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Biodanza et Gestation : une proposition intégrante de la vie par Luz Miriam Arteaga Alzate


Introduction

La gestation est, pour la mère, une période de grands changements anatomiques, physiologiques et psychologiques qui génère en plus des altérations dans la relation de couple, chez le futur père et dans le milieu familial immédiat.

Bien que l’histoire du nouvel être commence quand on commence à penser à la possibilité de son arrivée, quand on se l’imagine, quand on le nomme, son existence réelle ne devient concrète que quand l’ovule est fécondé par le spermatozoïde. L’enfant commence à être une réalité corporelle dans un autre corps, le corps de la mère qui l’hébergera pendant neuf mois.

Etant donné les implications qu’apporte la période de gestation et la transcendance qui existe dans la vie de chacun des parents et du bébé, concevoir un enfant est un acte immense de responsabilité et de révérence à la vie manifestée chez le nouvel être. C’est pourquoi il est nécessaire de connaître, de faire attention et de prendre soin de cette période.

Dans la première partie de cet article est ébauché de manière générale le processus de la gestation, en montrant tous les aspects biologiques et psychologiques impliqués. Il y est aussi question de la construction du lien d’attachement entre l’unité mère – enfant et le futur père.

Dans un deuxième temps, seront présentés les aspects théoriques sur lesquels se fonde le Système Biodanza.

Ensuite, les deux thèmes centraux de cet article : Biodanza et Gestation seront mis en lien et intégrés. Les mécanismes d’action dits alternatifs de la Biodanza pendant la période de gestation humaine seront présentés.

Pour finir, nous présenterons certaines conclusions et recommandation sur la pratique de la Biodanza pendant la gestation ainsi qu’une expérience vécue par une jeune mère pratiquant la Biodanza avant et pendant son étape de gestation.


Gestation : vie avant la naissance

« Les bébés sont compétents bien avant de naître. Ils sont équipés d’une organisation neuropsychologique qui les rend aptes, avant toute expérience, avant tout apprentissage, à percevoir, traiter et structurer les informations venues de leur environnement » (Boris Cyrulnik)

La gestation humaine est un processus qui dure normalement neuf mois. Biologiquement, elle commence avec la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde et culmine avec la naissance du bébé. Proportionnellement, dans la période prénatale, la croissance est plus importante que dans n’importe quelle autre étape de la vie. L’enfant commence sa formation en tant que cellule germinale microscopique et atteint à la naissance un poids approximatif de 3.200g et une longueur de 45 cm. Pendant ce temps se développent également toutes les caractéristiques physiques humaines. Le corps de la mère est un espace idéal où les conditions sont généralement données pour répondre aux besoins vitaux de l’être en formation.

Le processus de gestation se divise en trois phases, chacune avec des caractéristiques particulières qui les différencient entre elles :


1. La phase germinale ou la période de l’ovule.

Elle va de la conception à la fin de la seconde semaine de vie intra-utérine.

Elle se caractérise par des divisions cellulaires de l’œuf

fécondé et son implantation dans l’utérus.

2. La phase embryonnaire. Elle va de la fin de la deuxième semaine à la huitième ou la neuvième semaine. Dans cette phase, commencent la formation et le développement de tous les organes, tant internes qu’externes. Se forment également le placenta, le cordon ombilical et le liquide amniotique qui est le milieu dans lequel se développe le bébé et par lequel il communique avec sa mère.

3. La phase du fœtus. Elle va de la fin du deuxième mois jusqu’à la naissance du bébé.

La croissance et le développement de l’être humain à cette étape s’accélère ce qui permet la maturation et le fonctionnement de la majorité des organes. Le bébé entre en grande activité étant donné le développement de son système nerveux. ; les mouvements réflexes apparaissent et certaines fonctions qui préparent la naissance et l’adaptation à la vie extra-utérine. L’enfant est biologiquement développé à la fin du septième mois de gestation.


Pendant la gestation il y a des altérations tant biologiques que psychologiques qui concernent l’unité mère – enfant et affectent également la relation de couple, avec le père et avec le milieu familier proche. La mère expérimente également des changements corporels significatifs

Dans le premier trimestre de gestation, la mère peut se sentir mal à cause des changements hormonaux qui altèrent le fonctionnement normal de l’organisme.

