La séance de Biodanza intégrant le troisième âge
Selon l’OMS, les personnes de 60 à 74 ans sont considérées d’âge avancé ; de 75 à 90 ans, comme vielles ou anciennes ; et celles qui dépassent les 90 ans, on les appelle les grands séniors ou grands âgés. Tout individu âgé de 60 ans sera nommé de façon indistincte comme une personne du troisième âge.
Il n’existe pas un seul paradigme de la vieillesse et le vieillissement : la vieillesse fait allusion à une réalité multifacette, liée non seulement par le calendrier, mais aussi par des aspects physiologiques, sociaux et culturels. En ce sens, l’histoire personnelle, son propre chemin parcouru tout au long des ans a laissé une empreinte impossible à effacé et a un impact sur les années adultes de la personne.
L’être humain, à proprement parler, ne se « termine » pas (ou ne termine pas son développement) psychologiquement quand il finit sa plus grande maturation physique et biologique, ni ne commence sa détérioration quand il termine, à l’âge adulte, sa vie active, quand les enfants quittent le foyer ou quand survient tout autre condition physique, biologique et sociale. Le développement humain, dans une perspective psychologique, dure tant que continuent les échanges entre l’organisme biologique et le contexte socioculturel.
Il existe des fonctions intellectuelles qui déclinent en fonction de l’âge, il en existe aussi d’autres qui se maintiennent tout au long de la vie, il y a même certaines formes de sagesse et de compréhension qui s’accroissent dans la vieillesse. Ainsi on parle et on récupère des époques ancestrales « la sagesse des vieux ». Pendant ma titularisation et mes pratiques en action sociale à l’école de Biodanza Oeste de Buenos Aires, dans le centre Culturel N°13 du GCABA, j’ai mis en évidence les changements chez les personnes du troisième âge qui formaient le groupe. C’était comme un avant et un après la séance. Les partages vivenciels et les quelques photos témoignaient de cela. C’est ainsi que j’ai décidé d’en mettre quelques-unes dans ma monographie : « Seulement harmonie. Apports de sémantique musicale à partir de la recherche et de la pratique »
« La musique est un élément unique, plus agréable que le bruit mais qui, à la différence de la parole, n’entraîne pas de significations précises mais des connotations fortement émotionnelles et agréables. Ces connotations ont probablement leur origine dans l’enfance, avant la communication avec les mots, quand entre l’enfant et la mère s’établit un système réciproque de rythmes et de vocalisations, et quand la chanson et la danse sont un facteur de socialisation par le jeu. Chaque être humain conserve des restes de sentiments d’extase, liés à sa mémoire avec certains états de ravissement, auxquels s’ajoute une forte stimulation quand il participe à la musique que ce soit en chantant, en jouant d’un instrument ou simplement en l’écoutant ». Peter Ostwald
Et c’est ainsi que, non seulement j’ai fait des recherche sur la « vieillesse », ses conceptions et son évolution jusqu’à maintenant, mais aussi sur la musique utilisée dans l’intégration des aînés dans les séances et leurs implications à des fins salutaires.
Dans l’antiquité classique, l’image de la vieillesse était ambivalente. Selon Cicéron : « Le vieux est un être éclairé expérimenté et sage car l’âge la libéré des passions humaines. »
« Le vieillissement découle d’une série de modifications psychologiques, fonctionnelles et biochimiques que crée le cours du temps sur les êtres vivants et qui se caractérise par l’altération progressive des mécanismes homéostatiques de l’aîné » (Binet et Bourlière).
Le vieillissement produit des changements psychiques, sociaux et biologiques et ces changements peuvent être dus à des facteurs internes : dégénération et atrophie des organes ou bien à des facteurs externes, par exemple : des changements environnementaux. Ces facteurs peuvent créer des symptômes, comme la fatigue, la fragilité, l’épuisement qui peuvent amener les personnes à un état de dépendance.
Il y a déjà quelques années que le vieillissement est une des priorités dans le domaine de la santé au niveau mondial. Les avancées technologiques ont réduit le taux de mortalité et augmenté l’espérance de vie de la population. Ceci a obligé les politiques internationales à s’orienter vers un changement de conception de la vieillesse, considérant celle-ci comme une étape de la vie active dans laquelle on peut atteindre un maximum d’’autonomie individuelle et la possibilité de se réaliser.
La musique utilisée en Biodanza se caractérise par leur signification émotionnelle, leur possibilité à induire des vivencias.
