1. Effet des conflits émotionnels sur le tractus gastro-intestinal (tube digestif)
Plus de 50% des problèmes gastro-intestinaux ont leur origine dans le stress émotionnel.
Voici la liste des symptômes et des problèmes gastro-intestinaux d’origine émotionnelle, selon « De l’émotion à la lésion » Hoffmann-La Roche, Bâle, 1968 :
Les individus incapables d’exprimer leurs émotions sont plus sujets à des problèmes viscéraux (Neumayr). Ces malades ont besoin de diminuer, outre les anti-acides et les spasmolytiques, la tension émotionnelle résultant du stress psychique.
L’impossibilité de l’individu à libérer les tensions internes induit chez lui des troubles psychosomatiques sur l’œsophage, l’intestin, le foie et la vésicule biliaire.
Greif a étudié l’influence des émotions sur la sécrétion biliaire chez différents animaux immobilisés. Il a observé que l’immobilisation forcée amenait une diminution sensible de la sécrétion biliaire. Celle-ci se normalisait quand les animaux récupéraient la liberté.
Des situations de peur, la crainte de l’échec et des situations d’épreuves peuvent conduire à une hypermotilité intestinale avec diarrhée.
Des sentiments de tristesse et d’abattement provoqués par l’évocation d’une souffrance amènent à l’arrêt de l’activité motrice du côlon.
Les tensions émotionnelles peuvent influer sur l’œsophage. Quand on enregistre les mouvements de l’œsophage, sous l’effet d’une peur subite, de la surprise ou de difficultés inattendues, il y a une immobilité de l’œsophage d’origine émotionnelle.
Le spasme fonctionnel de l’œsophage, ainsi que les convulsions émotionnelles œsophagiques qui apparaissent chez l’enfant face à certains aliments qu’il rejette, sont des expressions de problèmes de motilité d’origine psychogène (Greif).
Des facteurs émotionnels créent fréquemment des vomissements, des spasmes cardiaques et des spasmes du pilor.
Pavlov a démontré que les réflexes conditionnés influent sur la sécrétion des glandes de l’estomac. Ces mécanismes réflexes peuvent aussi provoquer l’inhibition de la fonction sécrétoire de la glande.
La sécrétion de suc gastrique dépend de l’ingestion d’aliments. Cette sécrétion diminue pendant le sommeil.
Mittlemann, Seymur, Shay, Wolf et d’autres chercheurs ont établi une relation irréfutable entre le stress émotionnel et l’augmentation de la sécrétion acido-chlorhydrique et de pepsine.
L’ulcère peptique est la « maladie psychosomatique » par excellence. C’est une maladie chronique qui présente des rémissions et s’aggrave en lien avec les conflits émotionnels. Tous les auteurs s’accordent à dire que les facteurs émotionnels sont producteurs d’hypersécrétion gastrique.
2. Vomissements
Le vomissement est un réflexe antipéristaltique qui se produit quand l’organisme a besoin de se libérer que quelque chose de nocif. Le vomissement commence avec la salivation et une sensation de nausée. La glotte se ferme pour empêcher l’aspiration du vomi vers la trachée.
La respiration se suspend en inspiration moyenne. Les muscles de la paroi abdominale se contractent et comme le thorax est maintenu dans une position fixe, la contraction augmente la pression intra-abdominale. L’œsophage et le cardia gastrique se relâchent. L’anti-péristaltisme commence et le contenu gastrique est expulsé.
Cet ensemble coordonné d’activités est à la charge du centre du vomissement qui se trouve dans la formation réticulaire du bulbe, au niveau des noyaux olivaires. Les vomissements d’origine psychosomatique s’interprètent comme l’expression des émotions de rejet ou la répulsion de situations externes qui stimulent les centres nerveux du bulbe.
Ces situations peuvent avoir un caractère émotionnel immédiat ou concerner tout l’aspect existentiel « un dégoût de soi-même », « un dégoût de vivre ».
3. Diarrhée
Les diarrhées psychosomatiques sont déclenchées par l’angoisse aigüe ou la peur subite. C’est le désir d’évacuer des situations angoissantes ; elles sont très fréquentes chez les acteurs qui doivent affronter un public, chez les étudiants en situation d’examen, chez des personnes soumises au stress du voyage.
Il faut bien-sur éliminer d’abord les symptômes de la maladie avant de commencer la réhabilitation par la Biodanza.
Les exercices seront dirigés ver le renforcement de l’identité et l’augmentation du courage de vivre.
4. Constipation
Il existe différentes hypothèses pour expliquer les mécanismes psychologiques qui génèrent l’ulcère gastrique et d’autres problèmes de l’appareil digestif.
Dumbar, Chandler, Freud, Wolff et d’autres soutiennent que l’ulcère peptique se produit souvent chez des personnes avec un niveau de vie et d’indépendance élevé, soumis au stress et à une tension constante.
La constipation se voit chez des personnes ordonnées, avec une obsession pour la propreté et une tendance à l’avarice. Dans ce cas, la tendance à l’ulcère dépendra du type de personnalité.
La constipation a une origine polygénique.
Selon la psychanalyse, elle s’interprète comme une tendance à la rétention, « ne rien modifier », maintenir les situations conflictuelles de façon conformiste, « s’assujettir ». Il s’agit en général d’individus propres et, dans 25% des cas, avec une dystonie neurovégétative.
Selon Grace et Graham, la constipation exprimerait le désir de « résister ». Alexander caractérise la situation comme « Je dois garder ce que j’ai ». Selon Freud, elle correspondrait à un érotisme anal et à une typologie obsessionnelle.