Généralement, cela se présente sous forme d’anxiété à s’adapter et à accepter le nouvel état. Les malaises courants sont : maux de cœur, nausées, vomissements et sommeil excessif.

Pendant le deuxième trimestre, les malaises initiaux diminuent ; les changements physiques commencent par contre à être évidents et apparaît alors la peur de ne pas être sexuellement attractive pour son conjoint et de ne pas correspondre aux paramètres esthétiques établis socialement.

Dans le dernier trimestre, la mère expérimente une grande anxiété et une crainte pour l’accouchement ou pour une quelconque malformation de son bébé. Le malaise physique réapparaît à cause du poids et peuvent se présenter sous forme de crampes, de constipation, de fatigue et d’autres symptômes propres à la gestation dans cette étape finale. L’accompagnement de la future mère à l’accouchement par son conjoint ou le cercle familial et social proche est très important.

La gestation remplit également une fonction très spéciale dans l’établissement de liens et de styles de relations qui se construisent même avant la conception mais qui se consolident réellement à cette étape et qui influent sur le développement du bébé en formation et sur la façon d’établir des relations dans le futur.


Construction du lien d’attachement pendant la gestation

« L’apparition du sentiment de personne se construit lentement : le bébé est imaginé avant d’être perçu, parlé avant d’être entendu (B. Cyrulnik).

Parallèlement aux aspects biologiques, l’histoire du bébé humain est traversée par des expériences de lien et d’attachement indispensables pour le développement adéquat et la croissance. Idéalement, on s’attend à ce que ces expériences de lien soient soutenues par l’amour réaliste et respectueux des futurs parents.


Lien avec la Mère

L’état de santé et de nutrition de la mère sont des conditions de base pour que le bébé arrive à se développer biologiquement et croître selon les paramètres périnataux établis ; il existe pourtant d’autres aspects aussi importants qui influent directement sur le bien-être et qui correspondent plus au monde émotionnel. Il est démontré que toutes les sensations et émotions de la mère sont perçues directement par l’enfant pendant la vie intra-utérine, étant donné la relation d’intimité qui s’établit entre les deux.

Actuellement, grâce aux avancées scientifiques et aux observations directes pendant la gestation, il est possible de connaître de façon directe le processus de développement du bébé dans l’utérus maternel. Boris Cyrulnik, dans ses recherches sur l’étape prénatale, affirme que, même dans la phase embryonnaire, les informations perçues par l’embryon font partie de son développement ce qui l’amène à faire l’hypothèse que l’histoire du bébé commence bien avant sa naissance.

La première approche évidente des parents pour leur bébé se fait par les bruits cardiaques autour de la troisième semaine, ce qui peut être défini comme le début de la formation du lien affectif. Pouvoir l’écouter, leur permet de considérer l’enfant en formation comme un être différencié de la mère, avec une identité propre.

Le lien initial de l’unité mère – enfant se fait, dans un premier temps, par les voies entéroceptives et ensuite par les canaux extéroceptifs – constitués par les cinq sens – au fur et à mesure qu’ils se développent. Par ces canaux, s’ouvre pour le père la possibilité d’entrer en lien avec son bébé, par l’interaction permanente avec la mère ou directement quand il se met en contact par le toucher ou le langage avec le ventre maternel.

L’approche ou le lien par les sens est privilégié ou fur et à mesure que ceux-ci se développent. Le premier sens est le toucher par lequel le bébé en formation perçoit des messages quand l’utérus se contracte en raison de situations que la mère expérimente. Ces contractions sont généralement ressenties dans le dos de l’enfant à cause de sa position fœtale et sont vécue comme un massage postural, ce mouvement étant la première communication sensorielle établie.

Se développent ensuite l’odorat et le goût. Certaines recherches réalisées en France ont permis de démontrer que les bébés reconnaissent les odeurs et les saveurs qui traversent le placenta. On sait, de plus, que le bébé avale régulièrement le liquide amniotique.

