Tout au long du développement de la civilisation, l’être humain a mis l’accent sur la morale en laissant de côté les questions vitales. L’une d’elles est la préservation des instincts. Ceux-ci ont fini par être considérés comme une structure biologique désagrégée de la culture, synonyme de sauvagerie et d’expression grotesque de l’homme. Pourtant, ce qu’ils représentent est la partie la plus saine de tout animal, ils sont conservateurs des forces originaires de vie. Même quand ils sont fortement bloqués, les instincts désirent toujours ardemment se libérer, s’exprimer.
Quand Rolando Toro a proposé l’éducation Sauvage, il a émis cette idée comme un appel à redevenir plus proche de la nature, à mieux considérer la vie instinctive, non seulement chez celui qui est en lien avec la voracité qui assure la chaîne biologique, mais en considérant la possibilité pour l’être humain de vivre et de s’exprimer entièrement, par les instincts, naturellement, comme d’autres animaux le font, garantissant la conservation de la vie.
Au travers de cinq canaux, la vie humaine peut se manifester dans le mouvement, le contact, l’expression, la sécurité et l’harmonie. On délinée ainsi, pour l’aire de l’éducation, une partie du paradigme qui donne un support à la structure théorique de la Biodanza et qui est le Principe biocentrique. L’Education Sauvage était tournée vers la vie instinctive et écologique, mais en nous appuyant sur le Principe biocentrique, nous pourrions aller plus loin, en élargissant la vie instinctive jusqu’à ses conséquences psychologiques, sociales et pédagogiques, pour insister ici sur deux dimensions qui se construisent dialectiquement à partir de la naissance : la vie instinctive et la construction de la connaissance biologique et sociale.
Ainsi est née l’Education biocentrique qui a pour médiateur la Biodanza mais, en tant qu’Education, elle garde sa différenciation et n’est pas simplement une application du Système Biodanza dans l’Education, c’est-à-dire apporter la session de Biodanza dans l’école. Comme il s’agit d’Education, nous ne pourrions pas cesser de considérer la sphère de la connaissance. Dans le cas de l’Education biocentrique, l’accent est mis sur la construction de la connaissance critique qui amène à une prise de conscience et, quand elle est approfondie, amène à la conscientisation. Son expression demande une action sur le monde par le dialogue avec l’autre afin de transformer la réalité individuelle et sociale. Pour cela, il est nécessaire de développer par dessus tout l’affectivité et la créativité.
Rolando Toro apporte, actuellement, le concept d’Intelligence Affective et fait une différence entre affect et émotion. Si nous donnons la priorité à l’affect c’est parce qu’il va à l’histoire vitale, à la cellule et surgit quand l’émotion se répète et crée un terrain permanent, qui dure dans le temps. Nous comprenons que l’affectivité a son origine dans le lien et contribue à une connexion significative orientée vers l’évolution. L’affectivité a des éléments de conscience, de valeurs, de compromis, des composantes symboliques ; elle est liée à la perception et stimule les structures cognitives, en favorisant la construction de la connaissance critique et ayant pour base méthodologique la problématique, le dialogue et la vivencia.
En cohérence avec cette base méthodologique, l’Education biocentrique a été systématisée à partir de l’action pédagogique de nombreux facilitateurs de Biodanza et d’autres éducateurs qui ont abandonné le principe anthropocentrique et ont pris contact avec le Principe biocentrique.
Nous nous sommes tous impliqués à repenser l’éducation afin qu’elle aide les personnes à apprendre à vivre et à cohabiter. Elle a comme point de départ le respect de la vie et la cohabitation amoureuse et, comme méthode, une approche réflexive et vivencielle dans la pratique pédagogique, par laquelle nous n’apprenons pas seulement pour le cognitif ou l’intellect, mais aussi par les émotions, les sentiments, les sensations et l’intuition.
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