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Biodanza et gériatrie par Paula Roulin Prat

" On ne vieillit pas à force de grandir, on devient vieux quand on cesse de grandir " Anonyme


La vieillesse est un âge de la vie que nous méconnaissons souvent. Nous avons tous été des enfants, des adolescents et sommes maintenant peut-être des adultes, nous avons tous ressenti ce que c’était, ce que cela signifiait. Mais vieux, le sommes-nous ? Le serons-nous d’ailleurs un jour ?


En effet, que signifie être vieux ? A quel âge sommes-nous vieux ? Comment se comporte une personne âgée ? A ces différentes questions, des statisticiens, des psychologues, des médecins et même la société ont donné des réponses, souvent trop précises, parfois discriminantes.


Et, nous-mêmes, quelle image avons-nous de la vieillesse et de la personne âgée ? Voyons-nous celle-ci avec des cheveux gris, la peau ridée, marchant avec une canne tout en se plaignant et en radotant sur son passé. Ou bien, au contraire, la voyons-nous en bonne santé, pleine de joie et de vitalité, ouverte au monde et à l'avenir.


Rolando Toro parle de potentialités tardives chez les personnes âgées. Celles-ci sont non seulement encore capables de jouir de la vie, de se créer de nouveaux contacts, de respirer la joie de vivre mais atteignent aussi une créativité mieux intégrée et plus essentielle, ont une meilleure compréhension d'autrui, une plus grande intuition et la Biodanza leur permet de prendre conscience, de développer et d'exprimer ces richesses.

Quand commence la vieillesse ?

" La vieillesse n’a rien à voir avec un âge chronologique, c’est un état d’esprit " Maud Mannoni


Il existe en fait une réponse précise à cette question, réponse qui ressemble plus à un consensus qu’à un reflet de la réalité. Ainsi, pour la Biologie le vieillissement débute aux environs de la soixante cinquième année, âge où se produisent des modifications dans le corps dans le sens d’un ralentissement et d’une diminution des fonctions organiques.


Les études statistiques ensuite considèrent la vieillesse d’un point de vue chronologique, quelqu’un est vieux quand il a atteint un nombre élevé d’années. Il est ainsi conventionnellement admis que la population âgée comprend les personnes de 65 ans et plus.


Dans notre structure sociale qui est basée sur la production et le travail, la vieillesse commence à l’âge de la retraite qui signe la fin de la vie active des membres de la société, c’est-à-dire en Europe entre 62 et 65 ans. De manière générale, d’ailleurs, c’est la société qui définit la « personne âgée » selon un statut politico-économique, la mise à la retraite en marquant l’avènement, tout comme l’âge de la majorité fait de l’adolescent un adulte.


Pour la psychogérontologie, la vieillesse est comprise comme la dernière étape d'un long processus qui commence au berceau et finit à la tombe et, pour comprendre la vieillesse, elle s'intéresse également au vieillissement. Il existe, en effet, de grandes différences entre les individus âgés dans leur fonctionnement intellectuel, leur état psychique, leur situation sociale et qui dépendent notamment de leur histoire personnelle et de l'environnement dans lequel ils ont vécu. Ainsi, le comportement d'une personne âgée est déterminé par ce qu'il y a d'unique dans son vécu et par les expériences accumulées tout au long de son existence. Il est à noter toutefois que, dans la recherche en psychogérontologie, la retraite ainsi que la prise du rôle de retraité sont considérées comme des situations de crises typiques de l'existence et comme le commencement de la vieillesse.

La réalité cependant est souvent autre. S'il existe une nécessité pour les recherches de donner un âge précis à la vieillesse, d'un point de vue personnel, un nombre défini d'années ou la mise à la retraite ne déterminent pas nécessairement l'entrée en vieillesse mais peut-être un autre événement tel que la mort du conjoint, un accident entraînant un handicap physique ou une maladie, lesquels donnent tout à coup l'impression à un individu qu'il est vieux. Ainsi, le commencement de la vieillesse correspondrait avec un événement qui surgirait brutalement chez quelqu'un, qui serait en quelque sorte une perte de trop et qui le laisserait sans ressources, incapable de se remettre psychologiquement d'une telle situation. Cette rupture dans le vieillissement "normal" marquerait ainsi pour cette personne le début de la vieillesse.

Comment la société voit-elle les personnes âgées ?

Avec l'industrialisation et la modernisation, le statut des personnes âgées a baissé et est vu plus négativement d'une part, parce que l'espérance de vie est plus grande et la proportion de gens âgés augmente et d'autre part, parce que les vieillards sont maintenant mis à l'écart de la société. Le prestige des vieillards est plus élevé dans les sociétés où la proportion des personnes âgées est très petite et où elles peuvent prendre des fonctions valorisantes.