L’audition commence à la 27ème semaine. Le bébé perçoit les bruits placentaires et internes de la mère et les traduit en sonorités. Pourtant, devant le chant ou la voix de la mère, le bébé réagit en fermant les yeux, en suçant le cordon ombilical ou le pouce, en changeant de posture et avec une accélération du rythme cardiaque.

Une réponse différente est celle du sursaut, occasionnée par un bruit extérieur fort. Il existe donc une communication intra-utérine avec la mère grâce à la parole. Le milieu placentaire est liquide, l’eau étant un excellent conducteur des sons.

La communication visuelle s’établit par des variations lumineuses représentées par des couleurs obscures et rouges. Fonctionnellement, la vision est incomplète à l’heure de la naissance et les heures qui suivent. Il faut quelques semaines après l’accouchement pour que ces structures atteignent leur maturité.

La vie intra-utérine fournit des conditions uniques au bébé en lien avec la relation mère – enfant qui influent directement sur sa formation. Ceci voudrait dire que les tensions maternelles augmentent le rythme cardiaque et l’activité de l’enfant en formation. Si elles se prolongent, cela génère de l’anxiété et elles affectent autant le développement prénatal que postnatal. Il a été démontré que les angoisses de la mère ont une incidence sur l’alimentation et le sommeil de l’enfant ; au contraire, si les vivencias que la mère donne à son enfant pendant la vie intra-utérine sont harmonieuses et tranquilles, celles-ci favoriseront ceux-là.


Lien avec le père

« La mère interprète l’homme signifiant pour elle, et sa traduction sensorielle modifie l’écologie du bébé dans son ventre » (Cyrulnik).

Le rôle du père n’a culturellement pas pris en considération la présence de l’homme dans le processus de gestation comme étant une expérience hautement significative et nécessaire pour l’unité mère – enfant et, bien que les dernières décades ont proposé des changements qui invitent les hommes à être plus présents et actifs dans tout le processus lié à la conception, la gestation, l’enfance et l’éducation des enfants, la réalité sociale montre que les modèles antérieurs perdurent.

Selon Boris Cyrulnik, celle qui introduit le père comme tel dans la vie de l’enfant c’est la mère. Elle est celle qui lui donne le nom et la signification de père face à l’enfant. L’homme désigné par elle devient l’homme d’attachement qui n’est pas nécessairement le père biologique. Il remplit une fonction affective dans la vie de l’unité mère – enfant. S’il existe un lien entre eux, la mère réagit émotionnellement à ses contacts, son cœur s’accélère et son utérus se contracte ; cette émotion se traduit en réactions que le bébé en formation expérimente aussi. Si cet homme est indifférent à la mère, il l’est aussi pour le bébé, si elle est agressée, l’enfant l’est aussi. « L’homme d’attachement peut constituer un événement signifiant pour la mère qui va le traduire en informations biologiques pour le bébé. » (Cyrulnik).

Le tact et l’audition sont les canaux de communication sensoriels directs que le bébé et le père établissent pendant la vie intra-utérine. Le bébé en formation reconnaît aussi et réagit devant la voix du père, bien que selon le ton il peut la confondre facilement avec les bruits placentaires.

Quand le père caresse le ventre de la mère et que ce contact s’accompagne de mots, le bébé commence aussi à réagir au niveau postural, générant des réponses d’attachement à ce stimulus qui après l’accouchement seront reconnues de façon sensorielle par l’enfant et significatives pour les deux.

La façon dont la mère et le père se lient avec le bébé pendant la gestation et après l’accouchement dépend de leur histoire de vie et des relations familiales établies par chacun d’eux dans l’enfance.

Pour l’homme, le nouvel état de sa compagne génère des tensions, souvent inconscientes, liées à ses expériences infantiles comme enfant qui s’actualisent à cette période. Il se trouve face à de grandes interrogations et des comportements qui, dans la majorité des cas, n’ont pas de réponses mentales car se sont des expériences qui font partie du monde des sensations inscrites dans le corps dès l’étape gestationnelle et des comportements liés au genre, fixés culturellement.


