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Neurogenèse, plasticité neuronale, expression génique d’adultes dans des environnements enrichis

par Cecilia Toro


Dans les vingt dernières années, les neurosciences et la génétique ont fait des progrès de grande valeur heuristique pour l’éducation et la psychothérapie. Certains des résultats les plus éminents des neurosciences confirment la méthodologie de la Biodanza lorsque celle-ci se réfère au développement intégral de l’être humain, à la réhabilitation existentielle et à l’optimisation du style de vie.


Assistée par les Docteurs en Sciences, les universitaires en Biologie Cellulaire et Moléculaire de la Faculté de Médecine de l’Université du Chili, j’ai réuni certains concepts en neurosciences qui confirment le modèle théorique de la Biodanza :


Plasticité neuronale : c’est la capacité des neurones à changer les connexions de leurs dendrites et de leurs neurites en pouvant faire de nouvelles synapses, ce qui signifie enrichir l’activité neuronale en donnant de la plasticité à la fonction du cerveau.

La plasticité neuronale est un thème central en neurobiologie moderne, elle permet la rénovation permanente du système nerveux. Certaines fonctions motrices et comportementales qui ont été lésées par accident peuvent se réhabiliter par la formation de voies alternatives qui se substituent à celles qui ont été détruites.

La plasticité neuronale permet souvent la réhabilitation de patients âgés ayant soufferts d’accidents (Bennet, 1996).


Influence de l’environnement enrichi sur la neurogenèse : Hebb a été le premier à proposer le concept d’ « environnement enrichi » comme un concept expérimental.

En Biodanza, nous utilisons le concept d’ « écofacteurs positifs » comme catégories spécifiques pour enrichir l’environnement selon des aspects définis comme la vitalité et l’homéostasie, la sexualité et le plaisir, la créativité et l’innovation, l’affectivité et le lien amoureux, la transcendance et l’expansion de conscience.

Actuellement, de nombreuses études ont montré que la stimulation environnementale induit des réponses de plasticité dans le cerveau adulte, à partir de paramètres biochimiques, d’arborisation, de gliogenèse (développement des cellules gliales) de neurogenèse et d’apprentissage amélioré.

La définition standard d’ « environnement enrichi » est : « une combinaison de stimulation inanimée et sociale ». Cette définition implique que les facteurs isolés n’ont pas d’effet mais que c’est l’interaction qui est essentielle pour qu’il existe un environnement enrichi (von Praag et coll., 1996 ; Rosenzwerg et coll., 1996). C’est la raison pour laquelle nous utilisons en Biodanza des écofacteurs en parfaite interaction, lesquels se potentialisent et s’autorégulent entre eux.

Les avancées en neurosciences confirment les positions théoriques avancées par la psychologie du développement. Depuis de nombreuses années, les psychologues et les éducateurs insistent sur l’importance de l’expérience précoce dans l’optimisation du développement (Hunt, 1961).

En Biodanza, nous recommandons l’initiation de l’enfant dans un environnement enrichi dès l’état intra-utérin dans lequel la mère enceinte participe à des sessions modérées. Il y a sans doute neurogenèse (production de neurones) directement associée à la pratique de la danse, de la lecture de poésies, aux caresses et aux rencontres avec un groupe humain : l’écofacteur principal dans ce processus de plasticité neuronale est les personnes. La neurogenèse se produit particulièrement dans le girus dentelé de l’hippocampe.


Le facteur spécifique de croissance neuronale : les recherches de Rita Levi Montalcini, Prix Nobel de Médecine, ont eu leur apogée avec la découverte d’un facteur spécifique de croissance de certaines lignes de cellules nerveuses. Ceci signifie un changement par rapport à la vision évolutive du cerveau qui le considérait comme une masse de cellules nerveuses, dont le nombre était déterminé chez chaque individu et qui pensait qu’il n’y avait pas de rénovation de cellules au cours de la vie.

Aujourd’hui on sait que, avec l’utilisation permanente du cerveau dans un milieu enrichi, le système nerveux se rénove. Cette nouvelle vision ouvre de grandes possibilités heuristiques dans la recherche du destin de l’homme et des systèmes d’optimisation existentielle.


Ecofacteurs et intégration psychologique : en Biodanza nous avons démontré que l’évolution mentale, affective et organique s’étend pendant toute la vie. L’optimisation existentielle se produit grâce aux écofacteurs qui stimulent les lignes de vivencias.