De nos jours, l'image généralisée des personnes âgées va plutôt dans le sens de pertes et de diminutions psychophysiques : maladie, handicap, fatigue, désorientation, mauvaise mémoire, rigidité, isolement, improductivité, passivité, dépendance, oisiveté. "On" dit que les personnes âgées ne se sentent pas sûres, qu'elles vivent de leurs souvenirs, qu'elles répètent souvent les mêmes choses, qu'elles prennent beaucoup de médicaments, qu'elles ont une santé fragile, qu'elles ont peur de l'avenir, qu'elles vivent en institution.


Il est important de noter, en outre, que ces stéréotypes et ces idées toutes faites sur la vieillesse ont une répercussion immédiate sur l'image de soi des personnes âgées. Ainsi, celles-ci tendent à se comporter de la façon dont les autres attendent d'elles.


L'image de soi dépend également d'autres variables telles que la santé, la capacité de résoudre des problèmes, la satisfaction avec la situation actuelle. Ainsi, des recherches empiriques indiquent que les gens âgés tendent à avoir une image positive d'eux-mêmes lorsqu'ils sont en bonne santé. De plus, s'ils arrivent à surmonter des situations difficiles et à trouver des solutions à leurs problèmes, ils ont également une meilleure image d'eux-mêmes que lorsqu'ils s'adaptent passivement aux changements.


Pourquoi de tels stéréotypes ?

La notion de vieillesse est étroitement liée aux statuts et aux rôles de la société. La nôtre, qui se veut moderne et surtout industrielle est basée sur la production et le travail et ce sont souvent ces deux aspects qui donnent des statuts et des rôles aux membres de la société. Ainsi, avec la mise à la retraite, les personnes âgées perdent une fonction sociale importante pour laquelle il n'y a pas de compensation, la prise de nouveaux rôles reconnus par une société‚ industrialisée comme la nôtre étant rares chez les personnes âgées.


Un autre problème important qui a une influence sur la façon dont notre société voit la vieillesse est notre mode de vie. Nous avons une tendance plutôt individualiste qui valorise le côté jeune, sportif et qui a tendance à mettre les personnes âgées à l'écart. Les générations se mélangent peu et, de ce fait, se connaissent également peu. Comment peut-on donc aimer et apprécier ceux que nous ne connaissons pas?


Un autre aspect à soulever également est que de nombreuses recherches sur les personnes âgées sont faites dans des maisons de retraite où les gens sont plus accessibles mais aussi plus dépendants, plus âgés et en moins bonne santé que les personnes âgées vivant à domicile. Il est à noter toutefois que les pensionnaires ne représentent que 10% de la population âgée. Ceci montre bien que les résultats sont souvent tronqués, pas représentatifs et surtout non généralisables alors qu'ils contribuent fortement à l'image qu'a la société de la population âgée dans sa globalité.

Nouvelles perspectives sur l'être humain et la vieillesse

" Dans le mot vieux il y a le mot 'vie' " Jack Messy


Que nous dit la Biodanza sur l'être humain ? Qu'apporte-t-elle comme nouvelle vision du vieillissement et de la vieillesse ?


La Biodanza est un système qui valorise la vie et par là l'individu dans ce qu'il a de beau et de sacré. Ainsi, chacun à chaque instant de sa vie est capable d'être heureux, de trouver de nouvelles formes de contacts, de redonner un sens à son existence et de se percevoir comme une personne respectée, aimée et acceptée.


Rolando Toro voit le processus de vieillissement comme le résultat complexe de la structure biographique et héréditaire d'un individu. Le vieillissement est ainsi, avant tout, l'expression d'un style de vie, de l'attitude face au monde et face aux autres.


La gérontologie a établi dernièrement que de nombreux symptômes de sénilité, que nous imaginions autrefois définitifs, sont en fait réversibles. Ainsi, ils ne seraient pas les signes d'une dégénérescence du cerveau mais seraient plutôt dus à une mauvaise alimentation, à la solitude, à la déshydratation ou à des facteurs liés à l'environnement.