La proposition de la Biodanza


Définition

« La Biodanza est un système d’intégration humaine, de rénovation organique, de rééducation affective et de réapprentissage des fonctions originaires de vie » (Toro)

Intégration humaine se réfère au besoin primordial de l’être humain d’établir la connexion avec la vie qui permet de s’intégrer à soi-même, aux semblables et à l’univers.

- L’intégration avec soi-même consiste à récupérer l’unité psychophysique et spirituelle

- L’intégration aux semblables consiste à restaurer le lien avec l’espèce comme totalité biologique. C’est une vision écologique.

- L’intégration avec l’univers consiste à récupérer le lien qui unit l’homme avec la nature et de se reconnaître comme partie d’une totalité plus grande.

Rénovation organique est l’action sur l’autorégulation. L’organisme déclenche des réactions d’adaptation à des situations biologiques très variées avec pour but de conserver son équilibre fonctionnel. La rénovation organique en Biodanza s’atteint par des exercices qui induisent des états de transe et de régression intégrante, activant des processus de réparation cellulaire et de régulation globale des fonctions biologiques, diminuant les facteurs de désorganisation et de stress.

Rééducation affective fait référence au rétablissement de l’unité entre la perception, la motricité et les fonctions viscérales. Le noyau intégrateur de ces aspects est l’affectivité qui influe sur les centres limbiques-hypothalamiques.

Le réapprentissage des fonctions originaires de la vie consiste en la sensibilisation des instincts de base qui sont l’expression de la programmation biologique. La fonction des instincts est de conserver la vie et de permettre sa continuité et son évolution. Les instincts représentent notre nature ; leur être sensible signifie rétablir la relation entre la nature et la culture.


Concepts fondamentaux de la Biodanza

La Biodanza est une proposition qui structure son modèle théorique en partant de l’aspect biologique. Nous expliquerons ci-dessous les éléments les plus essentiels.


Le Principe Biocentrique est le concept fondamental de la Biodanza au niveau philosophique et signifie La vie comme centre.

« Lorsque les cellules sexuelles se rencontrent pour inventer un enfant, elles sont vivantes. Seul l’individu qui résulte de cette rencontre va naître et mourir. Ses cellules sexuelles vont se poursuivre à travers d’autres. Les individus meurent. Pas la vie » (Cyrulnik).

Cette citation, en résonance avec le processus de gestation, permet de relier son contenu avec le principe biocentrique : tout ce qui existe est au service de la vie, en fonction d’elle, non le contraire. L’univers, dit Rolando Toro, s’organise en fonction de la vie et toutes ses manifestations sont aussi importantes que l’existence humaine. Ce principe s’oppose au principe anthropocentrique dans lequel l’homme se place au centre de tout ce qui existe. Basé sur ce principe, l’auteur propose l’Education Biocentrique comme la future pédagogie à suivre pour rétablir l’ordre naturel de l’univers par la cohabitation humanisée. La culture est généralement en opposition avec le principe biocentrique, vu les comportements et les actions qu’elle privilégie comme la guerre et la destruction de la vie sur la planète.


Les Potentiels Génétiques sont l’ensemble des caractéristiques uniques que possède chaque individu et qui définissent son identité. Au moment de la fécondation se détermine l’identité biologique qui va se développer de manière individuelle à partir des cofacteurs et écofacteurs qui caractérisent chaque être humain et forment son ontogenèse. Sur ce sujet, Rolando Toro affirme :

Les cofacteurs peuvent être amenés par le milieu ou par l’organisme.

Parmi eux, nous pouvons mentionner les gènes.

Ceci explique comment l’environnement, avec toutes ses situations de hasard ou par l’intervention humaine, peut influencer sur les processus d’expression génétique.

Un type d’intervention encore jamais proposé auparavant est l’activation de l’expression génétique par la déflagration d’hormones et de neurotransmetteurs naturels, par la stimulation d’émotions spécifiques. Ces émotions spécifiques peuvent s’exprimer par des exercices de Biodanza qui demandent du courage, de l’érotisme, de la joie, etc.


