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Photo du rédacteurBiodanza-Paula

L'éducateur Rolando de Claudete Sant'Anna

Quelque chose nous émeut, sans que nous ne nous en rendions compte, depuis un passé immémorial afin que nous réalisions notre vocation ; une voix nous inspire dans la connexion avec le monde. J’écris ceci en pensant aux forces secrètes qui ont conduit Rolando Toro Araneda, à travers les années, à centrer son intérêt sur l’éducation et sur le destin de l’humanité.

Rolando vient d’une famille d’éducateurs : son grand-père était professeur dans la ville de Cañete (Chili), et aujourd’hui encore son nom est inscrit à l’entrée de l’école où il a enseigné,

« Ecole Leoncio Araneda » ; sa propre mère, sept de ses tantes et deux de ses frères étaient professeurs. Ainsi, dans la généalogie de sa vie circule la mémoire de cet amour humain comme une rumeur persistante.


En 1940 il a terminé ses études de professeur d’école primaire à l’école normale José Abelardo Nuñez de Santiago. Sa trajectoire en tant que professeur dans l’enseignement primaire a duré environ seize ans, exerçant successivement à Talcahuano, Valparaiso, Pocuro et Santiago. Dans chacune de ces écoles où il a travaillé, il a découvert des aspects qui étaient absents dans l’éducation traditionnelle.


A Talcahuano il s’est spécialement dédié à mettre les enfants en lien avec la nature, réalisant avec eux de nombreuses excursions à la mer ; il utilisait ensuite dans l’apprentissage des thèmes dérivant de ces visites.


A Pocuro (Les Andes), il a commencé avec les enfants de nombreux projets de créativité artistique, spécialement en peinture. Le paysage coloré des Andes, avec tous les changements de tons que procuraient les variations du soleil, permettait de vraies techniques de peinture. Les thèmes étaient des sujets de la campagne : « des canards nageant dans la lagune », « une fille avec une chevrette dans les bras », « une vache accouchant », « des chevaux jouant dans le pré », etc. L’observation des plantes, rochers, animaux et des scènes de travail des paysans donnaient aux peintures infantiles une grande vitalité et une grande beauté.


L’ensemble des ces peintures fut amené à Santiago par le poète Ludwig Zeller pour les exposer dans la salle des expositions du Ministère de l’Education et ce fut un succès inespéré dans le milieu pédagogique et artistique. Les œuvres furent sollicitées pour être exposées au Het Palet de Hollande, au Royal Institute de Londres et au Centre National de l’Enfant à Paris.


En 1954, il réalisa à Santiago des « Festivals de l’Enfant » où les conditions socio-économiques et de santé de l’enfance chilienne furent examinées. Six mille enfants de tous pays participèrent au premier festival, il y avait des orchestres d’enfants, des expositions de peinture, de céramique et des jeux pédagogiques dans le patio du bâtiment central de l’université du Chili. Il y eut aussi un grand défilé d’enfants dans le centre de Santiago.


Pendant la période où il exerçait à Valparaiso, il a proposé une nouvelle méthodologie pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. A partir de ces expériences, il élabora un syllabaire pour apprendre à lire sans effort.


Grâce à ses conceptions révolutionnaires sur l’éducation, le doyen de l’Université de Concepción, Monsieur Rolando Merino, l’a invité à donner un cycle de conférences à l’école de l’éducation de cette ville.


La conception pédagogique de Rolando Toro était centrée sur de nouvelles formes d’apprentissage vivenciel, à partir de l’affectivité et du plaisir de vivre. Dans cette proposition, les matières intellectuelles n’étaient pas exclues ; il s’agissait d’intégrer l’intelligence avec l’affectivité et le respect réciproque. Il y avait en plus l’inclusion d’un enseignement expérimental de sciences et de technologie. Rolando Merino l’a donc invité à créer un Laboratoire de Psychologie dans l’école d’éducation de l’université de Concepción.


Rolando Toro a accompli ses études de psychologie à l’école de psychologie de l’institut pédagogique de l’université du Chili, dont il fut diplômé en *****. A cette période, il connut le docteur Claudio Naranjo avec qui il établit une profonde amitié ; grâce à son intervention, Rolando Toro entra au centre d’études d’anthropologie médicale de l’école de médecine de l’université du Chili, sous la direction du docteur Francisco Hoffman. Ce centre d’études avait pour objectif d’humaniser la médecine.


Dans le centre d’études d’anthropologie médicale, Rolando Toro avait était professeur agrégé en charge de l’enseignement, dirigeant des séminaires d’anthropologie médicale, de philosophie et de psychologie. A partir de là, son engagement pour l’éducation s’étendit à l’enseignement supérieur et aux psychothérapies.


Parmi les multiples activités en lien avec la recherche, il eut le privilège d’essayer différents systèmes thérapeutiques avec des malades mentaux. C’est là qu’il essaya ses premières danses thérapeutiques avec des malades de l’hôpital psychiatrique. A partir du succès qu’il obtint avec ses expériences, il étendit le système pour qu’il soit appliqué dans d’autres domaines cliniques et avec des personnes normales. Le système d’exercices et de musiques utilisé fut appelé

« Psicodanza ».


Au vue des résultats observés et du prestige qu’avait acquis la Psicodanza, Rolando Toro fut nommé professeur de psychologie de l’art et psychologie de l’expression à l’institut d’esthétique de l’université pontificale catholique de Santiago.


Rolando Toro changea ensuite le nom de Psychodanza pour « Biodanza », « danse de la vie », dont le développement a atteint lentement des dimensions mondiales.


Nous pouvons donc dire que la Biodanza eut comme antécédent direct les expériences de Rolando Toro dans l’éducation ; son accent est mis sur la restructuration affective des personnes et sur le principe biocentrique.


En raison du coup d’état militaire au Chili, Rolando Toro s’exila successivement en Argentine, au Brésil et en Italie pendant vingt-quatre ans. Dans ces pays, la Biodanza s’est répandue en s’appliquant également à l’éducation.


Ce modèle éducatif a eu de nombreux noms comme, par exemple : « École Univers »,

« Éducation holistique » et « Éducation sauvage ». Rolando Toro a finalement choisi le nom

« Éducation biocentrique » comme le lui avait suggéré la pédagogue brésilienne Ruth Cavalcante, considérant que ce modèle éducatif se basait sur le principe biocentrique décrit dès ses premières propositions éducatives.


Le principe biocentrique formulé par Rolando Toro en 1970 est un nouveau paradigme pour les sciences humaines : « centrer tous les objectifs de la culture sur la vie », éliminant ainsi les programmes idéologiques. L’éducation devient « la culture de la vie et de la joie de vivre ».

L’éducation biocentrique utilise comme médiateur le système Biodanza, une approche qui inclut la vivencia, la sensibilité cénesthésique et l’affectivité par le mouvement corporel, la créativité, la musique et des situations de rencontre en groupe.


Rolando Toro dit : « L’heure est arrivée de donner à l’éducation une approche orientée sur la survie et le rétablissement des fonctions originaires de vie. A partir du principe biocentrique, l’éducation devra cultiver les fonctions qui permettent l’évolution affective des êtres humains. »

L’éducation biocentrique propose un accès à la nature, à la terre, aux plantes, aux animaux, au chant et à la danse, à la préparation des aliments, au soin pour l’environnement et surtout à l’apprentissage de nouvelles formes de cohabitation, non compétitives mais empathiques.

Rolando Toro considère que les formations intellectuelles et technologiques sont très importantes, mais si l’intégration affective ne se fait pas, elles conduisent à la perte de sens, à la banalisation et à la violence.

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