Cela fait plus de 20 ans que sont apparus des travaux scientifiques reconnus qui ont mis en lien le système nerveux, endocrinien et immunologique par les neurotransmetteurs, les neurohormones et les récepteurs communs aux trois systèmes. Ainsi on a réussi à établir et à comprendre le mécanisme biologique qui relie l’organisme comme un tout.


Génomique sociale : une autre ligne de recherche actuelle est l’exploration de comment se relient les expériences humaines avec l’expression génique. Cette vision a été proposée par Ernest Rossi (1993) qui a donné le nom de « génomique psychosociale » à cette discipline. La génétique classique de Mendel et son application à la génétique du comportement a montré comment les gènes modulent le comportement, les traits psychologiques et les expériences psychologiques. La proposition de la génomique sociale est l’opposé : Comment les expériences psychologiques modulent-elles l’expression génique ? Le comportement peut-il modifier les gènes ? L’apprentissage, comme les expériences de l’environnement, peuvent créer des changements dans les connexions neuronales. En ce sens, l’éducation et aussi la psychothérapie peuvent changer l’expression des gènes qui altèrent la distribution et la force de connexions synaptiques spécifiques. Ainsi, les gènes modifient le comportement et le comportement modifie les gènes. La psychothérapie peut induire des facteurs neurotropiques et induire les cellules critiques à innerver de nouveaux objectifs thérapeutiques et à modifier des émotions et des conduites.

Cette découverte explique la rapidité et l’efficacité des changements induits par la Biodanza dans l’expression génétique et dans la neurogenèse. L’expression des émotions en Biodanza est très intense. Les exercices induisent des émotions de joie, d’érotisme, de tendresse et d’état de régression par des danses intégrantes et de communion avec le groupe.

En 2002, Ernest Rossi (Docteur en Sciences, analyste jungien, auteur de nombreux livres et publications) a publié le livre : « The Psychobiology of the gene expression : Neuroscience and neuogenesis in Hipnosis and the healing arts ». C’était le premier livre qui intégrait les nouvelles recherches en neurosciences, il y explore la théorie, la recherche et la pratique de l’optimisation de l’expression génique et de la neurogenèse pour faciliter la croissance du cerveau et la guérison. Rossi (1996, 1999, 2000) développe une façon de voir la relation entre gènes et expérience humaine qui diffère notablement des disciplines académiques de la génétique du comportement, de la psychologie évolutive et de la sociobiologie. C’est la création d’une nouvelle discipline, la génomique psychosociale : comment les expériences subjectives de la conscience humaine, notre perception de libre arbitre, le comportement et la dynamique sociale peuvent moduler l’expression des gènes et vice versa. Ceci donne une orientation sur comment utiliser ces données pour créer une nouvelle vision du rôle essentiel de l’art, de la culture et des sciences humaines, et également de la psychothérapie et des arts de guérison pour faciliter la condition humaine.

Le concept de génomique psychosociale correspond aux voies de communication entre le mental et le corps et se dessine dans les sciences médicales émergentes de la psycho-immunologie, par exemple, dans les recherches sur les cellules troncales qui peuvent optimiser la santé et la récupération des maladies dérivées du stress. Une nouvelle vision de la façon d’utiliser notre conscience pour nous co-créer nous-mêmes. Un dialogue positif entre mental et matière et entre nature et existence.

L’évolution individuelle ne se base pas sur les rendements atteints dans notre culture, mais sur le développement et l’intégration des cinq canaux d’expression du potentiel génétique : vitalité, sexualité, créativité, affectivité et transcendance. Le processus d’intégration induit des états de plénitude. Ces états permettent à l’être humain de transcender sa propre programmation phylogénétique sans trahir les germes de la vie.

Eric Kandel, prix Nobel de Physiologie en 2000, a donné l’impulsion à un nouveau cadre théorique en Psychiatrie : « dans la mesure où la Psychothérapie est effective et provoque des changements de conduite à longue échéance, elle le fait probablement par l’apprentissage en produisant des changements dans l’expression génique qui modifient la force des connexions synaptiques et des changements structurels qui modifient les modèles anatomiques d’interconnexions entre les cellules nerveuses du cerveau. Alors que la résolution de l’imagerie du cerveau progresse, elle permettrait éventuellement une évaluation quantitative du résultat des psychothérapies. Les influences sociales seront biologiquement incorporées dans l’expression modifiée des gènes spécifiques dans des cellules nerveuses spécifiques, de régions spécifiques du cerveau. Ces modifications socialement influencées sont transmises culturellement. Elles ne sont pas incorporées dans l’ovule, ni dans le sperme, et ne sont donc pas transmises génétiquement ».