Les Ecofacteurs sont des facteurs environnementaux qui interviennent sur les potentiels génétiques, permettant leur expression. Les écofacteurs peuvent être positifs ou négatifs selon qu’ils stimulent ou inhibent le développement des potentiels génétiques. Selon Rolando Toro, les écofacteurs les plus importants et significatifs sont les humains parce qu’ils ont des effets sur chaque potentiel et génèrent des réseaux de relations insoupçonnées qui forment l’écologie humaine.

Les fondements biologiques de la Biodanza demandent la révision des concepts théoriques sur le potentiel génétique humain qui permettent la compréhension des mécanismes d’action de cette proposition. Les recherches actuelles sur le code génétique montrent qu’il existe, dans la chaîne des gènes, non seulement des potentiels inexprimés, mais inconnus qui peuvent se manifester par de nouvelles propositions ou choix de rencontre humaine. Dans chaque session de Biodanza on crée des conditions pour que les écofacteurs humains s’optimisent par le contact, les caresses, la joie partagée, l’érotisme, entre autres, permettant l’expression des potentialités qui, bien qu’inscrites dans le code génétique, ne se sont pas manifestées.

Chaque session de Biodanza offre à ses participants une variété d’écofacteurs positifs qui permettent l’expression des potentiels génétiques, générant santé et bien-être en agissant directement sur le SIALH (Système Intégrateur Limbique Hypothalamique).

Les potentiels génétiques ont un caractère phylogénétique bien que, comme dit précédemment, leur expression est ontogénétique. Ils sont biologiquement différenciés quand le bébé naît et s’exprime par des structures fonctionnelles, des instincts et des vivencias. Ils déterminent la structure organique et les comportements desquels dérivent des fonctions plus complexes. La Biodanza regroupe les potentiels génétiques en cinq lignes de vivencia qui non seulement reprennent la dimension biologique humaine, mais relient aussi tous les aspects émotionnels, existentiels, éthiques et esthétiques. Les lignes de vivencia sont Vitalité, Sexualité, Créativité, Affectivité et Transcendance.


Les Protovivencias sont des sensations organiques que le bébé expérimente pendant les premiers de sa vie en tant que réponses aux stimulations tant internes qu’externes. Elles sont liées à l’instinct et aux premières expériences d’amour et de contact.

En reprenant les informations décrites précédemment sur la gestation, on pourrait penser que les protovivencias commencent déjà avant la naissance. Selon Rolando Toro, leur origine remonte aux expériences intra-utérines définies par Carl Gustav Jung comme « expérience océanique ».

Chaque ligne de vivencia qui regroupe les potentiels génétiques a des protovivencias spécifiques, à savoir :

La Vitalité qui se développe à partir de la protovivencia de mouvement et qui inclut les fonctions d’activité et de repos

La Créativité qui se développe à partir des sensations de mal-être et de bien-être, des changements de position face à l’environnement, du langage, des réactions face à la nouveauté et de la curiosité.

La Sexualité, liée à la protovivencia de contact et aux premières sensations de plaisir produites par les caresses et par l’acte de téter.

L’Affectivité est liée à la protovivencia de nutrition, la nécessité de contenant, la communication avec les personnes et le sourire.

La Transcendance est liée à la protovivencia de plénitude et d’harmonie avec l’environnement.


La Vivencia

« La théorie de la Biodanza redéfinit le concept de vivencia comme l’expérience vécue avec une grande intensité par un individu dans le moment présent, qui englobe la cénesthésie, les fonctions viscérales et émotionnelles. La vivencia confère à l’expérience subjective la qualité existentielle palpitante d’être vivant ‘ici et maintenant’ » (Toro).

Les vivencias sont intégrantes et se vivent par la musique, le chant, la danse et des situations de rencontre en groupe. La musique est un langage universel et sa fonction principale est de déclencher des émotions, elle agit comme médiateur entre elles et le mouvement corporel. L’organe pour écouter la musique, selon Rolando Toro, n’est pas l’oreille mais le corps. La danse est conçue comme un mouvement organique et naturel inscrit dans tous les systèmes qui composent l’univers. Les animaux ont des danses de parade et toutes les cultures à travers l’histoire ont dansé. En Biodanza, les danses se transforment en rituels de rencontre, de célébration, de connexion avec l’être intérieur, avec les autres et avec le cosmos. Le groupe est un espace contenant qui facilite différentes formes de lien amoureux, permettant à chaque participant de se voir reflété dans l’autre. La Biodanza reprend les théories de Buber qui définit la possibilité de l’être à partir de la relation à l’autre. Le Je-Tu. La méthode est la vivencia, l’objectif fondamental est l’intégration des potentiels génétiques qui se regroupent en cinq lignes de vivencia :


