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Protovivencia et lien archétypique en Biodanza… par Nilza Solange Almeida de Quadros


A partir de la monographie que j’ai faite pour la titularisation en Biodanza, j’ai écrit ce petit article sur le même thème parce que je continue à croire que les protovivencias sont déterminantes dans la vie d’un être humain. Et c’est seulement à partir d’un changement social à ce sujet et d’une prise au sérieux des soins pendant la gestation et avec nos enfants que nous pourrons entrevoir un monde sans violence. Parce que, question – ce que nous avons gravé dans la mémoire de notre enfance, est-ce ces personnes qui sont aujourd’hui plongées dans la violence et dans le monde du crime ?

Les protovivencias sont les premières vivencias d’une personne, fondamentales et déterminantes dans sa vie. La première minute est la plus importante de la vie, la seconde minute est la deuxième plus importante et ainsi de suite. Toute la vie d’un être humain pourra être déterminée dans ses premières années.

Selon le modèle théorique de la Biodanza, les protovivencias sont localisées tout de suite après le code génétique et, le travail en Biodanza peut avoir une influence directe sur elles et agir afin que le potentiel de l’être individuel s’exprime. Et ainsi, malgré des influences négatives du milieu, les personnes peuvent être heureuses.

Les protovivencias sont-elles déterminantes dans l’expression de notre potentiel d’amour et de notre capacité à être heureux ?

Pour la définition de la Biodanza, selon Rolando Toro : « Bio-danza est un système d’intégration affective, de rénovation organique et de réapprentissage des fonctions originaires de vie.

L’intégration affective serait donc le rétablissement d’une unité perdue entre perception, motricité, affectivité et fonctions viscérales. Et où perdons-nous cette unité ? Est-ce que nous la perdons ou est-ce que nous ne l’avons pas eu ? Etant donné la façon dont nous naissons et nous vivons nos premières années de vie et la socialisation (ou acculturation), est-il possible pour le moins de nous approcher de cette unité ?

Est-il est fou de penser et de rêver que la vie des personnes serait meilleure si elles étaient désirées et aimées déjà avant de naître ?

Le miracle de la conception est un moment unique pour un être unique qui crée et se recrée dans l’univers.


« Nos vies ne sont pas lancées au hasard, comme des météorites, avançant dans un espace concave. Nos vie surgissent de la sagesse millénaire du grand pulsateur de vie, l’utérus cosmique qui nourrit et respire dans les affinités et dans l’amour des éléments. Dans la lumière de l’origine, dans le torrent paradisiaque de la réalité, nous nous cherchons les uns les autres » Rolando Toro.


Selon le Principe biocentrique, la vie est au centre, l’univers est vivant comme un organisme.

Et qu’est-ce que la vie ?

Pour la Biodanza, les êtres vivants ont un principe universel et la vie peut très bien être définie par les principes biologiques. Le monde existe parce qu’il y a de la vie, mais la précision de savoir avec quoi les êtres sont construits reste encore un mystère. Les structures s’auto-organisent en accord avec un plan invisible. Il existe une force organisatrice et désorganisatrice qui nous n’arrivons pas à dominer.

Lors d’un cours à l’Ecole Gaucha de Biodanza, en janvier 1995, Rolando Toro a fait l’affirmation que nous citons ci-dessous, ce qui réaffirme nos convictions sur le sujet traité ici :

- « Les autres font partie de moi, ainsi je suis une partie des autres et de l’univers, dans une intégration cosmique. La Biodanza est un système d’intégration avec la vie (avec soi-même, avec l’autre et avec l’univers).

