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Les lignes de vivencia par Sanclair Lemos


Nous sommes les héritiers de l’histoire évolutive de l’humanité et du développement de notre espèce ; le développement physique, le développement moteur, le développement psychologique et le développement social, au-delà des modèles phylogénétiques du comportement. Dans l’acte de fécondation, nous recevons comme un présent tout le potentiel de développement de l’humanité. Comme un cadeau, nous surgissons dans l’existence à partir de tout ce potentiel et de toutes les conquêtes de l’humanité.


Ce potentiel, imprimé dans nos cellules, dans nos gènes, commence à s’exprimer à la réalité (vécue) à partir de la naissance (peut-être avant). Chacun porte en lui une nuance, une combinaison unique et particulière de ce potentiel humain, chaque être humain est l’expression différenciée et unique de cette totalité que nous pouvons appeler potentiel humain ou humanité.

Cette humanité s’exprime donc, dans la réalité particulière de chacun, par ce que Rolando Toro a appelé les lignes de vivencia.


La première ligne de vivencia est la Vitalité, elle est liée à l’élan vital, elle se développe à partir de l’organisation biologique et de l’instinct de survie. Le développement de cette ligne de vivencia est lié directement aux premières expériences de l’enfant concernant son expression par les expériences de mouvement. Le mouvement est l’expression de base de la vie et surgit au début en fonction du besoin de survie de l’organisme, il pousse à partir de l’instinct de survie qui amène l’organisme à bouger pour rester vivant. L’enfant, s’il est à son aise dans un environnement nutritif et stimulant, il cherchera la satisfaction et l’expression de lui-même par le mouvement. La présence ou non de mouvement comme protovivencia, qui sont les premières vivencias qu’expérimente l’organisme et donnent les bases pour l’organisation qui en découle et le développement vivencial, est ce qui va stimuler ou inhiber l’expression de l’organisme comme la vitalité et l’élan vital.


La Vitalité est liée à l’alimentation et au développement de la sélectivité alimentaire. Les organismes sains s’alimentent de ce qui nourrit et de ce qui est bon pour eux, les aliments riches en saveur et en nutrition, et ingèrent la quantité nécessaire, voire suffisante d’aliments sains et nourrissants.


Quand il est intégré à partir du mouvement vital et de l’alimentation, l’organisme aura peu ou pas besoin de prendre de médicaments. L’alimentation adéquate et l’alternance entre le travail et le repos sont des expressions de base de la vitalité de l’organisme humain ou de la personne. Avec une vitalité équilibrée, l’être humain comme quand il a faim, boit (de l’eau) quand il a soif, dort quand il a sommeil et cherche la satisfaction de ses besoins naturels de façon instinctive, naturelle. La culture, par contre, promeut régulièrement des altérations de ce mouvement équilibré. On apprend par exemple à l’enfant qu’il doit manger ce qu’il n’aime pas, à des heures déterminées, et non quand il a faim. Peu à peu, il ne sait déjà plus ce qu’il veut, il perd l’organisation et la capacité sélective, il ressent des difficultés à faire un chois ou à prendre une décision. Rappelons-nous que cet enfant peut être chacun de nous. La Vitalité est la capacité de se placer dans le monde en tant qu’être humain autonome, responsable de son mouvement et de ses actions.


La deuxième ligne de vivencia qui se développe à partir du potentiel humain est la Sexualité, qui se réfère à la capacité de sentir du désir, d’être capable de sentir et exprimer le plaisir (des sens), la sensualité e l’érotisme. Celle ligne de vivencia évolue à partir du contact et des caresses que l’enfant reçoit dès la naissance.


Des stimulations agréables pour les sens (sensuelles) sont aussi des facteurs significatifs pour le développement de la ligne de vivencia de la sexualité – manger un fruit, prendre une douche, plonger dans la mer, marcher nu, rouler sur la terre, marcher au milieu des fleurs…


Ces sensations agréables, le contact corporel sensuel avec la mer pendant l’acte d’allaiter ou pendant le bain, permettent à l’enfant de se percevoir comme un organisme entier, complet, capable de sentir, qui a des sensations signifiant la perception de soi et du monde comme source de plaisir (et d’organisation).


