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Unité et complexité dans les sciences de la vie par Rolando Toro Araneda

Le progrès scientifique demande une reformulation radicale des principes et des paradigmes classiques des sciences.


L’idéal de certitude et de précision a donné lieu au Principe d’incertitude (Heisenberg, 1958).

Une nouvelle compréhension des limites de la connaissance a commencé. Heinz von Foerster propose de transformer une épistémologie du « système observé » en une épistémologie du « système observateur ». Notre cerveau fait partie de la connaissance de l’objet observé.

D’autre part, la vision fragmentée des organes et sous-systèmes est remplacée par l’approche systémique et par l’étude des relations de la totalité. Nous sommes un Hologramme vivant.

La compréhension de la multidimensionnalité des êtres vivants et de la complexité des structures qui les intègrent a été nécessaire.


Les avancées sur l’intelligence artificielle ont fait penser à la similitude entre un système artificiel et un système vivant. Henry Atlas a établi la différence entre les deux. Les systèmes artificiels présupposent la connaissance totale du phénomène observé. Le système vivant, étant donné sa complexité naturelle, présuppose une ignorance de la part de l’observateur.


Deux métaphores fondamentales, apparemment en opposition, surgissent à la base de cette nouvelle vision scientifique. J. von Neumann propose que les êtres vivants sont des systèmes hétéronomes déterminés de l’extérieur (Input-Output) et ont une logique de correspondance (le monde a des équivalences internes). L’environnement serait donc une condition déterminante dans le fonctionnement de l’être vivant.


Le point de vue opposé présenté par Norbert Wiener, fondateur de la cybernétique, soutient que les êtres vivants sont des systèmes autonomes qui fonctionnent à partir de leur intérieur avec une propriété de fermeture opérationnelle et une logique de cohérence basée sur une variation aléatoire des systèmes de connexion interne. La relation avec l’environnement serait essentiellement sélective.


La surprise intéressante dans les sciences de la vie fut la Théorie du Chaos. A la base de cette théorie, Ilya Prigogine, prix Nobel de Chimie en 1977, propose le caractère constructif du non-équilibre. Pour Prigogine, loin de l’équilibre se créent des états cohérents et des structures complexes qui ne peuvent que se produire dans un temps irréversible.


La vie ne se génère pas dans l’équilibre mais loin de lui. L’instabilité du système permet de passer d’une structure à une autre en rendant possible l’évolution qualitative. Humberto Maturana a formulé l’autopoïèse comme caractéristique essentielle des êtres vivants. C’est la capacité de se créer, de se générer soi-même.


Francisco Varela a centré son attention sur le processus d’auto-organisation dans la tendance naturelle des êtres vivants à l’autonomie. Varela a été l’épistémologue le plus important de la biologie.


Edgar Morin étend le concept de complexité des êtres humains à la vie sociale, au dialogue et aux processus culturels et écologiques.


Les êtres humains n’ont donc pas seulement la capacité d’auto-organisation et d’autorégulation (corrélation intra-organique et connectivité).


L’approche de la Biodanza considère que les êtres humains ont la capacité d’auto-évolution ce qui est la possibilité réelle d’auto-induire des états d’expansion de conscience et de monter vers des formes supérieures d’évolution.


Cette capacité amène l’individu à renforcer son identité, à s’émanciper de figures hostiles, à transformer les tendances destructives en tendances créatives, à externaliser les objets libidineux et à chercher les sources de plaisir, à se revaloriser en tant que créatures sacrées et, finalement, à monter dans l’échelle évolutive.


Au travers de ce panorama incomplet, nous comprenons que l’homme est une énigme.

L’accès à la gnose (connaissance) est par définition une capacité de l’initié. Le facilitateur de Biodanza doit être en même temps un mystique de l’unité et un poète de la complexité.

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