La théorie de Biodanza est complète, comme un diamant est en relation holographique, dans toute partie de la Biodanza il y a la totalité. Chez l’enfant, il y a la totalité de l’adulte, en lui est contenue toute sa capacité d’aimer, d’être heureux. L’organisme fonctionne comme une totalité, un hologramme, c’est ce que la science découvre aujourd’hui et qui confirme notre hypothèse. L’être humain est sacré parce qu’il a l’impulsion de grandir, d’être meilleur. »

La Biodanza propose la priorité du Principe biocentrique sur n’importe quelle conception anthropocentrique ou biographique. Elle a comme référence immédiate les systèmes vivants, selon les lois de l’univers qui conservent et permettent l’évolution de la vie. Le renforcement de l’identité se fait par la reconnexion avec les instincts et la stimulation du développement des potentiels génétiques.

Selon le Modèle Théorique de la Biodanza, le code génétique est en relation directe avec le Principe biocentrique comme structure de base de l’évolution des êtres vivants. Il est un ensemble des caractères codifiés des caractéristiques d’une espèce, transmises par les générations et il contient en lui toute l’information qui pour le devenir, il contient la semence de la vie.

Deux moitiés entières du monde, l’ovule et le spermatozoïde se rencontrent dans une fusion aussi énergétique qu’une explosion atomique et se réunissent. Et de cette union surgit un monde, une nouvelle vie, un nouvel être qui est égal et différent, parce qu’il est unique.

La finalité ultime de la rencontre est la fusion et c’est ainsi que, comme une explosion cosmique, resurgit la vie, l’ovule fécondé.

« L’expérience suprême de la rencontre est la fusion. Par la fusion dans l’orgasme, le couple humain se transforme en couple cosmique, en entrant dans la totalité. » Rolando Toro

La gestation est la transe de vie en soi. La grossesse est quelque chose de merveilleux.

Le corps comme source de plaisir et de lumière se lie avec l’expression « donner la lumière ». C’est l’arbre qui devient semence et la semence qui germe, qui croît et croît. C’est l’invisible peur et le plaisir de l’inconnu, et du connu, parce que c’est l’intimité de toutes les intimités. La grossesse contient un fil, le fil des générations. Tu deviendras la mère de la fille qui sera mère, qui sera grand-mère un jour, mais le concret est ici dans le ventre. Le fil qui lie.

C’est le corps en transformation, c’est la formation d’un autre corps dans ce corps. L’activité du corps est essentiellement féminine.

Selon Verny, l’enfant dans la vie intra-utérine vit probablement déjà dans un état particulier de conscience et établit déjà une communication, par sa mère, avec le monde extérieur.

Le corps de la future mère est un monde en transformation. Il y a deux êtres en mutation : un qui se forme et se transforme dans un continuum rapide et dynamique et un autre qui se transforme et forme ce qui sont les caractéristiques de la grossesse.

La gestation, plus qu’un état intéressant, est un état très important dans la vie des deux personnes : la mère et le fœtus. Et aujourd’hui on peut aussi parler du père, ce 3ème personnage si important et normalement oublié.

Nous savons actuellement que l’enfant, avant de naître, est déjà un être humain conscient et capable de réactions, même à partir du sixième mois et parfois avant, le fœtus a une vie affective.

La relation avec un homme attentionné et sensible donne à la femme un appui affectif nécessaire et important pendant ces neuf mois essentiels.

Le fœtus peut voir, entendre, toucher, déguster et même, à un niveau très primitif, apprendre in-utéro (dans l’utérus), avant la naissance. Plus important, il est capable de sentiments, moins élaborés que ceux d’un adulte, mais bien réels.

La mère, si elle le désire, peut être une force positive. Et une mère enceinte, ou désireuse de l’être, dispose aujourd’hui de moyens qui lui permettent d’exercer une influence positive dans le développement affectif de son enfant, comme la Biodanza par exemple. L’enfant est capable d’apprendre dans l’utérus. A partir d’études sur l’association entre le mouvement et la vibration, on a constaté que l’enfant était capable de bouger en écoutant une vibration provoquée. Ceci montre que dans le quatrième et le cinquième mois le fœtus réagit clairement à la musique, en manifestant même ses goûts. Par exemple, la musique de Vivaldi calme le bébé, celle de Beethoven le rend inquiet. Ainsi, une femme enceinte qui écoute un type de musique déterminé tous les jours pourra faire en sorte que l’enfant reste calme et plus relâché. Dans la pratique, ceci serait aussi de donner à l’enfant l’opportunité d’acquérir un goût pour la musique.

