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Photo du rédacteurBiodanza-Paula

La signification primordiale de la danse par Rolando Toro Araneda

La danse, comme le chant et le cri, est une des conditions innées de l’être humain. La première connaissance du monde, antérieure à la parole, est celle qui arrive pour chacun de nous par le mouvement. Dans un sens originaire, la danse surgit de la profondeur de l’être humain ; elle est mouvement de vie, d’intimité, elle est impulsion d’union à l’espèce.

Elle est donc une façon d’être dans le monde qui représente une voie privilégiée d’accès à notre identité originaire et est aussi l’expression de l’unité organique de l’homme avec l’univers. Cette notion de la danse comme « mouvement intégrant » est très ancienne et révèle, à travers l’histoire, de nombreuses expressions culturelles telles que la danse primitive, les danses orphiques, les cérémonies tantriques ou les danses giratoire du Soufisme. Le poète perse Jala-od Din Rumi qui a vécu au 13ème siècle s’exclamait :

"Oh jour, lève-toi ! … les atomes dansent,

les âmes éperdues d’extase, dansent,

la voûte céleste, à cause de cet Etre,

la danse : Je te dirai à l'oreille où conduit

cette danse. Tous les atomes qui se trouvent dans l'air

et dans le désert, comprends-le bien, sont amoureux

comme nous et chacun d’eux, heureux ou malheureux,

est ébloui par le soleil de l'âme inconditionnelle."


Une session de Biodanza est une invitation à participer à la danse cosmique dont parle le poète soufi. Cette affirmation peut parfois sembler surprenante au milieu du panorama sociopolitique mélancolique de notre temps. Dans un monde comme le nôtre, où on trouve souvent la faim et le génocide, la torture et la délation, et un sens d’abandon infini, comment est-il possible de se mettre à danser ?

Ma proposition, cependant, ne consiste pas seulement à danser mais à réaliser des exercices spécifiques, inspirés par la signification primordiale de la danse, structurés à partir des gestes naturels de l’être humain et ayant pour objectif d’activer les potentialités affectives et de communication qui nous connectent à nous-mêmes, au semblable et à l’univers.

Comment changer le monde sans nous changer nous-mêmes ? En recherchant les causes de l’échec des révolutions sociales, il est nécessaire de considérer que les personnes qui les avaient promues n’avaient pas fait en elles le processus évolutif. Les transformations sociales peuvent conduire à des résultats positifs seulement si elles ont leur origine dans un contexte « sain », et non à partir des névroses ou de ressentiments. Dans ce cas, ces changements auront le seul effet de substituer une pathologie par une autre.

En général, la danse est associée aux spectacles de ballet classique ou à d’autres formes semblables structurées, avec des pas préétablis. Cette vision purement formelle de la danse exclut sa signification originaire.

Dans les peuples primitifs, elle était une modalité de communication utilisée pour extérioriser la joie et la tristesse, pour accomplir des célébrations et pour exprimer des hommages religieux ou profanes. Le processus de civilisation a beaucoup contribué à la disparition de cette manifestation de l’expérience de la vie par le mouvement.

Personnellement, je crois en une danse organique qui réponde aux modèles de mouvement naturels de l’être humain : mouvements capables d’incorporer une harmonie musicale, des gestes archétypiques, réalisés en profonde résonance avec le cosmos. J’ai cherché cette cohérence et je l’ai trouvée.

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