Ainsi, le critère de sélection des musiques en Biodanza est fonctionnel et non esthétique. La musique se transforme en mouvement corporel pendant la vivencia de Biodanza.
En écoutant une musique adéquate, on produit une relaxation physique et psychique : une respiration plus profonde et lente, on relâche le cou, on prévient les maladies cardiaques, on combat l’insomnie et la nervosité, on prévient les maladies psychosomatiques, on stimule l’affectivité et le fonctionnement physiologique en général.
Quand la respiration se synchronise avec la musique, cela produit des bienfaits dans différentes parties du corps : les poumons, les muscles, le plexus solaire, le cerveau, le cervelet, la peau et les muqueuse, l’hypophyse. Aschoff, en 1951 a introduit le concept de « rythmes biologiques » basé sur les rythmes naturels de tout être vivant. La musique a ainsi un effet curatif.
« Que gardons-nous en mémoire de tout ce que nous entendons ? Quelles significations et quelles émotions sont liées aux sons du passé ? Pourquoi les sons familiers produisent-ils habituellement un sentiment de nostalgie ? » David Lowenthal
La musique folklorique (ou tout autre genre de musique), la langue parlée, les activités que chacun fait et tous les objets sonores qui se perçoivent dans la vie font partie d’une identité et d’une mémoire collective. Un individu qui croît dans un environnement acoustique déterminé est habitué à certains sons et même à certaines expressions musicales. Tout au long de sa vie, certains objets sonores disparaissent alors que d’autres s’ajoutent à son écoute en fonction des activités qu’il fait. Les autres personnes de son entourage partageront ses expériences acoustiques comme quand une chanson stimule le souvenir d’une personne ou d’un événement.
Par exemple, dans le cas du rock ou des musiques similaires, les thématiques suivantes reviennent constamment : la dépression adolescente, la diversion ou le rejet de l’autorité ou de la conscience politique et sociale.
Le Tango, quant à lui, attire les thématiques suivantes : la chanson urbaine, l’amour et le sexe. Les principes économiques ont un rôle ici car c’est d’eux que découle le déséquilibre érotique, qui a des racines sociales, et qui crée le déficit budgétaire de son acteur principal : l’argent. Son bilan est en général négatif : la frustration érotique et sentimentale de l’acteur principal
Ainsi, je crois que le choix des musiques est important en fonction de ses connotations, et particulièrement minutieuse pour l’intégration des aînés dans les groupes. Que ce soit pour ses connotations rappelant des aspects de la vie, l’identification à ses origines et nationalités, sans oublier de tenir compte de l’insertion dans le présent, jouant avec les possibilités et variables que nous permet l’abondance de musiques utilisées en Biodanza.
Par la Biodanza, on augmentera l’estime de soi de l’aîné et il récupérera sa joie de vivre afin de redécouvrir ses motivations personnelles. On stimulera les liens affectifs et le contact pour qu’il sente l’appartenance au groupe.
On renforcera également son système immunitaire par le contact et la caresse qui ont démontré leur efficacité dans de récentes études, car ils contribuent à réaffirmer l’identité, aident à augmenter les défenses, stimulent et potentialisent le système immunitaire et diminuent donc le risque de contracter des maladies.
Il s’agira qu’ils se sentent bien, heureux quand ils sortent de nouveau dans la rue et retournent à la maison, avec moins de douleurs et plus détendus et que, pendant quelques jours, ils gardent une énergie et une activité mentale positive.
J’ai ainsi pu mettre cela en évidence dans les propositions au Centre Culturel. Il suffisait de marcher de façon relâchée, de libérer les tensions, d’assouplir les muscles du visage, de rire, je rouer en réveillant l’enfant intérieur, de respirer tranquillement, en invitant le corps à libérer les tensions du milieu extérieur*** un temps de relaxation. Et ensuite, le passage au contact avec l’autre, au groupe, aux caresses***, changer de point de perception des yeux aux oreilles, du cerveau au cœur***, c’est ainsi que les musiques choisies stimulaient le groupe. Et immédiatement, la joie, la rencontre la ronde et la danse finale*** tendresse et énergie, paix*** revenir différent, nourris.
Je crois qu’il est important que chaque être humain puisse créer pendant toute sa vie, gratifier le monde de ses impressions, créant un monde plus élastique, plus adapté à ses désirs et besoins les plus profonds. Les ainés également ne doivent pas non plus s’adapter aux modèles rigides, la musique leur permet de passer ses seuils et de les recréer.
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