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Biodanza, la danse de la vie de Ugo Rizzo

« La plus subversive de toutes les disciplines est celle qui se base sur la joie de vivre, sur le droit à l’amour et au contact … »


Dans le processus incessant de la vie, chaque être vivant à en lui la sagesse infinie de savoir reconnaître instinctivement les conditions idéales pour sa meilleure expression et sa meilleure évolution. En toutes circonstances, en tous lieux, dans n’importe quel climat ou latitude, chaque organisme vivant existant sur la planète utilise toute son énergie pour réaliser ces conditions optimales qui répondent à l’appel mystérieux de la vie. Et si à chaque moment, sur la terre, la vie attire la vie, cela ne semble plus avoir de la valeur pour le plus évolué de ses habitants.

Parmi toutes les créatures, en fait, seul l’homme semble avoir perdu la boussole biologique qui le dirige vers la pleine réalisation de ses potentiels. Le plus évolué de tous les êtres, le seul capable d’éprouver de l’amour, de sentir « l’émotion de la vie », de s’émouvoir, de jouir, de vibrer et de palpiter s’est profondément éloigné de sa connexion innée à la vie et à la nature.


A partir de cette observation fondamentale naît l’histoire de la Biodanza, une histoire longue et magnifique de la passion d’un homme et de son destin. Une histoire qui commence il y a plus de 30 ans à Santiago du Chili et arrive finalement à nous grâce à la persévérance, à l’ingéniosité et à l’intuition de Rolando Toro, psychologue, poète et musicien chilien. Professeur émérite du centre d’études d’Anthropologie médicale de Santiago, Rolando Toro a commencé simplement à observer l’être humain. Lui, l’homme normal, l’homme contemporain, l’homme du vingtième siècle, celui qui dans les encyclopédies et dans les livres d’école est défini comme « moderne, évolué, cultivé, civilisé, avancé ». Rolando Toro a regardé l’être humain, ses habitudes, ses comportements, ses maladies et, désespéré, n’a pas compris. Il n’a pas compris pourquoi l’attitude la plus répandue de la société humaine moderne était celle d’inhiber et de contrôler par tous les moyens tout ce qui chez l’être humain est génétique, spontané, libre et naturel. Il n’a pas réussi à comprendre pourquoi la soit-disante civilisation, au lieu de favoriser une évolution globale de l’homme, avait des conséquences néfastes qui atrophiaient progressivement chez l’individu toutes les impulsions les plus simples et les plus naturelles telles que la joie, l’élan vital, le plaisir, l’exaltation créative, la tendresse, l’amour, le désir sexuel, l’amitié, la béatitude, etc.


Je crois qu’une telle constatation n’a pas besoin d’autres preuves que celles de notre propre expérience de vie. Chacun de nous a certainement eu l’occasion de constater, dans sa propre vie, la réalité quotidienne d’une société toujours plus fatiguée, superficielle, sclérosée … une société dans laquelle, chaque jour, les gestes et les pensées se mécanisent, les émotions et les plaisirs se robotisent, en pleine et totale contradiction avec la cohérence évolutive qui a depuis toujours contredit l’évolution de la vie sur notre planète. L’homme contemporain s’est drastiquement éloigné de la compréhension des rythmes et des cycles de la nature. Un tel éloignement est scandé en lui par un combat intérieur entre tout ce qui fait simplement partie de sa nature et tout ce qui, au contraire, est lié à des « commandements » sociaux, éducatifs et religieux, franchement détachés de la vie et en grande partie le fruit d’un besoin exaspéré de règles qui naissent seulement d’une profonde peur de vivre totalement.


Qu’est-il donc arrivé à cet homme moderne capable d’atteindre, en même temps, des niveaux de connaissance plus élevés et tant de désolation existentielle ? Ses questions sont arrivées à maturation en 1965 lors d’un congrès de médecine organisé par Francisco Hoffman, un médecin innovateur qui soutenait une thèse révolutionnaire (pour l’époque) selon laquelle l’origine émotionnelle de la maladie, des troubles psychologiques et des dissociations pathologiques qui touchent l’humanité doit être reliée aux difficultés affectives de l’homme au sein de sa culture. Ceci fut l’intuition primaire qui a fait comprendre à Rolando Toro le point central autour duquel il a élaboré le modèle théorique du système Biodanza.