La thérapie doit être dirigée vers la mobilisation des contenus internes, vers le changement de la situation affective. Les malades résistent généralement, désirant inconsciemment garder la situation inchangée.
5. La relation mère-enfant dans l’étiologie des problèmes gastro-intestinaux
Le premier contact qu’a l’enfant avec le monde extérieur, dont la signification émotionnelle dure toute la vie, est le sein maternel. La satisfaction de l’instinct alimentaire est profondément associée à des sensations de bien-être et de sécurité.
L’alimentation est en plus associée au sentiment d’être aimé. Ce sentiment se renforce quand la mère allaite avec tendresse et sollicitude.
En plus de calmer la faim, l’acte d’allaiter stimule les muqueuses de la bouche et des lèvres qui, avec les mouvements de succion, produisent du plaisir (érotisme oral).
L’érotisme oral est précurseur des excitations génitales postérieures.
Ainsi, le processus de nutrition est associé, dans un sens large, à la sexualité par sa qualité libidinale.
6. Étiologie polygénique des problèmes gastro-intestinaux
La frustration des impulsions réceptives orales crée une tension et mobilise des impulsions de nature agressive qui prennent la forme d’un besoin de mordre ; possessivité, voracité, envie (S. Freud).
Sont ainsi profondément liées, les impulsions orales réceptives, orales agressives et orales libidinales.
Ces impulsions peuvent être inhibées et réprimées par des émotions de honte, de culpabilité, de peur. La crainte du châtiment, la perte de l’amour induisent aussi des problèmes dans ces impulsions vitales.
Le blocage de l’expression de ces tendances au plaisir peut créer un état de tension chronique qui affecte les voies physiologiques associées.
Les conflits sexuels peuvent se décharger sous forme régressive par le tractus gastro-intestinal et créer de graves problèmes à ces fonctions.
L’angoisse diminue quand elle se somatise. Les conflits s’installent dans les organes et la tension diminue.
7. Aspects théoriques
Les études soulignent l’importance des facteurs inconscients sur le processus de somatisation.
Des recherches réalisées par Wolff et Wolff, Grider et Walker et Margolin démontrent que l’organe, de tout côté, s’érotise et se libidinise et devient l’organe primaire d’expression de tout ce que l’individu sent.
Szasz a introduit le concept d’ « innervation régressive » comme l’équivalent physiologique de la régression psychologique. Cette innervation régressive comprend le système nerveux parasympathique et d’autres mécanismes humoraux.
Alexander et collaborateurs ont soutenu que les malades d’ulcère peptique avaient un type spécifique de conflit émotionnel.
Mahal a rejeté le concept de spécificité formulé par Alexander et a suggéré que le facteur le plus important dans la genèse de l’ulcère peptique était « l’angoisse et la peur chronique ».
Cannon a démontré que la peur inhibe le parasympathique en diminuant la sécrétion d’acide chlorhydrique (inhibition vagale).
Mahal suggère que, en accord avec la théorie de Cannon, l’hypothèse sur l’origine de l’ulcère peptique ne peut que s’appliquer à la peur chronique et non à la peur aigüe.
Des expériences faites avec des singes en état de peur aigüe ont démontré que celle-ci diminuait la sécrétion d’acide chlorhydrique, alors que dans les expériences de peur chronique se produisait une augmentation du niveau d’acide chlorhydrique. Il fut ainsi démontré que, si les voies parasympathiques étaient inhibées pendant la peur aigüe, ceci ne se produisait pas dans la peur chronique durable.
8. Mécanisme d’action hypothalamique
Shay et collaborateur ont élaboré un schéma qui montre les phases intermédiaires du mécanisme par lequel le stress émotionnel amène à l’augmentation de la sécrétion du suc gastrique.
Selon Shay et collaborateurs, le stress émotionnel influence les noyaux hypothalamiques postérieurs en transmettant des neurotransmetteurs cholinergiques et adrénergiques au lobe antérieur de l’hypophyse par le système porte qui déclenche la libération d’ACTH et de corticostéroïdes qui, à leur tour, stimulent la sécrétion gastrique.
Le stress émotionnel peut se répercuter sur l’intestin grêle en modifiant sa motricité.
Le registre de la motricité normale de l’intestin est d’une fréquence de 10 à 15 par minute. Quand une personne est sous l’effet du stress émotionnel, il se produit immédiatement une réaction à deux phases alternant entre inhibition et ondes à grande amplitude (Greif).
L’expérience montre que la sécrétion gastrique permanente est due à l’augmentation de l’excitabilité du système parasympathique.
9. Action de la Biodanza sur l’ulcère peptique
A la lumière de ces connaissances, nous pouvons comprendre pourquoi la Biodanza est un traitement de choix pour l’ulcère peptique et les problèmes psychosomatiques du système gastro-intestinal.
Les exercices de Biodanza renforcent l’identité et les impulsions d’autonomie. La dépendance orale tend à diminuer.
Les exercices d’harmonisation ont un effet tranquillisant et anxiolytique.
Les danses d’amour et de caresses compensent peu à peu la carence affective et développent de nouvelles attitudes face à la sexualité et à l’estime de soi.
L’intense activité motrice et les situations de rencontres humaines déplacent la connectivité neurologique en orientant l’activité globale de l’organisme vers de nouvelles motivations existentielles.
Dans le traitement des problèmes gastro-intestinaux, on doit éviter les exercices de régression et de transe qui induisent la production d’acétylcholine.
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