Il ne faut cependant pas avoir une vision déterministe, la vie n’est pas statique mais certainement que ce qui arrive dans les premières années sont des expériences majeures parce que le fœtus n’est pas capable de filtrer. Ceci est la raison pour laquelle les émotions de la mère se gravent si profondément que leurs effets continuent à se faire sentir avec tant de force tout au long de la vie. Selon Verny, si le mental de l’enfant est marqué par l’optimisme avant la naissance, il faudra beaucoup d’adversités pour que cette caractéristique se perde, et le contraire peut également être vrai.

Il existe l’hypothèse que l’intensité du mouvement du fœtus est un réflexe de l’état d’anxiété de la mère. Et, par des expériences, il fut constaté que les bébés plus actifs dans l’utérus se révèlent être des enfants plus inquiets et plus anxieux, ils se sentent particulièrement mal à l’aise dans des situations sociales et à leur aise quand ils sont seuls. Dans des situations de conflits ils se réfugieraient probablement aussi et éviteraient de toute manière les rencontres.

Une grande partie des mères enceintes ne pensent pas à leurs bébés comme à des êtres réels et, dans la majorité de cas, ne pensent même pas à eux. Elles pensent à tout, même à ce qu’on dit sur ce qu’il faut faire pour se préparer à le garder, mais presque jamais à l’enfant qu’elles attendent. Le fœtus a un besoin urgent d’être aimé et désiré et non ignoré, comme cela arrive dans la majorité des cas. Et l’ignorer c’est comme laisser une personne fermée, seule, dans une chambre, en percevant que des choses se passent ici à l’extérieur auxquelles elle ne participe pas.

L’abandon peut même arriver dans la vie intra-utérine et on a même étudié des cas d’enfants de mères malades mentales, incapables de communiquer avec leur bébé, qui naquirent avec des traces profondes d’abandon. Ceux-ci peuvent présenter plus de problèmes physiques et affectifs que des enfants de femmes mentalement saines. Nous pensons que dans un rejet extrême, la manifestation sera la mort. Et nous nous demandons, en paraphrasant Verny : Comment cet enfant pourra-t-il cesser d’être profondément influencé par sa mère ?

Si les communications son fréquentes, riches et satisfaisantes sur le plan affectif, l’enfant a toutes les chances d’être robuste, d’être sain et heureux. Pour la Biodanza, une pluie de stimulations positives nous rend sains.

En créant un milieu affectif dans l’utérus, la mère peut exercer une influence décisive sur tout ce que l’enfant sent, attend, rêve, pense et fait au cours de son existence.

Dans ce contexte, le père a besoin d’être présent. Il n’y a rien de plus dangereux pour un fœtus qu’un père qui brutalise ou néglige la mère. Le lien père/enfant est essentiel car il permet à l’homme de participer en profondeur et avec plus d’intensité à la vie de l’enfant dès le début, dès la conception. Plus tôt cette participation commence, plus le futur fils ou la future fille en bénéficiera.

Les émotions sont ressenties par le fœtus de façon pure, de sorte que les émotions de la mère peuvent interférer comme des écofacteurs positifs ou négatifs sur la formation de l’identité de ce nouvel être.

On peut dire que les protovivencias commencent avant la naissance et, même avant, dès la conception quand la mère enceinte pense à son bébé.

Les besoins du fœtus sont les plus primitifs, c’est l’instinct pur. La psychanalyse ajoute à la théorie de l’évolution l’idée que, comme l’embryon dans l’utérus de la mère répète dans sa croissance certains stades de la vie animale, le petit enfant aussi, le fœtus, récapitule les stades importants de l’histoire de l’humanité. Il y a le besoin d’être aimé et désiré. Il y a des cas désastreux de mort intra-utérine de fœtus extrêmement rejetés ou de nouveau-nés comme ceux décrits précédemment.