Le futur n’est pas complètement contenu dans le passé. Le potentiel génétique est une force active qui appartient au présent et a un don de « genèse actuelle » (Alfredo Awesperg, 1950).

Les expériences de la vie, les pensées, les émotions et le comportement peuvent moduler l’expression et la neurogenèse d’une façon telle qu’ils peuvent réellement changer la structure physique du cerveau (Kandel, 2001).

Les vivencias induites par la musique en Biodanza peuvent créer des « effets » semblables à ceux des neurotransmetteurs, comme de certaines hormones. Ceci signifie que certains exercices spécifiques de Biodanza induisent un « effet dopaminergique », un « effet endorphinique », un « effet GABA », etc.

Notre hypothèse est que de tels effets induits par les vivencias de Biodanza activeraient les circuits neurologiques et glandulaires dans lesquels se produisent respectivement leurs actions neurologiques, endocriniennes et immunologiques.


Expression génique différentielle et remodélisation génétique : l’environnement enrichi qu’offre la Biodanza est structuré avec des musiques et des exercices qui ont un effet transformateur très profond. Les écofacteurs que forment le set d’exercices éveillent des vivencias dont les effets modifient l’’expression génique dans le sens de l’intégration organique avec l’environnement. Les cinq lignes de vivencias ont un caractère universel et ne correspondent pas à des valeurs idéologiques déterminées.

Dans tous ces nouveaux travaux, on ne parle pas seulement de neurogenèse (formation de neurones), dans ce cas dans es environnement enrichis chez l’adulte, mais aussi d’expression génique différentielle, c’est-à-dire de changements de phénotypes, de changement de ce qui existe, de ce que l’ADN exprime. L’information qu’a l’ADN subit de nombreuses étapes de régulation avant d’arriver à la protéine, au phénotype.

Il y a des étapes de régulation de l’expression génique. Quand nous parlons d’expression génique différentielle, nous faisons référence au fait que l’ADN, par différentes étapes de régulation, génère l’ARN qui, à son tour, se traduit en une protéine déterminée. Et ainsi donc, dans un environnement enrichi, au lieu que ce soit la protéine A qui s’exprime, cela pourrait être la protéine B ou la protéine C. Il se déclenche ainsi certains processus qui amènent une direction vers une autre.

D’autre part, il y a aussi une plasticité post-synaptique comme réponse à des médicaments dans des cas de dépression, d’anxiété ou de stress, qui montre que, tant cliniquement que dans des techniques qui n’utilisent pas de médicaments, on peut induire une plasticité neuronale. Ce qui est important ici c’est que, l’être humain ayant un environnement enrichi (incluant littérature, musique, danse, mouvement, interactions sociales), vit de changements dans son expression génique.


Intégration adaptative : c’est le processus dans lequel les potentiels génétiques hautement différenciés s’expriment et s’organisent en systèmes chaque fois plus complexes, créant un réseau d’interactions qui potentialisent l’identité.

La surproduction de synapses et la sélection peut progresser à des vitesses différentes dans différentes parties du cerveau. Dans le cortex visuel primaire, le plus grand accroissement de densité des synapses se passe relativement rapidement. Dans le cortex frontal moyen, une région qui est clairement associée aux fonctions cognitives supérieures, la production de synapses commence avant la naissance et la densité de synapses continue de façon croissante jusqu’à 5 ou 6 ans. Le processus de sélection continue encore pendant 4 à 5 ans et termine à l’adolescence.

Après que le cycle de surproduction et de sélection de synapses a suivi son cours, des changements additionnels dans le cerveau se passent. Ceux-ci semblent inclure tant la modification de synapses existantes que l’addition de nouvelles synapses dans le cerveau. Les recherches suggèrent que l’activité du système nerveux associée aux expériences d’apprentissage est d’une certaine manière la cause de la création de nouvelles synapses dans les cellules nerveuses (Black et coll., 1990). En contraste avec le processus de surproduction et de sélection des synapses, l’addition et la modification des synapses se passent pendant toute la vie et sont provoqués par l’expérience.

