Si l'homme est effrayant, comme le décrit Euripide, il a, sans doute, le don de l'illumination et du merveilleux.
Il existe peu de penseurs capables de s’aventurer à se pencher sur l'irrésistible beauté de l'être humain. Quelques poètes ont aperçu la splendeur éblouissante de certaines créatures, mais la sensibilité devient froide et erratique à leur approche. Rainer Maria Rilke l'exprime dans la Seconde Élégie de Duino: "Tout ange est terrible".
En chaque personne, même chez les déshérités de la beauté physique, chez les malades, chez les gens blessés par la haine et la frustration, il existe un enfant divin qui attend, au fond de l'être.
Mais personne n'ose regarder sa propre splendeur ou découvrir la splendeur de son frère. "Les amants," - dit Rilke - "s'ils savaient le faire, pourraient se dire des choses extraordinaires dans l'air de la nuit. Il semble donc que tout nous est occulté".
"Il semble que tout nous est occulté"... Chacun montre un masque pour occulter sa beauté intérieure.
Pourquoi sommes-nous effrayés face à la splendeur de la vie? Pourquoi nos actions font tout pour occulter notre origine sacrée? Nous nous efforçons de créer des entités d'adoration: nos dieux, de façon à ce que la splendeur reste distante de nous. Nous organisons ainsi une vie misérable devant l'effroi d'assumer notre propre divinité. Peut-être que le mythe de l'ange exterminateur ne représente que notre peur du contact sublime.
Il sera nécessaire, pour inaugurer une nouvelle civilisation, de créer une esthétique anthropologique, ce qui veut dire, un système de résonance avec la partie illuminée de nous-mêmes et des autres personnes; une espèce de clé maîtresse du cœur, capable de découvrir cette semence de beauté inénarrable. Ce fond de lumière n’existe pas seulement chez les personnes touchées par la grâce et la perfection externe, mais aussi chez celles apparemment laides et grotesques, parce que la lumière de Dieu se montre de façon égale chez tous les êtres humains. Il y a une divinité dans les yeux de ce lépreux qui regarde. Il y a un adolescent illuminé qui espère l'aimée qui n'arrivera jamais dans la grande nuit de ce cœur de vieux. Si nous réussissions à nous sensibiliser à notre partie illuminée, si nous pouvions créer une espèce de phototropisme amoureux, toute notre existence se transformerait.
Il est nécessaire de révéler ces reflets de la profondeur dans les actes créateurs, dans l'Éducation, dans la Psychothérapie et dans l'action de chaque jour. Découvrir le fond de lumière qui nous anime est, en réalité, une technique de renaissance.
Les psychothérapies traditionnelles travaillent avec la partie malade, avec les symptômes, comme si ce qui est en nous ignorait la sortie, comme si nous étions divisés et, dans le secret, nous nierions la grandeur.
Pourquoi avons-nous fondé notre règne dans l'horreur quand notre règne est la jubilation de vivre? Notre règne est l'extase, le plaisir des caresse
Comments