Ce qui est important dans la communication mère et enfant c’est sa qualité même, ce qu’elle désirer, ce qu’elle sent et communique au fœtus. La mère commence à modeler la vie affective de son enfant dès que celui-ci est dans ses entrailles.

D’autre part, le rôle du père est aussi très important parce qu’il participe à la vie affective de la mère, ce qui a pour conséquences d’influencer le fœtus.

Le battement cardiaque de la mère a aussi un effet sur le bébé, c’est un son qu’il reconnaît dès la vie intra-utérine. C’est le rythme de la sécurité.

Des études situent le commencement de la conscience entre la vingt huitième et la trentième semaine. Selon le développement cérébral, à cet âge, les circuits du cerveau sont autant développés que ceux d’un nouveau-né. C’est là que les messages sont révélés par le cerveau et ensuite distribués dans tout le corps. A cette même période, le cortex général atteint un développement suffisant pour aider la conscience. C’est le cortex la partie la plus complète du cerveau humain.

Après la trentième semaine, les ondes cérébrales du fœtus sont perceptibles et on peut savoir s’il dort ou s’il est réveillé. Après la trente deuxième semaine, l’enregistrement des ondes cérébrales commence à montrer l’apparition de phases de rêve qui sont traduites par des mouvements oculaires rapides et correspondent chez l’adulte aux périodes de rêve.

Il est impossible de dire si un fœtus rêve comme un adulte. Il y a des recherches à ce sujet qui suppute que ces émissions cérébrales sont un entraînement du cerveau pour le développement.

Les premiers filaments ténus de la mémoire commencent à s’entrecroiser dans le cerveau dès le sixième mois de développement, mais nous n’avons pas la certitude du moment exacte.

Il y a des chercheurs qui affirment que l’enfant est capable d’avoir des souvenir à partir du sixième mois, d’autres disent à partir du huitième. Mais, une chose est sûre – l’enfant avant la naissance garde des souvenirs et est capable de les conserver. Celles-ci sont les vivencias les plus primitives, ou les protovivencias les plus pures.

Il est également prouvé que les hormones de la mère affectent le fœtus dans sa neutralité en le rendant plus réceptif.

En ce qui concerne les sentiments de la mère et les situations de stress, ce qui importe est l’amour, parce que, quand l’enfant perçoit cet amour, il se forme autour de lui une espèce d’anneau qui réduit et arrive même à neutraliser, dans certains cas, les effets des tensions externes. Ce qui est important c’est l’attitude de la mère sur celui qui va naître.

Et, le second facteur d’importance, après l’attitude de la mère par rapport à la maternité, serait la relation de la femme enceinte avec son partenaire, le père. La relation des deux parents peut influer dans la mesure où celui-ci la fait se sentir en sécurité et heureuse en attendant l’enfant.

Dans toute cette relation neuroendocrine, physiologique et émotionnelle se définit une grande partie de l’identité du nouvel être. « L’utérus définit la sphère de l’enfant » Verny.


Les protovivencias

Les potentiels génétiques de l’individu peuvent se manifester par des lignes de vivencia en Biodanza. La différenciation de ces lignes a son origine dans les protovivencias ou vivencias marquantes de la première enfance, lesquelles sont originaires de la « vivencia primale » ou « vivencia océanique » qui est la vivencia utérine.

L’archétype de la Grande Mère, si déconnectée de notre milieu dit civilisé, va s’exprimer dans cette période de gestation, en renforçant la maternité comme primordiale dans l’étude des protovivencias.

Dans l’utérus, le nouvel être qui se développe a déjà des perceptions primaires ou primitives du monde extérieur, parce que l’embryon est déjà imprégné de sa charge génétique et commence à recevoir de sa mère des informations physiologiques au niveau des systèmes neuro-endocrino-immunologiques.