« Un progrès technologique, porteur fou d’une vision toujours plus détachée, matérialiste et rationnelle de la vie a fait payé à notre temps et à notre époque le prix le plus fort : un progressif dessèchement du potentiel affectif et émotionnel de chaque être humain. Une progressive dissolution du plus beau don que l’existence a fait à l’homme ».


Comprenant avec tant de clarté ce point, Rolando Toro décide que c’est exactement de là qu’il doit commencer l’œuvre de reconstruction. Il commence donc patiemment à élaborer un système qui intervient sur cette insensibilité autodestructrice et amorce le plus rapidement possible un réel et profond processus de guérison. Un processus de réintégration qui a comme objectif primaire la reconstitution du noyau affectif blessé des êtres humains. Son défi personnel fut la création d’un système capable de guérir doucement notre intimité blessée, notre confiance blessée, notre candeur blessée, notre capacité d’être vivant blessée. Un système qui n’est ni traumatique, ni cathartique mais qui réveille nos instincts les plus sains et les plus naturels et nos liens génétiques avec la vie.


Il décide donc de recourir aux trois possibilités les plus importantes pour toucher et stimuler notre noyau affectif si profond, si fragile et si apeuré : la musique, le mouvement naturel du corps et la chaleur de la rencontre humaine.


La musique

Pour tout ce qui se passe en Biodanza, on utilise le langage éternel et intemporel de la musique. La musique est la vibration qui arrive directement à l’âme et qui réussit à parler au cœur de toutes les personnes. La musique est le véhicule pour avancer au-delà du mental et sentir et exprimer l’unité que nous sommes. En Biodanza, la musique a la fonction spécifique de stimuler et d’éveiller des émotions. Pour cette raison, toutes les musiques utilisées sont le fruit d’une recherche soignée de sémantique musicale afin de choisir les morceaux les plus aptes à éveiller telles émotions qui, dans leur ensemble, réveillent et stimulent toutes les fonctions vitales des participants aux ateliers. Toutes les musiques choisies sont donc « le meilleur » morceau musical existant pour chaque exercice particulier prévu dans le système Biodanza. Ont donc été choisies (par Rolando Toro et par d’autres chercheurs musiciens) des musiques de tout genre : de la samba au jazz, du rock à l’afro, de la soul à la musique classique, des musiques ethniques aux musiques tribales.


Biodanza

Le nom Biodanza est formé par le préfixe grec « bios » qui signifie vie et du mot d’origine française « danse » qui signifie mouvement plein de signification. De l’union de ces deux mots naît la signification poétique de « Danse de la Vie ». Il est très important de comprendre le sens plus profond du terme danse alors que sa signification plus commune peut faire croire que la Biodanza est une proposition qui demande une technique, des pas de danse, des postures ou d’autres modèles à assimiler. Ce n’est pas ainsi. Ce qui est entendu, c’est le sens plus profond du terme danse, compris dans sa signification sémantique originaire.


Ne plus exprimer nos émotions, communiquer avec les autres d’une façon non expressive, faire des gestes et des mouvements du corps mécaniques et répétitifs, sans sensibilité et variations créatives sont des habitudes toxiques qui vont être libérées par la récupération d’un mouvement intégré dans lequel, pour chaque geste, tout l’être trouve son expression. Le geste simple plein de signification, rempli d’émotions, plein de vie est danse. Marcher détendu et heureux sur la lune est une danse, étreindre une main amie est une danse, se perdre dans les yeux de l’autre est une danse … la Danse de la Vie précisément, qui demande à ne suivre aucun autre modèle que le sien propre, dépouillé de toutes les inhibitions et de toutes les peurs.


