Qu’est-ce qui nous fait continuer à vivre dans un monde qui porte tant de déceptions, de frustrations et une sensation d’impuissance face aux injustices, abandons et violence que nous constatons au quotidien ?
Selon Rolando Toro, dans sa théorie de l’inconscient vital, notre désir de vivre provient du psychisme cellulaire et non d’une pensée individuelle ou de notre volonté consciente. Ce désir de vivre est profondément lié au besoin individuel d’expression des potentiels génétiques qui sont inscrits au plus profond du noyau de chacune des cellules qui nous constituent. En ce sens, chacun de nous est un canal unique et irremplaçable qui permet que l’Univers, qui contient en lui toutes les possibilités, s’exprime lui-même.
Ainsi, avant l’existence des désirs personnels de chacun de nous, il y a un Désir plus grand – ou une source qui désir exprimer son Unité dans la Diversité. Cette création se présente sous différentes formes : minérales, végétales, animales et culmine chez les être auto-conscients dont Homo sapiens n’est qu’un exemple dans l’étendue cosmique. A ce niveau, créateur et créature agissent en partenariat. Nous fûmes créer pour co-créer, pour élargir des frontières, concrétiser les idées de l’Esprit Cosmique- science, technologie, art… Rendre explicite ce qui est implicite, chacun selon ses talents.
Comme enfants de la création, nous construisons une admirable collection de connaissances et d’expressions artistiques – une civilisation qui avance chaque jour au niveau technologique, mais qui est douteuse du point de vue des valeurs et du bien commun. Au niveau personnel, nous accumulons des biens, des connaissances, des relations – mais la grande question est : Sommes-nous heureux ? Sommes-nous dans le flux de l’univers ?
L’acte de création inclut une joie profonde et cependant, paradoxalement, porte avec elle la douleur de la séparation. L’expérience de l’accouchement évoque cette dualité – la joie de donner la lumière amène avec elle la tristesse de l’incertitude du projet créé – chaque vie humaine appartient à elle-même et en fin de compte à la source qui nous crée tous avec un objectif spécifique.
Peut-être notre plus grand objectif, en étant créé, n’est pas seulement de construire des civilisations toujours plus avancées à différents niveaux : éducation, santé, justice sociale, science, art… Il y a cependant quelque chose de plus que nous cherchons en tant que créature – un profond besoin de ré-union, qui vient par la diminution de la douleur de la séparation, qui se traduit en sensation d’abandon au primordial. Dans les couches les plus profondes de notre psyché, dans l’intimité de notre ADN, ce que nous partageons avec tous les êtres, il y a le point où l’Humain devient Divin, où le Un se reconnaît Divin et où le Divin reconnaît l’Humain. Où la Totalité s’unit au Tout et il n’y a plus de séparation – en cet instant la création s’unit au créé et se révèle.
Ce sont les instants d’extase, de prière, de méditation profonde. Dans ces moments, nos désirs personnels s’harmonisent avec les Désirs de la Création et, en fonction de celle-ci et de l’infini champ des possibles qui est sa nature, nous partageons son abondance – ce que nous avons besoin pour notre mission s’exprime comme appui et outil pour notre travail.
Notre style de vie, notre éducation et aussi l’excès d’informations auquel nous sommes exposés, diminuent l’utilisation des voies neuronales responsables de ces états extatiques d’unification avec la Totalité. Ces voies fonctionnent comme un langage qui transcende la parole – répondant au son et par conséquent à la musique. La musique porte avec elle le mouvement corporel. Et le mouvement corporel porte avec lui les émotions. Et cette évidence : Que nous manque-t-il ou qu’avons-nous réellement besoin pour être heureux ? Quel est honnêtement l’objet de notre désir ? Pour combien de temps cet objet va-t-il nous rendre heureux ? Que symbolise-t-il pour nous ?
Nous désirons ce qui nous affecte, qui est connecté à notre Âme, qui est en syntonie avec nous, avec notre ADN. Rolando Toro met en évidence l’antériorité des processus affectifs sur l’élaboration symbolique. La compréhension des configurations existantes dans le monde est intimement liée à l’exercice d’attribuer des sens. Cet exercice est une qualité de l’intelligence humaine qui opère dans le domaine de l’affectivité.
Dans les mots de Toro, la définition la plus essentielle de l’intelligence serait : « la capacité affective d’établir des connexions avec la vie et de relier l’identité personnelle à l’identité de l’univers. » Il est important de se rappeler que l’auteur ne met pas en scène un type particulier d’intelligence : l’affectivité est un portail vers les différentes formes d’intelligence (motrice, spatiale, mécanique, sémantique, etc.)
Le système Biodanza, par l’exercice de ses cinq lignes de vivencia, dans sa matrice groupale, offre un espace et un temps de récupération de ces connexions perdues avec la totalité. Non seulement cet instant vécu – mais la réimpression et la réédition de circuits neuronaux dévalorisés par une civilisation qui privilégie les circuits corticaux – fait ressurgir le pouvoir de nos parties les plus profondes et nous met face à face avec la vision de notre civilisation qui amène au consumérisme, aux relations désengagées, à l’utilisation effrénée des ressources naturelles.
La réimpression de ces circuits, ancrés dans la physiologie du corps, change la façon d’être et d’exister dans la Vie, nos désirs deviennent plus alignés avec notre essence, nos choix plus honnêtes et plus orientés vers le bien commun. Nos créations répondent à nos impulsions intimes qui sont, en fin de compte, un alignement avec la création cosmique.
De nombreux groupes dispersés dans le monde génèrent des réseaux de conscience qui, peu à peu, s’implantent dans la matrice de l’inconscient collectif en promouvant un momentum qui contribue à un saut quantique vers des dimensions supérieures de la conscience, intégrant la Vie, où qu’elle soit et telle qu’elle se présente.
« Gracias a la Vida… Merci la Vie… »
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