Pour cela, on ne peut parler de protovivencias sans parler d’une phase de la vie de la femme que l’on peut comparer à une transe. La gestation en effet est la période dans laquelle elle cesse d’être « seulement » femme pour devenir mère. On peut donc comparer la phase gestationnelle à une transe.

La femme, quand elle se perçoit enceinte, plonge dans une période régressive qui s’identifie à une somnolence interne qu’elle sent au début de la gestation. Sur ce temps féminin Soifer dit : « La régression en soi a une origine dans la perception inconsciente des changements organiques et hormonaux, et dans la sensation inconnue ».

A partir de ce moment, le corps continue à se transformer, dans une pulsation de périodes d’équilibre et de rééquilibre neuro-endocrino-immunologique, mère/fœtus jusqu’à finalement atteindre la période finale également régressive, proche de la naissance ou de l’accouchement, défini du point de vue de l’un ou de l’autre, mère/enfant.

Dans la phase finale de l’accouchement, quand la dilatation est complète, la venue au monde est favorisée par une préparation adéquate, une acceptation et un désir d’enfant. La femme, en se sentant protégée, dans ce moment tend à nouveau vers la régression, dans une nouvelle identification avec le fœtus.

La naissance se passe dans un acte d’arrivée, divine, magique, parce que la mère sait l’inévitable et l’enfant le percevra certainement aussi.

Et la façon dont l’enfant naît détermine en grande partie la personne qu’elle sera et comment elle percevra le monde qui l’entoure.

La naissance est la première vivencia explicite à laquelle nous participons avec le monde extérieur. Et quand l’être commence ou continue sa vivencia ontologique, et passe de la vivencia amniotique et animale à la vie historique et sociale, il exprime par les lignes de vivencia sa propre identité.

Les protovivencias de mouvement, contact, expression et harmonie du nouvel être commencent donc et se dessinent dans un entrelacement du monde instinctif et émotionnel avec le monde culturel. Elles servent à structurer la « vie intérieure en conformité avec un monde social et adulte déterminé et organisé » Gois.

Ces premières vivencias fonctionnent aussi comme une limitation ou un empêchement de l’expression du potentiel évolutif dans sa vigueur et sa fraîcheur naturelle.

Les instincts sont des impulsions innées, sont des modèles organisés de conduite pour l’expression du potentiel génétique. Pour Rolando Toro, les instincts sont de vrais mandats biocosmiques qui créent les motivations bio-sociales du comportement humain.

Il y a des théories pour qui le comportement est modulé par l’apprentissage et influencé culturellement, ceci est une vision anthropocentrique. La position biocentrique dont traite le Système Biodanza ne se traduit pas à un réductionnisme biologique, où tout est expliqué par la biologie, mais est une vision qui n’inclut pas uniquement l’homme, mais aussi tous les systèmes vivants.

Les impulsions innées, ou instincts, structurent le développement chez les systèmes vivants et c’est par eux que s’expriment les potentiels humains. L’instinct de conservation, par exemple, s’exprime comme une conduite innée par le mouvement.

Le mouvement du fœtus dans la phase intra-utérine est perçu par la mère et lui révèle la vie en elle. La ligne d’expression de ce moment est la vie elle-même, est la vitalité. Selon Toro, les émotions et les sentiments qui se génèrent dans cette ligne sont la joie, l’élan, l’enthousiasme, la rage, la peur et la béatitude qui vont atteindre leur apogée dans l’expérience mutante du courage de vivre.