Ligne de la Vitalité. Elle est en lien avec l’instinct de conservation, l’élan vital et l’énergie pour l’action. Son développement stimule, par les danses, le système neurovégétatif, l’homéostasie, la défense immunitaire. Les exercices de cette ligne mobilisent « l’inconscient vital » en agissant sur le fond endothymique et l’humeur endogène.

Ligne de Sexualité. Stimule les sensations liées à l’érotisme, la sensualité, la capacité de plaisir, l’identité sexuelle et la fonction de l’orgasme.

Ligne de Créativité. Les danses sont dirigées sur la stimulation de la curiosité, la capacité d’exploration et d’innovation et la créativité existentielle et artistique

Ligne d’Affectivité. Elle se développe par des danses de solidarité et d’affect, des cérémonies de rencontre et des rituels de lien. Elles permettent la rééducation affective et l’accès à l’amitié et à l’amour.

Ligne de la Transcendance. Elle se stimule par des danses dans la nature, des cérémonies des éléments (terre, air, feu, eau) qui éveillent le comportement écologique et la conscience cosmique.


Les lignes de vivencia se combinent créant des effets propres à chacune d’elles. L’induction périodique des différents types de vivencia réorganise les réponses face à la vie. Elle agit en régulant la région limbique-hypothalamique, centre des émotions.

On dit que les vivencias sont intégrantes car elles permettent de relier les différentes dimensions de l’être humain en partant de ses potentiels génétiques regroupés dans les lignes de vivencia décrites précédemment.


L’Inconscient Vital. Ce concept proposé par Rolando Toro fait référence au fait que : « il existe une forme de psychisme des organes, tissus et cellules qui obéissent à un sens global d’autoconservation. Il donne origine aux phénomènes de solidarité cellulaire, à la création de tissus, à la défense immunologique et, en somme, à l’arrivée pleine de succès du système vivant. Ce ‘psychisme’ coordonne les fonctions de régulation organique et d’homéostasie, il a une grande autonomie face à la conscience et au comportement humain. (…) L’inconscient vital s’exprime par l’humeur endogène, le bien-être cénesthésique et l’état global de santé. »

L’inconscient vital est en lien avec l’inconscient personnel formulé par Freud et l’inconscient collectif formulé par Jung.

La Biodanza agit directement sur l’inconscient vital par des danses d’intégration, la vivencia étant la voie directe vers celui-ci.

L’Intégration. En Biodanza, on dit que l’intégration est la façon dont les potentiels génétiques s’organisent en systèmes adaptatifs plus complexes, parvenant à s’exprimer par un réseau d’interactions qui potentialisent l’identité. Elle consiste en l’interaction réciproque, dynamique et créative des lignes de vivencia.


Mécanismes d’action de la Biodanza pendant la gestation

Des interrogations sur des expériences inexplicables par la raison trouvent des réponses dans les vivencias de Biodanza. Celles-ci permettent aux participants d’évoquer et d’intégrer leurs sensations et leurs émotions de l’enfance et même quelques unes de la période de gestation.

Dans les premières semaines de vie s’établissent les composantes génétiques ; à elles s’ajoutent les expériences intra-utérines que la mère et le père transmettent au bébé en formation et que l’on peut atteindre et transformer par la pratique de la Biodanza, modifiant certaines réactions organiques et comportements tant dans l’unité mère – enfant que chez le père.

La Biodanza affirme que les pères sont la matrice écologique des enfants, sa pratique convertie en style de vie remplit un rôle important dans l’évolution de l’être humain car il récupère l’importance de l’instinct et établit une communication avec tous les processus vitaux dirigés vers la conscience.

