Plus qu'un spectacle, la danse est un mouvement intérieur qui donne naissance aux actes vitaux: l'étreinte, le bercement du bébé, les caresses et les baisers, le travail, les sauts de joie, les jeux, les gestes d'abattement de la solitude et les gestes splendides de la rencontre.
La danse est tout ce qui nous meut, créatures passionnées ou tristes spectres de la mort.
La danse, c'est le semis, la prière et l'invocation des dieux, le mouvement de donner et de recevoir.
Marcher, nager, manger font partie de la danse infinie.
L'acte intime qui unit les amoureux est la plus lumineuse et la plus douce des danses d'amour.
La première connaissance du monde, antérieure à la parole, est la connaissance par le mouvement.
La mer danse, tous les tourments, tous les infinis et tous les abîmes aussi.
Les nuages dansent, portés par le vent, étendant leur corps, créant des monstres, des animaux, des oiseaux, des créatures de rêve.
Et les astres dansent la danse céleste dans l'harmonie et l'ordre de la nature.
Les semences montent depuis l'obscurité de la terre, elles s'élèvent jusqu'au sol dans une danse mystérieuse. Les roses s'ouvrent et offrent leurs pétales; les bois se retirent dans le profond automne avec leurs feuilles errantes.
Mort et résurrection, comme dans la danse de Shiva: le rythme cosmique nous invite à mourir à nos coutumes hypocrites, rigides, égoïstes, pour renaître ensuite. Mourir et renaître sans fin. Tel est le principe de mutation. La danse de Shiva a pour thème l'activité cosmique, l'éternelle transformation.
Ananda Coomaraswamy décrit les cinq activités divines de Shiva: la création continue de l'univers qui prend sa source dans le rythme; la conservation fondée sur l'équilibre et la mesure des mouvements; la destruction des formes déjà dépassées, par le feu intérieur et par l'éternelle rénovation, et réincarnation de la vie.
La danse est donc une "manière d'être au monde", l'expression de l'unité organique de l'homme avec l'univers.
Le poète soufi Jalal-Od-Din Rumi dira:
"Oh jour, lève-toi, les atomes dansent, les âmes - emportées par l'extase - dansent; la voûte céleste danse. Je te dirai à l'oreille où conduit cette danse: tous les atomes qui se trouvent dans l'air et dans le désert le savent bien, comme nous ils sont amoureux et chaque atome, heureux ou malheureux, est ébloui par le soleil de l'âme inconditionnelle."
Dans le "Cantique des Cantiques", Ste-Thérèse d'Avila dit que l'amour humain est toujours le symbole de l'amour divin, comme dans certaines danses liturgiques de l'Inde, les gestes de l'amour charnel évoquent la présence du sacré.
Rudolf Laban pensait qu'il y avait "une organisation de mouvements inhérents à chaque organisme. La rupture de ces lois trouble la vie et suscite de nouvelles adaptations du mouvement faites d'une manière inconscientes".
Il est nécessaire de retrouver la force positive qui engendre et développe les choses. C'est dire: les mouvements qui permettent l'évolution.
Dans cette perspective mystérieuse, la finalité de la Biodanza serait de s'adapter au mouvement cosmique.
Il faut, pour cela, retourner à l'origine par le biais de la transe, mobiliser notre cerveau primitif (archaïque) par le contact, éveiller notre amour d'une nouvelle vision, redécouvrir les vivencias intégrantes.
Ainsi, la Biodanza est une voie d'accès à la vie, une possibilité de vivre au milieu de l'Apocalypse. Durant des temps immémoriaux, l'homme a attendu quelque chose qui ressemble à la Biodanza, une possibilité réelle de connexion avec la totalité et non avec les mots. Durant des millions d'années, l'humanité en manque d'amour a attendu le contact avec la vie. Tous ont désiré être en communion avec l'énergie du contact et tous ont ressenti la nécessité de l'amour.
Le moment est donc venu de larguer les amarres qui nous lient à l'aliénation. Le moment est venu de nous jeter à l'eau et de laisser notre barque voguer. En direction de nous-mêmes.
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