Ce mouvement s’amplifie chaque fois plus avec les contractions utérines pour arriver à l’accouchement, la naissance. Le nouveau-né bouge activement, bras, jambes, tête, muscles faciaux (pleurs), la respiration, l’intestin (expulsion du méconium), la bouche (à la recherche de la bouche de la mère). Ensuite il accompagne des objets avec les yeux, il prend, il marche à quatre pattes, il court, il saute, il jouit. Le monde des relations s’amplifie chaque fois plus, en augmentant ses expériences avec le monde concret. Selon Rolando Toro, « si un enfant est porté dans les bras de sa mère, sur les épaules, bercé, il commence à développer dans cette protovivencia l’élan vital ». « L’amour ne suffit pas, il faut aussi le mouvement » dit le maître, père de la Biodanza.

Cependant, dans notre société, la recommandation que l’on trouve dans le Manuel d’Assistance Médicale Officielle était habituelle, en note en bas de la page détaillée en couleur : « N’habituer pas votre enfant au bercement. Maintenez-le dans son berceau, dans une chambre aérée, sans lumière intense, éloigné des visite. » Il semble que le manuel cité ne considère pas la nature humaine et ses besoins basiques de contact et de stimulations.

Selon le point de vue de la Biodanza, l’enfant a ces premières expériences, ou protovivencias, en relation avec le monde primitif, ou de l’instinct, où le jeu du cortex cérébral n’est pas encore dominant, comme chez l’adulte.

L’évolution cognitive et affective doit se faire de façon solidaire, et les avancées ou les arrêts de l’une de celles-ci à des répercussions sur l’autre et réciproquement. On peut faire un parallèle entre la fonction du groupe car, en vivencia de Biodanza, on développe le principe de reculturation. Il ne s’agit pas que de reparentaliser, mais de remplacer les mandats parentaux introjectés dans l’enfance.

Au fur et à mesure que se développe la maturation du cortex pour l’acquisition progressive de circuits plus élaborés et plus flexibles, le tonus et le développement des organes deviennent plus raffinés. La maturation des organes des sens s’accélère dès la naissance sous l’influence de nombreuses stimulations du milieu, et ceci va augmenter la richesse des expériences motrices et sensibles de l’enfant.

Les protovivencias sont des perceptions en bloc chez l’enfant, elles commencent à se distinguer avec le développement, dans un processus de maturation du cortex.

Les vivencias au début son des « imprinting », des impressions chez l’enfant dans sa relation avec le monde.

Le lien de la mère avec son bébé est motivé par les soins maternels, il est d’origine instinctive et non seulement acquise. Cette protovivencia s’exprime principalement par le contact par lequel le bébé reçoit des caresses, qu’elles aient leur origine dans l’allaitement ou le toucher qui renforce le lien mère/enfant.

L’instinct sexuel est donc éveillé en se manifestant par le contact corporel mère et bébé comme une protovivencia originaire de la ligne de la sexualité. Les fonctions éveillées sont la sensualité, les caresses, l’érotisme et la génitalité avec des sentiments et des émotions de désir, plaisir, volupté et jouissance suprême. L’expérience mutante est la fusion orgiastique.

L’enfant ne représente pas la mère comme un congénère ayant valeur de foyer, mais comme un élément primaire d’assistance. Chez tous les mammifères, les jeunes animaux émettent des signaux qui libèrent un comportement de soins. Les mères reconnaissent leurs enfants, ceci s’applique principalement aux mères qui portent leurs enfants.

Les soins du nouveau-né et de l’enfant allaitant, jusqu’à plus ou moins 3 ans, sont déterminants pour le futur de l’être humain. Dans cette phase, le toucher du petit corps de l’enfant est fondamental.

Si cette carence se passe dans les premières années de vie, cela donne des conditions importantes pour la formation de personnalités malades.

Le manque de contact rend les bébés sujets aux infections de type croûte de lait, maladies de la peau, refroidissement, etc., en abaissant l’immunité, en les rendant prédisposés aux virus et autres maladies. Les bébés créent des mécanismes de défense pour supprimer leurs besoins affectifs, pouvant aller des pleurs, de l’agressivité, du refus alimentaire, de la passivité, des vomissements, jusqu’à la fièvre.

