Dans le monde dans lequel nous vivons, la notion de sacralité de la vie s’est perdue. L’être humain – non dans sa totalité, mais en grande partie – s’est déconnecté de sa matrice cosmique, de son origine divine. Il ne sait plus révérer la nature autour de lui, ni et par-dessus tout son semblable.
Il ne perçoit plus qu’en détruisant la nature, il se détruit lui-même…. L’unité mystique lui est inconnue.
La notion d’hologramme – où chaque partie est dans le tout et le tout est dans chaque partie – échappe totalement à sa compréhension.
Le nom de Dieu fut déformé, même par les religions… Le mystère de la vie a perdu son sens. Tout s’est banalisé.
L’être humain vit en se cherchant dans des endroits où il ne va jamais se rencontrer….
Les egos, la technologie des ordinateurs, des téléphones portables, I-Pads, I-Pods, télévisions, quand ce ne sont pas les missiles téléguidés et les bombes chaque fois plus puissantes et destructrices, ont pris la place du sacré dans la vie des personnes. Elles ne se regardent pas dans les yeux, ni ne communiquent entre elles… les familles ne se réunissent jamais autour d’une table pour un repas.
L’être humain s’est « auto-divinisé », il juge avoir un droit sur la vie et la mort des autres, des races ou de peuples entiers et n’a le culte que du dieu argent….
Et ce n’est pas d’aujourd’hui que les hommes ont abandonné leur intégrité – depuis Platon règne l’idée de séparation entre corps et âme – cependant – il y a cent années en arrière, la violence, la déshumanisation, l’omnipotence de quelques-uns a pris des proportions effrayantes. Serait-ce cela la bête de l’Apocalypse ?...
J’aimerais partager avec vous, lecteur biodanseur, une grande préoccupation : je vois le danger de banaliser et désacraliser aussi la Biodanza, l’éloignant de l’essence du principe biocentrique, de l’inconscient vital, de l’inconscient numineux, de notre modèle théorique, de la ligne de la transcendance et, enfin, de la ligne maîtresse qui imprègne toutes les paroles et toute la théorie de Rolando Toro…
Rolando, en parlant du principe biocentrique dit :
« La vie est antérieure à l’univers. L’univers existe grâce à la vie et non le contraire… en parlant de l’inconscient vital, il le relie a l’intelligence incommensurable et à la sagesse, à l’amour infini qui régissent de façon intrinsèque l’organisation et le fonctionnement des êtres vivants, du système autopoïétique = la cognition… le psychisme et la solidarité cellulaire… »
Il dit textuellement:
« Il y a une activité secrète qui est toujours en œuvre dans tout ce qui est vivant »…
Il y a des lois invariables qui gouvernent tout ce qui est vivant, remédiant à tous les besoins, soignant, protégeant, alimentant, fécondant, procréant, croissant… naissant et mourant pour renaître à nouveau…
Rolando a compris l’inconscient numineux peu de mois avant de mourir, il nous parle de la grandeur de notre sacralité qui nous permet:
- L’Amour inconditionnel
- Le Courage dont nous avons besoin pour ne pas nous éloigner du chemin qui nous mène vers nous-même, vers l’intégration des potentiels de notre identité qui est cosmique (collective) et individuelle.
- L’Illumination, c’est-à-dire la lumière qui nous permet de voir le soleil, nous donne une vision, une clarté, une fois en la vie (conviction) et une conscience. La lumière qui nous permet de voir la lumière dans nos semblables.
- L’Intase qui est de plonger au plus profond de nous-même, de chaque cellule amoureuse du Numen (le mot Numen signifie Dieu, le Divin).