Du point de vue du principe biocentrique, la proposition de la Biodanza est pro-vie dans n’importe quelle de ses manifestations. Cette affirmation est intimement liée à l’étape de gestation humaine et à toutes les formes de vie existantes, comme la pollinisation d’une fleur, la reproduction des fourmis, la naissance d’un bébé hippopotame ou d’un bébé humain. Des processus de reparentalisation et de transculturation fondamentaux dans ce principe se transforment en nouveautés alternatives pour humaniser la cohabitation entre les hommes et pour protéger et améliorer la vie sur la planète. Peut-il y avoir un temps plus propice pour ces expériences que l’étape de gestation ?

Si une grande partie des études sur l’importance du contact et des caresses sur le lien d’attachement ont été réalisées après la naissance, il y a actuellement des recherches sur l’effet de ceux-ci sur l’étape gestationnelle. Rappelons-nous que le processus de développement et de maturation des organes et des systèmes chez le bébé en formation se fait de façon plus intense s’il y a une stimulation. Ainsi, celle-ci semble promouvoir ces processus

Margareth Ribble, citée par Rolando Toro affirme que les bébés ont besoin de trois types de stimulation sensorielle : tactile qui se fait par le contact et les caresses ; cénesthésique qui se réfère au bercement et auditif avec la musique et le chant. Ces trois formes de stimulation ont lieu dans chaque session de Biodanza. Sa pratique régulière est une source d’écofacteurs positifs qui favorisent des modifications de l’être total de chacun des parents et donc de l’enfant. Les vivencias des parents, leurs émotions et leurs sentiments promeuvent les protovivencias du bébé.

Les vivencias de Biodanza promeuvent l’interconnexion entre les système nerveux central, immunitaire et endocrinien lesquels sont hautement renforcés par la pratique grâce à la stimulation des neurotransmetteurs et des processus hormonaux qui peuvent aussi induire des changements génétiques chez le bébé en formation par leurs influences sur le fond endothymique.


La méthodologie en Biodanza consiste, par des vivencia intégrantes et le développement de consignes positives, à inviter au bien-être. Le groupe, comme espace contenant amoureux et sûr induit les participants à courir de petits risques qui, dans ce milieu confiant, permettent de faire affleurer les potentiels génétiques qui ont été inhibés. Ces deux éléments constitutifs de la Biodanza se transforment en écofacteurs positifs qui se traduisent par des états de plénitude, de santé et de bonheur, tant pour les parents que pour le bébé.

En Biodanza, on respecte le rythme de chaque personne. On ne juge pas, on n’interprète pas, on ne conseille pas. On ne stimule pas les émotions de peur, de douleur ou de rage bien que, si elles apparaissent pendant la session, on accompagne la personne dans leur expression et leur vivencia. C’est un processus progressif qui prend soin, où les participants sont invités à travailler sur leurs aspects sains en les intégrant et les potentialisant.

Le modèle théorique de la Biodanza propose des mouvements qui fluctuent entre expériences de l’identité et processus de régression à des états primordiaux qui ont, entre autres objectifs, la reparentalisation. Ces expériences permettent aux futurs parents de comprendre des situations personnelles dans leur famille d’origine. De plus, elles amènent à des comportements plus respectueux et amoureux envers leurs enfants dans leur rôle de père et de mère.

La Biodanza est une proposition pédagogique avec des effets thérapeutiques qui cherche à introduire dans la culture des modèles plus sains de vie, en accord avec ses principes et l’Education Biocentrique formulée par ce système.


Conclusions et recommandations

Concevoir un enfant est idéalement une décision de couple. La puériculture préconceptionnelle propose de planifier le ou les enfants en ayant comme objectif très important de le considérer dans le projet de vie personnel, de couple et de la famille (Posada, Gomez et Ramirez).

La décision du couple d’être parents les implique avant, pendant et après le processus de gestation.

Cette décision a de grandes répercussions sur la vie des personnes impliquées, influençant aussi l’accompagnement futur que les parents offriront à leur enfant, lequel doit partir des besoins réels de celui-ci, selon le moment historique qui lui correspond pour vivre.