Les thérapeutes infantiles tentent d’expliquer la relation existante entre carence de contact (caresse) et les troubles du développement de la personnalité infantile. En se basant sur des expériences avec des animaux et sur l’effet de la caresse et du contact sur le stress, il fut observé que, plus l’univers du jeune animal était riche en stimulations cutanées, meilleures étaient ses possibilités d’adaptation émotionnelle aux situations nouvelles. Le manque de contact pourrait donc causer des troubles du développement de la personnalité infantile et donc également chez l’adulte. Le contact a beaucoup de fonctions : protection et sécurité, maturation de la sexualité, développement de la sensibilité, établissement des limites corporelles. Sur l’importance de la caresse, Toro commente :

« Si un enfant est caressé, sa proto-sexualité est stimulée complètement différemment d’un enfant réprimé. Pour qu’elle se développe, il faut que les parents comprennent que l’enfant a une sexualité. (…) Toucher est le geste le plus profond même si le toucher est superficiel. Il implique toujours une forme de communication, car celui qui touche est toujours touché, en impliquant un transfert d’énergie par la peau. (…) La caresse est l’expression affective du toucher avec un compromis corporel.


Sur cette question, Gois affirme :

« Un corps qui est touché et caressé trouve des chemins de croissance sain, il est un corps vivant. »


Beaucoup de tendresse et de contact doivent être donnés continuellement au bébé, leur manque peut amener à la dépression et même à la psychose.

De ce point de vue, la ligne de la sexualité en Biodanza se mélange à celle de l’affectivité et avec toute les autres : vitalité, créativité, transcendance, qui sont très mêlées, principalement dans cette phase très instinctive.


Rolando Toro dit que l’affectivité se manifeste déjà dans la fécondation pour créer une nouvelle identité. Quand les parents parlent avec le fœtus, celui-ci reçoit déjà les premières impulsions affectives. L’auteur fait également ressortir l’importance de la paternité et du rôle du père en disant : « la paternité est ce qu’il y a de plus grandiose dans la vie d’un homme. Pour la femme, l’exercice de la maternité est un acte cosmique. »


Un autre aspect à considérer est la relation dans le couple, parce que le fœtus sent quand la mère est ignorée ou abandonnée, ou souffre de violence de la part de son compagnon dans une situation conflictuelle plus profonde. De la même façon, une relation harmonieuse dans le couple favorise le développement du fœtus.

Tous les petits enfants requièrent sécurité et protection des adultes de leur espèce pour survivre. Pour l’être humain, ce n’est pas différent, c’est particulièrement différent parce que le bébé n’est pas capable de chercher pour lui-même de la nourriture et son corps, nu, ne le protège pas des événements climatiques. L’enfant reste quelques temps dans cette maturation de développement en recherche d’autonomie afin d’acquérir sa propre nourriture et se défendre. Dès qu’il naît, quand il est petit, il a besoin d’un environnement qui soit sûr, restaurateur, tranquille et harmonieux. Le bébé la besoin de la poitrine et accueillante de la mère, il a besoin du giron et du bercement du père.

Le groupe en Biodanza a un lien avec la famille biologique nutritive. La rencontre, le lien, l’amitié et la solidarité sont des fonctions primordiales de l’instinct grégaire, en lui s’exprime les émotions et les sentiments de tendresse, de santé, de soins, de tristesse, d’intase, d’extase et d’illumination. L’expérience mutante est l’abandon. Cet instinct a comme protovivencia l’harmonie qui peut s’exprimer par la ligne de l’affectivité.