Beaucoup de mères et de pères ressentent de la peur et de l’inconfort face à la sensualité et à l’érotisme de leurs enfants. Éloignant et niant les vivencia agréables et sensuelles, ces pères et ces mères refusent à l’enfant l’accès (la vivencia) à la perception et à la compréhension de soi-même en tant qu’être corporel, sensuel et érotique. L’enfant va donc découvrir la sexualité dans la rue de façon inadéquate, ou à l’école de façon mécanique et rationnelle. Sous une couche fragile de liberté sexuelle, la culture, la société accepte et réprime la pornographie, l’exploration sexuelle précoce désordonnée, fruit de la répression, des préjugés, de l’ignorance et de la fausse morale dite religieuse.


La caresse a la capacité de réguler le système neurovégétatif et d’organiser le fonctionnement des organes. La caresse et l’affection sont des régulateurs du système vivant, que ce soit dans l’apprentissage scolaire ou du mouvement, en plus de promouvoir l’intégration des autres lignes de vivencia.


L’énergie de vie s’exprime aussi, selon Rolando Toro, comme une recherche pour la nouveauté, comme une Créativité qui est la ligne de vivencia qui surgit de la capacité innée d’exploration qu’a l’enfant. L’acte d’explorer est intimement lié à l’acte de se mouvoir, de bouger dans la réalité vécue. La créativité se connecte ainsi de façon indissociable avec la vitalité.


La Créativité est l’acte de se créer soi-même, en tant qu’être qui vit et existe dans le monde, bouger à chaque moment dans la nouveauté, en se modifiant dans le flux du monde qui se modifie constamment. Comme un fleuve, le mouvement de vie (même quotidien) se rénove éternellement. Notre existence se fait dans ce flux de transformation, d’auto-création et d’auto-organisation.


Les formes que nous percevons, notre propre forme corporelle incluse, ne sont pas esthétiques, mais l’état actuel d’un flux d’énergie et de mouvement. Nous sommes en expression et en mouvement ; la créativité est aussi notre nature. Ainsi, à mesure que nous nous identifions avec une certaine idée, une certaine forme d’être, nous diminuons la possibilité d’être fluides dans l’expression rénovée de ce qui est. La créativité peut s’exprimer de nombreuses manières – la poésie, le travail scientifique, la musique, le chant, la danse…


Il est certain que ce ne sont pas toutes les personnes qui chantent, qui jouent d’un instrument ou peignent. Seraient-elles prédestinées à ne pas être créatives ? L’essence de la créativité est de se créer soi-même, l’autopoïèse de H. Maturana et F. Varela. L’expression de ce être-créatif-par-nature va dépendre, à large échelle, du milieu et de l’environnement dans lequel chacun vit. Si le milieu physique et l’environnement est affectif-émotionnel sont permissifs, l’enfant pourra « apprendre » à être créatif par la stimulation à l’exploration et à l’expression, que ce soit par la voix, par les mots, par le dessin, par l’écriture, par un instrument musical ou par son propre mouvement corporel.


La créativité se développe chez celui qui est capable de sentir et d’exprimer ce qu’il ressent, car dans l’acte de s’exprimer, la personne se modifie en modifiant et en créant.


L’instinct d’exploration, de recherche de nouvelles stimulations, de nouvelles sensations et de vivencias nous amènent à sentir et, de toutes les manières possibles, à exprimer la merveille que nous ressentons face à l’univers. Si nous sommes capables de sentir-exprimer (sentir évoque un mouvement qui déjà en soi est expression) d’une façon présente, nous nous modifions déjà en bougeant et en créant avec le monde.


Le potentiel plein de vie, inscrit dans le potentiel génétique de l’être humain, s’exprime aussi comme Affectivité. L’Affectivité est la force ou l’énergie qui nous connecte et nous lie à tous les êtres. Cette émotion de connexion et de lien avec les autres membres de l’espèce ou avec la totalité de vie, nous l’appelons amour. L’amour naît dans des situations d’harmonie, de sécurité, de confiance et de respect. Considérer l’autre comme un être intègre, c’est le respecter pour ce qu’il est, dans sa singularité même et sa différence. Il est vrai que cohabiter avec certaines différences est difficile, l’inconfort avec la singularité de l’autre révèle nos limites et nos préjugés. Nous apprenons que « différent » veut dire « faux » et par conséquent « mal ». Nous nous défendons du « mal » car la différence que nous ne comprenons pas nous fait peur. Pour maintenir notre « sécurité » nous agressons donc la source de notre inconfort, le différent, celui qui nous révèle nos limites et dont nous avons peur, simplement parce qu’il n’est pas comme nous – en apparence, par ses idées, ses manières, sa race, etc.


