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  • Photo du rédacteurBiodanza-Paula

Le long chemin vers l'amour par Rolando Toro Araneda

L'échec des chemins qui conduisent à l'amour n'est pas un hasard historique. La possibilité de l'amour est liée au processus évolutif de l'espèce. Pour l'at­teindre, l'être humain doit passer par des étapes successives et faire face à lui-même, aux risques de la solitude et de la mort, à l'absence de signification, expériences qui provoquent un extraordinaire développement des fonctions affectives.


Certains biologistes et anthropologues soutiennent que l'homme possède trois cerveaux: un cerveau humain dont la fonction est l'intellect, la lucidité et la conscience; un cerveau animal où seraient principalement concentrées les fonctions affectives et un cerveau reptilien, viscéral, instinctif. Ce schéma prend appui sur des considérations anatomiques et physiologiques relatives au développement du cortex cérébral chez l'homme, lequel présente une haute différenciation par rapport à celui des autres animaux de l'échelle zoo­logique. Ce schéma me paraît erroné.


Je propose l'hypothèse suivante: le saut évolutif s'est produit grâce à l'extra­ordinaire développement des fonctions affectives d'origine limbique-hypotha­lamique, développement qui a engendré ensuite celui du cortex. Piaget, déjà, suggérait que le développement de l'intelligence possède une origine affec­tive. Lapierre dit que l'intégration des fonctions motrices ne peut se réaliser que par l'intégration préalable du noyau affectif. La priorité accordée aux fonctions limbique-hypothalamiques dans le processus évolutif est depuis très longtemps le leitmotiv du modèle théorique de la Biodanza. Le blocage qu'exerce souvent le cortex cérébral sur les fonctions affectives représente plus un frein qu'une facilitation du processus évolutif de l'individu et de l'es­pèce.


Pour les historiens du futur, le long chemin vers l'amour représentera l'extra­ordinaire pérégrination de l'homme à travers les âges. Ce voyage se réitère dans l'existence personnelle à chaque fois que l'individu vit l'expérience d'amour et comprend son impuissance face à l'être aimé, la nécessité d'at­teindre l'intimité de l'autre à travers une distance infiniment grande, sem­blable à l'espace d'un terrible mystère, et, dans un acte désespéré, se dé­pouille des parures irisées de l'ego, dans un acte d'abandon mystique et de don de soi inconditionnel.


Le mouvement d'amour d'un individu vers un autre est de la même nature que l'infini mouvement de l'énergie cosmique qui lutte pour s'exprimer dans nos vies désespérées, au milieu des guerres fratricides et de l'inanité des modes culturelles.


Des personnes s'interrogent sur le sens de la vie, sur la politique et la légitimité cosmique. Le sens de la vie est implicite, il est dans l'acte même de vivre, hors de toute téléologie. L'acte de vivre lui-même, acte de se lier, mouvement érotique, n'est autre que le pas titubant sur le long chemin de l'amour.

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