Selon C. Wagner, la protovivencia d’harmonie pourrait aussi s’appeler « protovivencia amniotique » et l’auteur affirme aussi :

« L’intégration serait le processus de croissance par lequel les potentiels génétiques hautement différenciés s’organisent en systèmes chaque fois plus vastes au niveau organique, avec l’espèce humaine et avec le cosmos. Ce processus de développement n’est pas nécessairement cohérent avec les modèles culturels et avec l’infrastructure des valeurs. C’est principalement une syntonisation chaque fois plus parfaite avec l’humanité cosmobiologique. »


L’allaitement pour certain est restaurateur de cette protovivencia d’harmonie parce qu’en elle l’enfant se sent immergé dans une sensation de plénitude de l’être, dans un aspect fonctionnel avec lui-même, avec l’autre (la mère) qui n’est pas différente de lui et avec le cosmos.

« L’acte de téter semble être une expérience tellement sensuelle que l’enfant sent le plaisir par tout le corps. Dès que les enfants le peuvent, instinctivement, ils amènent leurs mains aux organes génitaux pour augmenter le plaisir et aussi pétrir le sein de la mère. Il est naturel et normal que l’enfant profite de ces sensations si agréables. » Soifer.


Allaiter est un acte d’amour et de protection au nouveau-né et peut favoriser une vivencia d’harmonie en favorisant un développement intégré et sain. L’enfant bien allaité, bouge sûrement bien, sans peurs inappropriées. Il est alimenté, protégé, son corps est caressé et a un sommeil garanti par des adultes passionnés par la vie.

La protovivencia d’expression liée à l’instinct exploratoire régule les fonctions de nutrition, fantaisie, imagination et transformation qui explosent dans la vivencia de créativité. Pour l’être humain, sa propre vie, en exaltant l’existence, en s’émouvant de l’esthétique anthropologique, est une expérience mutante, c’est la rénovation de sa propre existence.

L’enfant s’exprime dans le monde, regarde, touche, prend, lâche, bouge d’un côté à l’autre, bondit, saute, pleure, sourit, occupe les espaces, interagit avec les objets, avec d’autres enfants, adultes, animaux. Il est naturellement expressif et spontané comme tout le monde naturel. Sur ce point, Rolando Toro affirme :


« Si l’enfant apprend dans les premiers moments à développer son expressivité et n’est pas maintenu dans l’immobilité, il développe potentiellement la créativité. »


Les protovivencias se transforment en vivencias pendant le développement ontogénétique de l’individu et transforme le monde symbolique, sémantique et idéologique. Cette intériorisation, qui est culturelle, va faire que le mouvement s’exprime ou non comme vivencia de vitalité, le contact comme vivencia de sexualité, l’expression comme vivencia de créativité et l’harmonie comme vivencia d’affectivité.


« Les vivencias sont des expressions de vie instinctive, entrelacées avec le monde des valeurs et des symboles ; elles sont le propre de l’être humain et ont besoin de la réalité historique sociale pour s’exprimer. » Gois.


Le blocage de cette transformation ne serait possible que par l’absence de culture. Pourtant, l’expression de l’humain en nous peut être déviée, affaiblie, dé potentialisée avec les valeurs anti-vie de notre culture, mais jamais totalement bloquées.

Ce contact du bébé avec le monde externe, réel et culturel se fait par la mère, principalement, ou par quelqu’un qui la remplace. La mère est l’adulte qui exerce la plus grande influence émotionnelle sur l’enfant, en l’amenant dans la réalité sociale immédiate par un processus de socialisation primaire qui va le rendre membre d’une société déterminée, avec des valeurs symboliques et idéologiques qu’il a lui-même intériorisées tout au long de sa vie. La mère influence beaucoup plus par ses gestes, son toucher, par la parole. Mais ce qui émerge, malgré la culture, sont les protovivencias qui sont l’expression d’une espèce dans un monde de diversités.


« Les protovivencias sont des pré-conditions de concrétisation de l’être, elles peuvent rester ainsi pour devenir des vivencias quand elles trouvent une réalité historico-sociale. L’être-dans-le-monde, un terrain propice à son apparition et à sa réalisation. Cette réalisation qui se passe par la transformation des protovivencias en vivencias, par des processus compliqués de socialisation primaire et secondaire, par l’intermédiaire en général par l’adulte. » Gois.

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