Rolando Toro ne considère pas le vieillissement seulement en terme de pertes ou de diminutions. Une étude approfondie et minutieuse l'a amené à voir ce processus comme une forme complexe de développement dans lequel certaines fonctions diminuent en effet mais d'autres sont conservées et d'autres encore augmentent leur efficacité. Ainsi, les fonctions qui diminuent sont la mémoire à court terme, la mémoire à long terme, la canalisation de la pensée et de l'action, les chiffres et l'arithmétique, l'acuité perceptive ainsi que la rapidité perceptive. Les fonctions qui se conservent, par contre, sont l'intégration des figures, la capacité d'information et la compréhension. Les fonctions qui croissent, finalement, sont la conscience d'être vivant, l'intégration et la plénitude affective et sexuelle, la créativité, l'affectivité, la transcendance et la vision de la totalité.


Ces potentialités tardives demeurent généralement latentes car notre civilisation ne les stimule pas, certaines même sont réprimées et beaucoup de personnes âgées ont donc peur de les exprimer. Rolando Toro note qu'une culture qui reconnaîtra l'existence de ces potentialités et qui saura les valoriser aura évolué d'une façon remarquable.


Potentialités tardives

Biodanza : une approche intégrale de la personne âgée

La Biodanza conçoit l'être humain de façon intégrale et intégrée quel que soit son âge et considère tout changement et toute action comme agissant sur la totalité de l'organisme. Rolando Toro décrit ainsi les objectifs d'une approche intégrale de la personne âgée, les tâches nécessaires et les ressources de la Biodanza pour les atteindre.


Revalorisation

Ainsi, tout d'abord, pour revaloriser les personnes âgées, il est nécessaire d'élever chez elles l'estime de soi et la confiance en soi. La Biodanza, en tant que processus de récupération de l'identité et de l'image corporelle, peut y contribuer.

La Biodanza apporte une nouvelle conception de l'identité qui n'a plus rien à voir avec les rôles sociaux et un statut. Rolando Toro la considère justement indépendamment d’eux et respecte l'individualité de chacun en ce qu'elle a de bon et de divin. Ainsi, pour lui, l'identité est la capacité de s'éprouver soi-même comme une entité unique et comme un centre de perception du monde et de se sentir intensément vivant. L'identité représente de ce fait notre pouvoir personnel, notre courage de vivre, lesquels nous permettent de construire le monde de façon créative.

La Biodanza invite les personnes à se rencontrer, à se connaître et à se respecter. En ce sens, elle diminue les images fausses que les uns peuvent avoir sur les autres.

C'est aussi dans la rencontre avec l'autre que se manifestent notre identité et la perception de notre propre corps. La Biodanza revalorise notre relation à notre propre corps et élève notre estime de nous-mêmes par des exercices de contact qui nous permettent de ressentir notre corps comme source de plaisir, comme quelque chose de tendre, d'harmonieux, de voluptueux et de beau en soi.

La Biodanza augmente la confiance en soi, développe chez chacun la capacité de réaliser ce qu'il ressent et de personnaliser ses actions et élève ainsi la qualité de vie. Par des danses créatives, elle invite chacun à trouver de nouvelles formes de comportement, d'oser innover et de faire preuve d'imagination.


Réhabilitation physique

Un deuxième objectif est la réhabilitation physique. Pour cela, il est nécessaire d'élever le niveau de santé.

Les exercices de Biodanza augmentent la résistance immunologique, améliorent la santé, l'équilibre neurovégétatif, l'harmonie physique, l'expression de l'élan vital et la joie de vivre et intensifient la conscience de soi.

La Biodanza en gériatrie, plus particulièrement, propose d'améliorer la motricité, mais également d'éliminer la tension et la rigidité musculaire par des exercices de marche, de fluidité, d'élasticité et d'eutonie. La marche, tout d'abord, permet de fortifier la marche naturelle, de développer l’équilibre, l'harmonie et la coordination des mouvements. La fluidité, ensuite, permet de retrouver une qualité de mouvement douce et intégrée de toutes les articulations, d'augmenter la capacité des mouvements lents, continus et harmonieux. L'élasticité, ensuite, permet de sentir son corps se mouvoir de façon unie, sans dissociation et de manière douce. L'eutonie, finalement, développe la capacité de trouver le tonus juste et adapté à la situation présente.


Activité

Un troisième objectif est l'activité. Il nécessite une mobilisation harmonieuse, une restauration de la marche et une récupération du sentiment d'utilité.

Nous venons de voir les ressources de la Biodanza pour une mobilisation harmonieuse et une restauration de la marche.

En ce qui concerne le sentiment d'utilité, la Biodanza invite chacun à se dépasser, à renouveler ses schémas de vie, à trouver des nouveaux comportements, à faire preuve d'imagination. Par des danses créatives et expressives, elle invite à trouver de nouveaux gestes et à danser ce que chacun ressent sur l'instant.