Les modifications dans le cerveau qui se produisent pendant l’apprentissage semblent rendre les cellules nerveuses plus efficaces. Les animaux qui grandissent dans des environnements complexes ont un plus grand volume de capillaires et donc un plus grand apport de sang au cerveau que ceux qui ont grandi en cage. De cette façon, l’expérience augmente la qualité totale du fonctionnement du cerveau. Il y a aussi un plus grand nombre d’astrocytes par neurone chez les animaux qui ont grandi dans des environnements enrichis. Le poids et la grosseur du cortex cérébral varient quand on place des rats adultes dans des cages enrichies par la présence d’un ensemble d’objets pour jouer et explorer (qui varient), ainsi que d’autres rats pour permettre le jeu et l’exploration. Ces animaux résolvent également mieux une variété de problèmes que ceux maintenus dans des conditions standards de laboratoire. Les deux situations, la présence interactive d’un groupe social et le contact physique direct avec l’environnement sont des facteurs importants (Kempermann, 1997).

Les changements d’expression génique (de ce dont parle Rossi) sont fondamentaux pour affirmer qu’il n’y a pas de déterminisme génétique absolu. Ainsi, tous les environnements enrichis peuvent induire la neurogenèse, induire l’expression de neurotransmetteurs et modifier les connexions neuronales existantes.

Il y a un autre cas, celui d’un mécanisme hormonal qui change totalement l’expression génique, qui est le mécanisme avec lequel opèrent les hormones sexuelles. Selon le mécanisme décrit par les hormones sphéroïdes, il y a des récepteurs pour elles dans l’ADN qui, en interagissant avec l’hormone, modifient la transcription du message de l’ARN et génèrent ainsi un changement dans l’expression génique.


Si nous pensons que la ligne de sexualité en Biodanza déclenche chez les personnes un ensemble d’hormones en lien avec la sexualité et l’affectivité, nous voyons donc que, avec ces exercices, l’expression génique se modifie.

La caresse est un des instruments fondamentaux de la Biodanza car elle induit des changements fonctionnels dans les domaines organique et existentiel. La caresse éveille la source du désir et exprime l’identité. Les thérapies et la médecine ont généralement une haute technologie et une sémantique sophistiquée mais un manque total d’affect. Le développement de l’érotisme est essentiel dans le processus de changement. Les motivations existentielles s’enrichissent par la force de l’éros et le désir d’amour.

Dans la ligne de la sexualité, il y a des arguments qui avalisent la plasticité post-synaptique, la neurogenèse, etc., dans toutes les lignes travaillées en Biodanza. Dans la ligne de l’affectivité qui influe sur tout notre être dans le monde, qui influe sur la mémoire (car il est connu que sur la mémoire influe la signification affective des données). Dans la transcendance, dans la sexualité, dans la créativité, etc., il y a une décharge préférentielle de dopamine. Les niveaux des neurotransmetteurs se modifient avec les exercices, beaucoup de réseaux de synapses se reformulent, beaucoup de choses prennent une signification différente. Dans la transcendance, les niveaux de sérotonine (sûrement de façon préférentielle, car nous savons qu’il y a toujours un ensemble de neurotransmetteurs agissant sur les réseaux synaptiques et non un seul) qui sont modifiés génèrent, dans l’ensemble de conversation de ces réseaux neurologiques, à travers de productions différentes, et même à travers de nouveaux neurones, une manière différente d’être dans le monde.

La ligne de vitalité mérite une note spéciale : dans tous ces modèles qui ont travaillé avec le mouvement, celui-ci est essentiel en lui-même. Maintenant, le mouvement potentialisé avec l’affectivité, avec la transcendance, la créativité, la sexualité, le jeu est fondamental. En ce moment, n’importe quelle activité des lignes de vivencia avec lesquelles la Biodanza travaille a un substrat scientifique absolument actuel qui justifie les effets que produit la Biodanza.

Les conditions des vivencias de Biodanza sont des conditions – ce que les études et les modèles de neurosciences ont démontré – dans lesquelles il y a neurogenèse, expression génique différentielle, remodélisation synaptique, changements dans la concentration de neurotransmetteurs, hormones et récepteurs.

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