Le fondement philosophique, théorique et méthodologique que permet la Biodanza offre aux parents la possibilité de démystifier l’enfant comme étant un produit pour modeler, une forme pour atteindre, à travers lui, les fantasmes personnels non réalisés.

Monica et Andres sont un couple de futurs parents. C’est surtout elle qui a pratiqué la Biodanza avant et pendant sa grossesse et voici, ci-dessous, les expressions de son expérience qui seront la conclusion et les recommandations de cet article :

- Acceptation et respect pour ses sensations et émotions pendant la grossesse, en privilégiant son bien-être face à des situations externes

- Amélioration de sa capacité à mettre des limites, sujet lié au renforcement de l’identité

- Compréhension de situations familiales de sa vie infantile, liées à la mère

- Souvenirs et expériences de l’enfance déjà oubliées qui se présenteront de façon spontanée après quelques sessions de Biodanza

- Plus grande résistance physique, autorégulation et amélioration de sa capacité à bouger

- Etat général de bien-être, joie et tranquillité

- Sommeil réparateur et dépassement des périodes dépressives

- Plus grande empathie et connexion avec la mère et le père. Sentiments non expérimentés avant de gratitude et de respect envers eux

- Capacité à visualiser un accouchement tranquille et heureux avec moins d’anxiété

- Amélioration de la communication et de la relation de couple

- Plus grande conscience de l’importance de son rôle de mère et de la construction avec son couple du projet commun d’être parents

- Reconnaissance de la part des collègues de travail d’une « grossesse voulue et heureuse »

- Attitude de révérence et de gratitude face à la vie.


Glossaire

Entéroceptives : aires perceptuelles placées dans ou sous la peau, qui transportent les stimulations venant de l’organisme. Ces aires sont : kinesthésique, cénesthésiques, thermiques, de douleur et d’équilibre.

Fond endothymique : Philippe Lersch le définit comme des « sentiments corporels de faim, soif, satiété, bien-être ou mal-être physique, plaisir, fatigue, douleur, etc., comme des états d’esprit : joie, tristesse, jovialité et comme des états émotionnels d’irritation, de colère, d’angoisse, d’extase. C’est différent que la dimension noétique et volontaire. Bien que ces sentiments vitaux ne sont pas complètement isolés de la vie psychique, le principe d’unité de la vie les maintient intégrés aux fonctions intentionnelles, volontaires et conscientes, formant ainsi la base sur laquelle s’organisent la perception et la pensée. » (Toro)

Humeur endogène : Sensations de bien-être ou de mal-être qui s’instaure dans le corps et qui sont antérieures aux processus de la pensée. Elles sont liées aux aspects génétiques qui influent sur les situations vécues à répétition dans l’étape de gestation et les premières années de vie.

Ontogénie : Expression individuelle et subjective de la phylogenèse. Manifestation particulière des aspects évolutifs généraux liés aux modèles de développement et de croissance qui peuvent être modifiés par des conditions spécifiques.

SIALH : Système Intégratif, Adaptatif, Limbique Hypothalamique. Siège des instincts, sensations et émotions sur lequel agit directement la Biodanza

Reparentalisation : Processus par lequel le participant de Biodanza amène dans le présent et à partir de sensations et des émotions, des expériences de l’enfance. La fonction de reparentalisaton est de resignifier ces expériences.

Transe : Le terme « transe » dérive du latin transire qui signifie transit, passage d’un état de conscience à un autre. D’un état de vigilance normal à un état de régression. En Biodanza, la transe n’induit la dissociation d’aucun aspect de l’être humain. Elle est intégrante et remplit une fonction réparatrice car elle stimule la rénovation organique. Elle permet l’amplification de la conscience.

Références


Arboleda, R., Gallo, L. & Molina, N. (2005), Motricidad y gestación

Cyrulnik, B., Sous le signe du lien.

Posada, A., Gómez, J. & Ramírez, H. (2004). El niño sano

Toro, R. (1991). Teoría da Biodança. Coletánea de Textos. Volume II. ALAB.

Toro, R. Biodanza: Cours de formation, Modèle théorique et Inconscient Vital, Internacional Biocentric Foundation.

Toro, R., Biodanza

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