La Biodanza développe également l'impression d'appartenir à un groupe, la capacité de donner et de recevoir et elle invite à s'ouvrir aux autres. L'ouverture aux autres et l'échange avec les autres peuvent créer des rôles nouveaux, importants et valorisés par le groupe. Les exercices à deux permettent d'améliorer la communication entre les membres du groupe et de développer la notion d'entraide et le partage des expériences.


Équilibre émotionnel

Le dernier objectif décrit est l'équilibre émotionnel. Il implique l'élimination de l'angoisse, de la dépression, de la peur de la mort, des états de tristesse, etc. La Biodanza permet de diminuer ces problèmes en élevant la qualité affective des relations humaines et en améliorant la communication avec les membres du groupe et avec les autres personnes. Elle développe une générosité et un souci des autres et élimine les préjugés et la discrimination. Pour cela, elle utilise des exercices à effets anxiolytiques et antidépresseurs.

La Biodanza permet d'améliorer la communication avec les membres de la famille et avec les autres personnes, développe une générosité et un souci des autres et élimine les préjugés et la discrimination. Pour cela, elle propose de nombreux exercices de caresses, de contacts et de rencontres doux et chaleureux, exercices qui ont également des effets anxiolytiques et antidépresseurs.

Elle développe encore la capacité d'échange, de partage et de soutien. Elle crée des relations saines et équilibrées entre les personnes ce qui permet à ces relations d'être satisfaisantes et bien vécues par chacun. Pour cela, elle propose des exercices tels que la marche confiante, où une personne se laisse guider par l’autre, ou la protection du partenaire dans une étreinte, exercices qui amènent chacun à avoir confiance en l'autre, en ses possibilités et en ses ressources.

La Biodanza propose également des exercices qui diminuent la dépression et favorisent l'expression de l'élan vital et de la joie de vivre, tels que des danses euphorisantes, des mouvements joyeux et des jeux.

La Biodanza développe également le plaisir de vivre et renforce la sensibilité des personnes afin qu'elles trouvent les chemins qui les conduisent au plaisir. Pour cela, elle propose à chacun de trouver des mouvements souples et ronds qui leur sont agréables. Les exercices de sexualité invitent à des caresses sensuelles, à des mouvements qui relâchent la région pelvienne et abdominale, à des danses érotiques qui expriment la sensualité, à des rencontres corporelles et de regard.

La ligne de transcendance favorise des rencontres belles et authentiques, qui peuvent devenir communion, où les limites corporelles, le soi et l'autre s'effacent et où les rôles et les statuts n'ont plus raison d'être. Pour que l'individu arrive à un sentiment de plénitude et d'harmonie intérieure et se sente partie de la Nature, elle offre des exercices d'abandon qui permettent de vivre l'expérience de l'ici et maintenant, de l'éternel présent, du lien avec tout ce qui existe, du bonheur infini, du sentiment de liberté, etc. Une telle expérience amène la personne qui l'a vécue à une vision différente de la réalité, sans souci et sans angoisse. Elle peut provoquer des changements de valeurs, une disparition de la peur de la mort et un sentiment d'exister pleinement.


Pour mémoire... La Biodanza en tant que système qui s'intéresse à l'être humain dans ce qu'il a de beau et de sacré permet le développement de ses richesses et de ses potentialités tout au long de son existence. Dans le développement d'une identité saine et de la confiance en soi, dans des rencontres et des partages, dans une valorisation de la vie, les rôles et les statuts, les stéréotypes, toutes les valeurs véhiculées par une société dite "moderne", commerciale et compétitive deviennent caduques.

Être vivant est ce qui compte, vivre pleinement, partager; aimer, rire, jouir, tout ceci n'a pas d'âge et peut se vivre à chaque instant.


Quelques références bibliographiques

Chopra D. : Un corps sans âge, un esprit immortel. L’alternative quantique à la vieillesse. Paris, InterEditions, 1994 Cicéron : Savoir vieillir. Paris, Arléa, 1990 Combaz C. : Éloge de l’âge dans un monde jeune et bronzé. Paris, Laffont, 1987 Hétu J.-L. : Psychologie du vieillissement. Montréal, Méridien, 1988 Lehr U: : Psychologie des Alterns. Heidelberg, Quelle & Meyer, 1972 Messy J. : La personne âgée n’existe pas. Paris, Rivages, 1992 Müller C. & Wertheimer J. : Psychogériatrie. Paris, Masson, 1992 Toro Araneda R. : Théorie de la Biodanza. Fascicules de formation Woll-Schumacher : Desozialisation im Alter. Stuttgart; Enke, 1980

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