Comment agit la Biodanza

La musique, le mouvement dansé du corps et la chaleur qui jaillit de la rencontre avec les autres êtres humains, renverse complètement l’expérience normale de la réalité à laquelle nous sommes habitués. A partir d’une approche quotidienne, habituellement mentale et corticale avec la vie, par des exercices spécifiques, on passe à un autre type de langage et de communication qui diminuent temporairement les fonctions du cortex cérébral pour faciliter l’accès à l’émotion, aux sentiments, au recueillement, à la perception sensible de soi et des autres. A partir de la prédominance absolue du mental rationnel, on passe dans un espace où la parole, comme par magie, ne sert plus, et le langage devient celui du silence et de l’émotion, de la musique et du mouvement, les uniques canaux réellement efficaces pour réveiller doucement toutes les fonctions de notre être sacrifié et inhibé par les blessures intérieures bien connues qui accompagnent l’histoire de chacun de nous.


Les cinq lignes vitales de l’être humain

Pour faciliter la compréhension de sa vision et pour exprimer d’une façon synthétique le concept de « potentiel humain », Rolando Toro a sélectionné cinq fonctions existentielles communes à tous les hommes : la Vitalité, la Sexualité, la Créativité, l’Affectivité, la Transcendance.


L’ensemble de ces fonctions qui s’entrecroisent entre elles sans solution de continuité, représente la sphère globale de l’être. Les personnes saines et équilibrées développent dans le cours de leur vie toutes ces cinq fonctions fondamentales. Beaucoup cependant n’en développent que quelques unes au détriment des autres. Certains, par exemple, développent la ligne érotique sans le développement de la ligne affective, d’autres développent la ligne de transcendance sans arriver à un pareil développement de la ligne érotique.


La Biodanza travaille en stimulant graduellement les lignes les moins développées avec l’objectif d’arriver à un meilleur équilibre entre elles et ainsi à une harmonie de l’être plus profonde et plus globale.


La vitalité est la fonction qui a à voir avec le mouvement, l’énergie, le dynamisme et l’élan vital. La sexualité est la sphère qui comprend notre intimité et notre capacité de contact sensuel avec l’autre. La créativité est liée à notre capacité d’expression intuitive et à notre instinct d’exploration. L’affectivité comprend notre capacité à éprouver de l’amour, de la solidarité, de la générosité, notre sens d’appartenance et de fraternité.


La transcendance est la fonction humaine la plus subtile et méconnue, liée à toutes les sensations intérieures de plénitude, d’expansion, de perception et d’intime communion avec toutes les manifestations de la vie. A travers le mouvement ému favorisé par la musique, tout se transforme et prend des connotations nouvelles. La perception de soi se transforme, la sensibilité de son propre corps se ravive, les tensions et la rigidité s’amenuisent mais, surtout, la communication et les relations avec l’autre se font sous une autre lumière. Dans les instants d’approche et de contact avec l’autre, un canal s’ouvre dans lequel les identités réciproques se fondent, s’activent l’une l’autre et se nourrissent réciproquement du besoin respectif d’entrer dans la dimension de l’amour, de la solennité et de la joie de vivre.


Il n’y a pas d’autres raisons que celles-ci d’apporter la Biodanza dans sa vie. Des raisons qui parlent au cœur, qui nous poussent à avancer pour reprendre ce qui nous a toujours appartenu et qui répondent surtout à la nature pure de l’homme, au besoin incessant et millénaire de sa sagesse intérieure et à sa profonde nécessité de redécouvrir – ici et maintenant – comment danser à chaque instant sa propre vie au son sûr et amical de sa propre musique intérieure.


« Mathématiquement, il n’existe aucune possibilité que nous existions. Mais nous EXISTONS. Pour cela, nous devons incorporer en nous la sacralité de la vie, le miracle de la vie … parce que la signification de notre passage dans le monde est d’exalter la vie … de créer encore de la vie … d’ajouter de la vie à la vie » Rolando Toro Araneda

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