Si nous ne sommes pas capables de cohabiter, ou mieux encore, de nous lier au milieu des différences, alors nous ne sommes pas capables d’aimer. L’amour pour celui qui est comme nous, c’est l’amour pour nous-mêmes. L’amour comme sentiment indifférencié de lien renforce notre propre singularité d’êtres différenciés et uniques dans l’unité du tout et du semblable.

Ceux qui travaillent avec des enfants doivent être attentifs au fait que ce qui est fondamental pour la création d’une relation pédagogique, une vraie relation d’enseignement-apprentissage, c’est l’amour. L’affection, la relation affective (respect et contact) est l’apprentissage pour tous ceux qui sont engagés dans la relation. On le sait, l’unique façon d’enseigner quelque chose (pour les enfants ou pour les adultes), c’est d’établir une relation de sécurité, de confiance et d’amitié avec l’élève dans un environnement stimulant, ludique et créatif.


A partir de la sensation de base de confiance, on peut développer l’amitié et l’affection véritable, médiateur des relations de l’enseignement et de l’apprentissage que nous appelons relation pédagogique. De cette sensation de base de sécurité (affective) et de confiance surgit également différentes sensations et émotions liées à la perception de l’autre comme un être rempli et à la nutrition et à la stimulation de cet autre. A ces sensations, nous donnons le nom d’amour, la possibilité de connexion nutritive entre les individus. En plus du fait d’exister entre des individus de la même espèce, l’amour est la force qui lie tous les « porteurs » de vie. Tous les êtres vivants méritent la même considération, le même respect et le même amour. Il peut sembler difficile de considérer les êtres vivant sans la lentille déformante de l’idéologie ou de la hiérarchie, mais comme nous l’enseigne Rolando Toro : « il faut une conscience amplifié et amoureuse pour percevoir que nous sommes les cousins des rats ». H. Maturana, neurophysiologiste qui étudie la structure et le fonctionnement des organismes vivants, dit que la conscience d’une amibe est de la même qualité que la conscience d’un homme ; exprimée évidemment à partir de la structure et de l’organisation d’une amibe. Sa proposition est que la vie s’exprime et perçoit la réalité dans laquelle elle vit et existe selon la structure et l’organisation des organismes qui expriment cette vie. Il y a beaucoup de manières différentes de percevoir et d’exprimer la vie – l’amibe, le chat, le cheval, l’arbre, l’homme.


Les organismes sont différents dans leur structure et leur organisation, mais la vie qui les anime de manière essentielle est une seule.


Rolando Toro propose finalement que du potentiel humain qui pousse de l’organisme biologique surgit la capacité de sentir la Transcendance. Elle est la capacité de se sentir partie d’un tout plus grand, partie d’unités qui sont en expansion et s’organisent en systèmes chaque fois plus vastes. Se sentir comme une unité indivisible, non un esprit qui anime le corps, mais une unité psychosomatique qui a la capacité d’inclure en lui des unités plus grandes et, dans cette diversité, de rester comme une unité.


« Desiderata » est un poème trouvé dans une vieille cathédrale de Baltimore –USA. Un de ses vers dit que nous sommes « enfants des étoiles et avons le droit d’être ici ». Nous connaissons les atomes qui forment les étoiles, les galaxies ou les feuilles de l’herbe, se sont les mêmes atomes qui composent notre organisme. Quand l’organisme se décompose ou se transforme, ces mêmes atomes iront se réorganiser d’une autre façon et ainsi pour l’éternité nous sommes vraiment enfants de la terre, enfants de l’univers et enfants des étoiles.


Ça c’est la vivencia de transcendance, il est nécessaire d’élargir la perception et la compréhension des choses, élargir notre pénétration vivencielle pour percevoir que la vie est plus ample, plus complexe et plus merveilleuse que ce dont nous avons l’habitude et peut-être nous préparer à percevoir et sentir.


Ecofacteurs

Le modèle théorique de la Biodanza propose donc, sur son axe vertical, l’existence d’un potentiel humain commun qui s’exprime dans la réalité par cinq canaux d’expression appelés lignes de vivencia. Ce potentiel peut devenir une expression de la réalité à partir de la naissance, ou même avant à partir de la conception si l’organisme trouve des circonstances et des facteurs déterminés qui permettent, stimulent et facilitent son expression. Certains de ces facteurs sont internes à l’organisme, une donnée biologique, des conditions alimentaires, une organisation neurophysiologique et sont appelés cofacteurs. D’autres sont « externes » à l’organisme, ce sont des facteurs de son environnement qui peuvent faciliter et stimuler ou inhiber et désorganiser l’expression du potentiel.


