (entropie doom).


Et cependant la vie se manifeste, tout au moins sous la forme que nous connaissons sur Terre, comme un processus d’organisation.


Pour Rolando Toro, ces deux processus universels (organisation et désorganisation) sont comparables à ceux qui se produisent dans les manifestations de la vie terrestre, représentées par les dits « organismes vivants ».


La dégradation entropique, avec la décroissance énergétique pour l’état thermique, représente la fonction catabolique de cet immense organisme, tandis que l’organisation de la vie est alimentée par la néguentropie (ou syntropie), caractérisant le processus anabolique de l’Univers Vivant.

Selon les mots de Rolando Toro, « l’Univers existe parce que la vie existe, et non pas le contraire, et les relations de transformation matière-énergie sont des niveaux d’intégration de la Vie. »


Pour lui, la vie ne serait pas simplement le résultat de processus chimiques et énergétiques, mais résulterait d’un programme « impliqué » qui guiderait la construction de l’Univers.

Reprenant l’idée de David Bohm, selon laquelle, sous le domaine expliqué par la science, il y a un domaine impliqué de totalité indivise, Rolando Toro propose que la Vie soit le « fondement impliqué ou unificateur, ou transcendantal, sous-jacent aux faits explicites » (Bohm, 1992).


L’idée de l’Univers comme système vivant doit être insérée, d’une manière ou d’une autre, dans l’inconscient collectif. La perception d’un ordre cosmique, à partir de la contemplation du mouvement des étoiles, aurait évoqué, « des profondeurs de l’imagination » des pré-Sumériens, déjà au troisième siècle av. J.-C., une reconnaissance de similitude entre la dynamique universelle et la dynamique corporelle. « Il s’est formé un vaste concept de l’univers comme être vivant, semblable à une grande mère, dans le ventre de laquelle tous les mondes, aussi bien de la vie que de la mort, avaient leurs existence. De son côté, le corps humain est une reproduction en miniature de la forme macrocosmique » (Campbell, 1991).


Pour certains philosophes, tout comme dans les idées attribuées au philosophe présocratique Thalès de Milet (7ème-6ème siècle av. J.-C.), on pourrait identifier la conception, plus tard réaffirmée dans l’hilosoïsme épicurien (3ème siècle av. J.-C.), qui considérait la matière (et par extension tout l’Univers) comme un organisme biologique.


De nos jours, quelques auteurs réussissent à s’approcher de cette vision, mais ils sont encore loin du courage ou de l’ouverture intuitive de Rolando Toro.


Russel (1991), dans son livre, « Le réveil de la Terre : le cerveau global » se pose lui-même la question : « Serait-il possible que parmi dix billions de planètes vivantes dans notre galaxie émergent quelques super-organismes galactiques dont les cellules seraient des Gaias

éveillées ? »


Alors que l’on perçoit chez Toro (1982, 1986, 1991) la conception que les types de vie sur la Terre et, éventuellement, sur les planètes seraient des formes de manifestation de la Vie qui imprègne l’Univers, Russel ne va pas plus loin que d’admettre la possibilité d’évolution d’un super-organisme galactique à partir de l’évolution de la conscience (anthropocentrisme ?) sur les « planètes vivantes », au sein de ce qu’il nomme les Champs de Gaia, jusqu’à un niveau qu’il identifie comme le Brahma des hindous.


Capra (2003), dans son œuvre la plus récente (et certainement la plus provocante), « La Toile de la Vie : une nouvelle interprétation scientifique des systèmes vivants », après avoir analysé l’hypothèse de Gaia en tant que système vivant, essaye d’étendre son questionnement à l’Univers comme un tout : « L’univers serait-il vivant ? ». Bien que restreint par la rigidité scientifique, il se risque à affirmer : « Pour de nombreuses personnes, y compris pour moi-même, il est philosophiquement et spirituellement plus satisfaisant de supposer que le cosmos dans son ensemble est vivant. Cependant, à l’intérieur de la structure de la science, nous ne pouvons pas – ou tout au moins nous ne voulons pas faire de telles affirmations. Si nous appliquons nos critères scientifiques pour la vie à l’univers tout entier, nous trouvons de sérieuses difficultés conceptuelles ».


Rolando, pour sa part, n’essaie pas, ni ne juge nécessaire de justifier sa position à travers des méthodes basées sur la logique déductive et à travers les dits critères scientifiques qui enchaînent Capra. Son optique est celle de la connaissance qui naît de l’intuition et de la vivencia de la vie même. Il part courageusement de sa sensation intuitive que l’Univers est un fabuleux Système Vivant, l’Organisme Cosmique.


Il est également très intéressant de lire le dernier chapitre de l’œuvre de De Duve (1997), dont le tire en soi est surprenant et émouvant : « Poussière de vie : une histoire du vivant ». Christian De Duve, biochimiste belge, lauréat du Prix Nobel en 1974, ne se contente pas d’introduire dans ce dernier chapitre un item sous-titré Le Cosmos Vivant, et commençant par ces mots : « L’univers foisonne de vie ». Plus loin, il fait chœur avec Russel, cité ci-dessus, lorsqu’il affirme : « La Terre fait partie, tout comme des milliers de milliards d’autres corps qui lui sont semblables, d’un nuage cosmique de « poussière de vie » qui existe parce que l’Univers est tel qu’il est ». Ensuite, il s’approche un peu plus de la proposition de Rolando Toro quand il écrit : « L’Univers est vie, avec autour les infrastructures nécessaires ; il consiste en premier lieu en des milliers de milliards de biosphères engendrées et nourries par le reste. »


En tant que système vivant, l’Univers évolue. Et l’évolution de l’univers est, en réalité, l’évolution de la Vie. »


Notre place au sein de ce système, en tant que manifestations conscientes de la Vie, prend une perspective bien différente de celle qui nous fut transmise par la culture.


Nous ne sommes plus des êtres passifs, livrés à un destin tragique, et seuls « dans l’immensité indifférente de l’Univers » d’où nous émergeons par hasard, comme le dit Jacques Monod (Monod, 1973).


Dans cet Univers Vivant, nous sommes Vie et « nos mouvements s’engendrent dans le sens nourricier du processus évolutif pour créer davantage de Vie dans la Vie », pour paraphraser Rolando.


Nous sommes enfin des créateurs de Vie, co-participants conscients du métabolisme cosmique.


Bohm, David : « La plénitude de l’univers. » Monaco, Editions du Rocher, 1992

Campbell, Joseph, « A Extensão Interior do Espaço Exterior: a metáfora como mito e religião. » Rio de Janeiro: Campus, 1991.

Capra, Fritjof, « La toile de la vie : une nouvelle interprétation scientifique des systèmes vivants »

Monaco, Editions du Rocher, 2003

De Duve, Christian : « Poussière de vie : une histoire du vivant » Paris, Fayard, 1996

Monod, Jacques, « Le hasard et la nécessité » Paris, Editions du Seuil, 1973

Toro, Rolando, « Fascicules de formation »

92 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Temps pour danser, temps pour converser par Emilse Inés Pola

L’ouïe est un processus biologique, l’écoute est un processus interne, active, dont nous ne nous rendons pas compte, jusqu’à ce que nous nous entraînions notre écoute et que nous la rendons consciente

La danse de la voix par Mariela Furman

« Le chant a du sens quand il palpite dans les veines ». Victor Jara Pourquoi le silence ? Pourquoi la voix ? La voix est directement liée à la communication et face à une réalité sociale opposée à la

bottom of page