Voyons ci-dessous quelques paroles de Rolando Toro :
« La séance de Biodanza est une cérémonie sacrée, un rituel de célébration de la vie, un rituel de transformation » ;
« … une invitation à participer à la danse cosmique » ;
« elle doit se faire dans un lieu digne, digne d’un temple, un lieu de transmutation des
énergies » ;
« à mon avis, la vie a une qualité sacrée » ;
« la vie est la conséquence d’un programme impliqué qui guide la construction de l’univers » ;
« toute réalité est sacrée et tout temps est liturgique » ;
« la vie est la plus grande hiérophanie » (hiérophanie = manifestation du sacré) ;
« la vie est la plus grande expression du divin » ;
« l’expérience divine consiste en sa propre identification avec l’essence divine » ;
« la totalité n’est jamais aussi près que pendant l’expérience mystique » (l’expérience mystique est la vivencia d’unité avec tout ce qui existe), cette « expérience mystique est toujours accompagnée d’une mobilisation affective totale où se combinent béatitude et sensations de plaisir corporel brûlant – orgasme et noces avec l’univers… » ;
« l’expérience d’unité mystique et d’identité suprême est pour nous complètement valable »…
« Le paradis est une forme essentielle de la réalité. Nous n’avons besoin que d’une nouvelle forme de perception. Entrer dans le paradis c’est commencer un style de vie dans lequel les références sont amoureuses, cénesthésiques, esthétiques et transcendantes ».
« Le point de départ pour arriver à des vivencias de transcendance consiste à se dépouiller au préalable de toutes idées préconçues concernant Dieu ».
« La personnification de la divinité est la propre négation de la vivencia transcendante. L’essence divine, en étant personnifiée, reste hors de l’humain ».
« C’est à l’intérieur des personnes que Dieu se manifeste, à mesure qu’elles se relient à l’essence de toutes choses... surgit la vivencia la plus intense du ‘sens’, l’individu se sent être une partie vivante de la création ».
« L’expérience profonde de Dieu abat les frontières entre l’extérieur et l’intérieur… c’est la fusion avec le tout… une dissolution pulsante dans laquelle l’univers se manifeste dans la créature et, en même temps, la créature fait partie de l’essence de l’univers ».
Rolando Toro
Pour corroborer et compléter les paroles de Rolando, je trouve opportun de citer quelques autres sources :
Spinoza écrit dans son « Éthique » : « Dieu, j’entends un être absolument infini, c’est-à-dire une substance constituée d’une infinité d’attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie, existe nécessairement. » (de Deo – Proposition 11). Amour infini, Vie, Intelligence, Sagesse, Beauté infinie… appartiennent à ces attributs infinis de Dieu auxquels Spinoza se réfère*.
« Tout ce qui existe, existe en Dieu, et sans Dieu, rien ne peut exister ni être conçu ». (Ibid. Proposition 15).
Dora Ferreira da Silva, dans « Tauler et Jung, cite :
« Dieu n’est rien de ce que tu peux dire de Lui… » (Denys l’Aréopagite)
« Il est toujours au-delà de tout qu’on peut dire. Aucune intelligence ne peut le concevoir » (Tauler).
Le Soi-Même (pour nous en Biodanza = l’Identité*) surgit d’une unité primordiale et simultanée de Dieu avec le monde… » (C.G. Jung).
David Bohm, en parlant de l’ordre implicite :
« Les données de la science ne semblent avoir de sens que sur un fondement implicite et unificateur, transcendantal, sous-jacent aux données explicites. »…
C.G. Jung, dans « Archétypes et inconscient collectif », en expliquant le concept d’archétype dit qu’il est biologique, puisqu’il est inné à tous les hommes…De plus, tout archétype (sa racine vient du grec arché typos, expression qui était utilisée par les anciens penseurs chrétiens pour désigner ‘l’imago dei chez l’homme’) est aussi par conséquent numineux*.
Les archétypes sont des potentiels génétiques (matrices de tout comportement humain), innés chez tous les hommes – biologiques et numineux…*
Les Positions Génératrices sont des positions archétypiques qui nous mobilisent et nous émeuvent profondément car ils évoquent ce sacré éternel en nous.*
J’aimerais ajouter, pour terminer, une réflexion d’un auteur français (dont je ne me souviens plus du nom) sur l’ADN qui m’a touchée profondément… il disait qu’en méditant sur ces lettres, il l’a subitement vu : « ADONAI »… qui est le nom archaïque que les juifs de l’antiquité donnaient à Dieu ! ADN, ADONAI… le Dieu vivant dans chacune de nos cellules…
*Observations de Marlise
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