Ces facteurs environnementaux, quand ils stimulent et facilitent l’expression des lignes de vivencia (qui sont la façon dont la vie elle-même s’exprime) sont appelés écofacteurs positifs. Les facteurs environnementaux qui d’une certaine manière empêchent ou distordent l’expression de vie sont appelés écofacteurs négatifs. Chacun de nous peut avoir la compréhension de ce qui nous organise, nous intègre ou nous rend plus léger, rempli et heureux ; et également de ce qui nous opprime, nous empoisonne et nous désorganise e pouvant éventuellement amener notre organisme à la maladie et à la mort ; la pollution généralisée, la cigarette, la rage, la jalousie, etc.


Les écofacteurs positifs et négatifs sont donc partie du milieu de ceux qui vivent avec nous. Comment est notre relation avec tout ce qui nous entoure ? Dans notre relation avec d’autres êtres, sommes-nous des écofacteurs positifs, stimulants ou sommes-nous des écofacteurs négatifs, critiques, exigeants, toxiques ? L’écofacteur négatif tend à empêcher ou à altérer le développement des lignes de vivencia dans leur totalité ou certaines d’entre elles en particulier. L’être humain est rempli et sain quand les cinq lignes de vivencia se développent de façon harmonieuse et équilibrée.


La pulsation de l’identité

Les idéologies, les croyances, les dogmes peuvent exercer une telle influence sur la vie des personnes, au point de bloquer l’expression de leurs potentiels innés.


La Biodanza propose que le développement vivenciel doive englober tous les aspects de l’être humain, soit la vitalité, la sexualité, la créativité, l’affectivité et la transcendance, car toutes s’influencent et se potentialisent mutuellement.


Il est certain que nous ne savons pas jusqu’où le potentiel humain peut être développé, mais cela ne nous préoccupe pas ; ce qui nous importe c’est la vivencia de chaque moment présent dans sa plénitude. Là nous sentons que le processus d’intégration et de développement est infini, comme notre propre existence.


Chacun de nous, êtres humains, tenons en nos mains notre processus évolutif. Ceci veut dire que chacun est responsable de soi et de sa vivencia face au monde. Le facilitateur de Biodanza n’est pas un agent de développement. L’agent de développement est la vivencia. La fonction du facilitateur est de créer des situations qui défient le participant et qui lui permettent d’expérimenter les limites de sa capacité vivencielle dans une situation positive, accueillante et affective. Dans la session de Biodanza, nous créons des jets d’écofacteurs positifs et nous les dirigeons directement vers les lignes de vivencia. La vivencia de chaque participant du groupe surgit donc à partir de son moment existentiel actuel.


Dans les groupes débutants, nous cherchons une posture générale d’intégration dans le groupe qui inclut la stimulation de toutes les lignes de vivencia. Dans la vitalité nous expérimentons le rythme, l’élan vital, la joie ; dans la sexualité nous expérimentons le contact, la caresse, la sensualité et l’érotisme ; comme créativité nous vivons la capacité de rénovation de notre propre mouvement, il n’y a pas un modèle d’uniformité qui doit être suivi ; l’affectivité est présente à tout moment où les relations interpersonnelles sont permises dans le groupe ; la transcendance est diluée dans la capacité d’ouverture et d’abandon, à soi, à l’autre, à la vivencia et à la perception que chacun est le groupe. Quand nous rencontrons une personne et tout de suite après une autre, nous amenons la qualité de la première rencontre à notre rencontre suivante. Nous sommes alors l’intégration de toutes les personnes avec lesquelles nous nous rencontrons et nous pouvons amener toute cette richesse à chaque personne avec laquelle nous nous rencontrons – dans la session de Biodanza ou à l’extérieur.


Enveloppant se tourbillon d’énergie qu’est l’expression des lignes de vivencia, il existe une pulsation polarisée d’expression de l’être, ou mieux dit, d’expression des lignes de vivencia comme énergie de vie. Cette pulsation se fait en accord avec la polarité d’expansion et de recueillement.


