Il y a une façon d'être absent en étant tout à fait présent. Dans l'acte de ne pas regarder, de ne pas écouter, de ne pas toucher l'autre, on dépouille l'autre subtilement de son identité. Nous ne reconnaissons pas en lui une personne; on est avec lui mais on l'ignore.
En privant l'autre de son corps, on réalise un acte d'exclusion qui a toutes les caractéristiques de l'assassinat dans un plan de la conscience où il ne reste que le spectateur. C'est une disqualification qui a un sens sombre et qui englobe une série de mécanismes pathologiques qui atteignent l'égo enfermé en soi-même, tournant en rond de façon maniaque autour de sa propre motivation désolée. « Savoure » la présence de l'autre, la célébrer, l'exalter dans l'enchantement essentiel de la rencontre, pleine d'humanité, deviendrait la qualité d'une présence qui permet la présence, d'une identité qui tisse avec versatilité la trame de résonance appelée par Lips « empathie ». La trame d'identifications successives qui rendent possible la transe avec l'autre - transire – le flux de vie où la communication acquiert un caractère de « co-création ».
Dans cette double possibilité de créer l'identité de l'autre ou de l'abandonner dans l'absence et la disqualification, se trouve la plus grande partie de la matière qui constituerait le thème des sciences de la relation humaine.
Il ne s'agit pas, en tout cas, d'entrer dans la symbolisation des relations. Le regard de centre à centre, le contact physique, modulé par des caresses, des baisers, des mains chaudes et communicatives paraissent constituer la matière même des relations humaines. Le paradigme de la communication est le compromis corporel qui génère l'identité et non le vide.
La fonction du vide, d’un point de vue épistémologique, serait l'incapacité profonde de sentir la qualité et la saveur, c'est-à-dire, une très grave altération de la perception du goût, du doux et de l'amer, du salé, du sel de la vie.
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