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  • Photo du rédacteurBiodanza-Paula

La régression: le retour à l'origine par Rolando Toro Araneda

Il a été mis en évidence, chez certains animaux et chez l’homme des phases de régression auxquelles ont succédé des périodes de croissance et de maturation ; dans le cas de l’homme, cette tendance à régresser vers l’origine a été observée par les anthropologues auprès de quelques tribus primitives. L’ « éternel retour » correspond à une attitude enregistrée de façon archétypique dans les mythes de renaissance, par exemple celui de Déméter et dans les festivités liées à l’agriculture.


La tendance à retourner à l’ordre primitif et à « recycler » les modèles biologiques originaires est une constante dans tous les peuples. Elle est solidaire de son contraire, soit la tendance à intégrer des totalités toujours plus grandes : tendre vers la fusion parfaite avec le cosmos, par exemple. Les cérémonies de transe et de rénovation existentielle sont des manifestations de cette tendance.


L’être humain, dans l’exercice de son auto-détermination, court le risque constant de perdre les « clés » originaires de la vie. La nostalgie du retour à l’origine reste la force du projet vital. Régression à l’origine et fusion avec la totalité sont les deux mouvements d’un même processus de rénovation qui s’actualise seulement par des phases de progression, à partir d’une sorte de résonance permanente avec l’originaire.


Il existe une relation étroite entre la semence et le fruit, entre le programme génétique et l’organisme dans son processus de maturation ; le secret de la rénovation de la vie se trouve dans cette cohérence avec l’origine. Sans la capacité de se recréer, aucun organisme ne pourrait survivre.


L’approche psychanalytique concernant la régression comme un fait psychologique a été dépassée par une série de découverte dans le domaine de la biologie, réalisée par Adriaan Kortlandt, Sidney G. Margolin et autres. Ces chercheurs ont démontré que chaque processus biologique, c’est à dire chaque pas en avant vers une structure plus intégrée, complexe et autonome, demande une régression préalable. A. Kortlandt utilise le terme de « re-progression » pour décrire le processus de « régression régénératrice » dans le développement du cormoran. J. Rof Carballo affirme que si les systèmes biologiques n’étaient pas capables de régresser vers une phase primaire du développement, soit vers une phase embryonnaire de la structure en soi dé-différenciée, l’organisme perdrait un de ses plus importants dispositifs de sécurité.

S’il est vrai que certaines cellules hautement différenciées ont seulement une faible capacité de régénération, la majeure partie des tissus, quand ils sont détruits, déclenchent par différents mécanismes, un processus de dé-différenciation dans les cellules restantes. Ces cellules retrouvent la capacité de reproduction, ce qui leur permet de régénérer le tissu. Selon J. Rof Carballo, en fait, le résultat du processus régénérateur dépend en grande partie de la possibilité de la régression et du niveau de profondeur de la dé-différenciation.


Chez l’être humain, la possibilité de régression se présente à tous les niveaux ; celle de la rénovation biologique et existentielle est bloquée cependant par des structures culturelles qui renforcent la rigidité de l’Ego. La transe régressive de renaissance demande une réelle humilité : retourner de la qualité de personne à celle de semence représente une action anti-culturelle. Affronter l’immensité de l’autre pour atteindre le « tout-soi-même » demande de se dé-différencier, de sortir du temps historique. Nous pouvons étendre notre échelle de conscience ou, au contraire, la restreindre.


En Biodanza, le processus de régression est facilité par des danses et des musiques particulières qui amènent à l’extase à l’intérieur d’un « utérus » d’amour communautaire qui est le groupe.


Pendant l’état de régression, le participant, comme dans les cérémonies archaïques des peuples primitifs, retourne à la condition primordiale, à l’indifférencié. Celle-ci n’est pas une simple représentation symbolique, mais l’induction d’un état biologique de rénovation et de réintégration dans l’unité biocosmique. L’homme perd sa forme pour renaître dans un corps nouveau, libre de toute rigidité physique ou mentale.


La musique accomplit un rôle très important dans ces cérémonies de régression. Elle facilite la dissolution du Moi, son abandon dans « l’utérus » formé par le groupe ; elle pénètre peu à peu les zones insensibles et rigides, et les espaces corporels s’étendent, pleins de vibrations, au fur et à mesure que l’abandon augmente.


De nombreux exercices réalisés en Biodanza préparent l’organisme du participant au processus de « re-progression », susceptible d’élever son degré de santé, par un retour à la terre comme au sein maternel, rénovant l’expérience fœtale, en résonance avec la voie cosmique dans une pleine et douce volupté. Le « nouveau né » est à nouveau touché par la grâce et rendu à sa vision intérieure. Au niveau symbolique, la grande union du Père, de la Mère et de l’Enfant se rétablit. Et cette « renaissance » n’est pas seulement un fait individuel, mais aussi une variante intégrante du processus social. La vivencia de régression en Biodanza se produit par l’induction d’états de transe intégrante.

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