Dans sa polarité d’expansion nous nous sentons comme un « centre de perception » du monde. Nous sommes ce que nous sommes et nous bougeons dans la réalité différenciés du monde, avec des limites corporelles claires, nous avons la « conscience intensifiée » de nous-mêmes ; le système biologique, par la stimulation du système nerveux autonome sympathique, est prêt pour l’action, que ce soit le travail, la lutte ou la fuite.


Cette pulsation d’expansion et de recueillement, ou yin-yang comme l’appellerait les taoïstes chinois, semble être la manière d’expression de l’univers, l’alternance des polarités complémentaires. Ensuite nous pouvons, par un acte de volonté ou de conscience, pénétrer dans un état que nous appelons de régression, dans le sens de retourner à l’origine ou à l’essence. Dans cette polarité, nous nous sentons partie d’un tout, nos limites corporelles ne sont pas très claires, l’organisme (par la stimulation du système nerveux autonome parasympathique) retourne à des états de réparation des tissus et des organes et de nutrition. Cette vivencia peut s’approfondir jusqu’à la perception d’une unité et d’une fusion qui peut être une vivencia de perception sensible de soi-même, avec l’autre ou l’extase face à la beauté et la force de la nature. Nous sommes donc des êtres qui existent dans cette polarité, à un moment déterminé nous sommes ce que nous sommes – différenciés du monde, à un autre moment nous sommes ce que nous sommes – unis, dilués, fusionnés, partie du tout ou de l’unité, nous sommes le monde.


La Biodanza, en même temps qu’elle stimule les lignes de vivencia, renforce la vivencia d’être différencié du monde, une identité qui a une conscience intensifiée d’être différenciée du monde, et induit des états de régression que nous pouvons dire être un état de conscience intensifié d’être fusionné ou partie du monde. Par des vivencias de régression, nous pouvons atteindre ce que nous appelons des états de transe, un transit, une modification dans l’état de l’organisme comme un tout qui nous amène à la vivencia de transcendance. Le chemin pour la transcendance est les états régressifs ou l’état de transe qui est l’approfondissement de celui-là. Dans l’équilibre dynamique de cette pulsation nous nous manifestons au monde avec vigueur et courage et nous nous abandonnons (nous ouvrons) au monde avec confiance et amour. Cet équilibre a une connotation psychologique autant que physiologique (dans le fonctionnement du système neurovégétatif), révélant le dynamisme du système vivant humain.


Selon notre perception, l’être humain est une identité, une unité différenciée dont l’essence est sa propre vie mais, pour différentes raisons il ne se lie pas avec la réalité (réalité quotidienne, réalité vécue) à partir de ce qu’il est, mais à partir de l’image qu’il a de lui-même, de ce qu’il pense être ou de l’image idéalisée de lui-même, ou de qui il aimerait être.


L’extase de vivre

Par des chemins qui nous sont étrangers, nous perdons l’accès à l’extase, à la vivencia de sentir la vie entièrement se déployant dans le moment présent ineffable et tendre. Le sens de la vraie vitalité se cache derrière la mécanisation des mouvements et la compétitivité exacerbée ou l’acceptation passive de la vie dans l’élan quotidien. Les moments remplis trop rapidement deviennent une mémoire et une fantaisie, l’intensité de vivre demande de l’énergie et une plénitude pour que nous puissions percevoir l’immense intégrité de ce qui nous touche dans le vécu du moment présent.


Nous pouvons aller au-delà des mandats parentaux et de la culture qui nous ont enseignés que nous sommes séparés de l’autre et du monde, réorganiser notre perception, percevoir et sentir l’unité du mouvement harmonieux du tout dans notre quotidien.


Nous sommes partie de la grande harmonie cosmique et c’est cela le mouvement qui conduit et organise notre existence en tant qu’êtres humains. Si nous vivons avec une telle intégrité, nos mouvements deviennent partie de la grande danse cosmique, notre quotidien se transforme en expression archétypique et la vie est une éternelle possibilité d’apprentissage, de vivencia et d’enrichissement de la conscience.


Ici, en ce moment, nous sentons et récupérons la saveur et l’extase de vivre.


Bibliographie

MATURANA, H.; VARELA, F. : L’arbre de la connaissance. Magnard, 1996 PRIGOGINE, I. ; STENGERS I. : Entre le temps et l’éternité. Fayard, 1989 TORO, R. : Théorie de la Biodanza. Fascicules de formation. TORO, R. : Biodanza. Edition Le Vivier, 2006.

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