Les bénéfices et les apports de la Biodanza sont bien argumentés à partir de nombreuses approches (biologie, anthropologie, psychiatrie, sémantique musicale, théories psychodynamiques…).
Notre approche ici sera celle de la théorie du Bonheur que propose la psychologie positive, une branche de la psychologie créée par Martin Seligman et Mihaly Csíkszentmihályi et qui se propose, plutôt que de résoudre des problèmes et traiter des maladies, à donner des clés pour obtenir une meilleure qualité de vie et de bien-être.
Biodanza : agir à partir de la partie saine
Potentialiser le positif de l’être humain est un des leitmotivs de la Biodanza et peut-être ce qui est responsable de l’essor de celle-ci en Espagne et ailleurs ces dernières années.
Elle se centre sur « exalter un bien » et non tant sur « soigner un mal ». Évidemment, les deux processus sont complémentaires et pratiquement indissolubles, mais cette distinction sur la porte d’entrée amène des caractéristiques différentes.
La Biodanza s’oriente vers le renforcement des ressources et les véritables capacités de chaque personne, et celles qu’elle partage avec le reste de l’humanité. Elle ne va pas tant vers les problèmes mais vers les potentialités. Elle ne va pas tant vers « comment résoudre ce qui est mal » mais vers « comment potentialiser ce qui est bien », sachant par ailleurs que le résultat en est très souvent que le mal se résout bien que cela ne soit pas l’objectif principal ; « quand il est possible de faire croitre la ‘partie lumineuse’ d’un malade, la ‘partie obscure’, représentée par les symptômes, tend à se réduire » (Rolando Toro, 2006).
En Biodanza, on ne prétend pas combattre la tristesse mais augmenter la joie, on n’aborde pas la peur mais notre valeur, on ne provoque pas la colère mais la confiance et la dignité qui facilitent un comportement assertif ; « La Biodanza travaille avec la partie saine des participants, avec leurs ébauches de créativité, avec leurs restes d’enthousiasme, avec leurs besoins opprimés d’amour, avec leurs capacités expressives occultes, avec leur sincérité » (Rolando Toro, 2006)
Cela ne veut pas dire qu’on « évite » ou « nie » les émotions désagréables. En fait, comme elles ont un grand effet sensibilisateur, il est fréquent qu’elles apparaissent (par exemple en réduisant l’action du cortex qui peut les freiner, une tristesse réprimée peut émerger).
On recherche l’acceptation et l’intégration de toutes les émotions et leur canalisation adéquate. « Les sensations peuvent s’exprimer par des chemins sains ou pathologiques. Exprimer les émotions n’est pas s’en libérer mais les manifester de façon adéquate » (Rolando Toro).
La Biodanza fut créée par le psychologue et artiste multifacettes Rolando Toro Araneda dans les années 60 et s’est étendue à travers le monde dans une progression incroyable.
Ce système de croissance personnelle utilise comme ressources la musique, le mouvement et les relations interpersonnelles. Il part de l’affectivité pour l’intégration de la personne avec elle-même, avec les autres personnes et avec l’environnement. Sa méthode se base sur l’induction de vivencias intégrantes, l’expérience vécue par un individu dans l’ici et maintenant.
Nous nous trouvons avec un élément qui, par la main du plaisir et de la joie de vivre, nous accompagne vers un plus grand bonheur.
Le bonheur « authentique »
Avec ce terme, Seligman se réfère à ce bien-être qui est durable et non conjoncturel et il défend qu’il peut se cultiver.
Il y a bien-sûr beaucoup d’approches du concept de « bonheur », mais nous nous baserons ici sur la théorie exposée par Martin Seligman.
Elle se compose de la conjonction de trois composants :
- Vie agréable
- Bonne vie
- Vie significative
Vie agréable
Le chemin commence en cultivant les « émotions positives », tant celles orientées vers le passé (comme la satisfaction, l’orgueil et la sérénité) que celles orientées vers le futur (comme l’optimisme, l’espoir, la confiance et la foi).
Comme nous l’avons déjà expliqué avant, la presque totalité des propositions de Biodanza va de pair avec les émotions agréables. Avec les mots de Rolando Toro : « La Biodanza travaille sur le renforcement des émotions positives et sur leur expression cohérente face aux circonstances réelles. (…) On induit des émotions de façon naturelle, à partir de la musique et des situations de rencontre réelle. Cela signifie que le circuit entre expression physiologique et expérience subjective est parfaitement intégré et le processus peut commencer à partir des deux extrémités ».
En lien avec le présent, Seligman propose d’un côté (nous verrons ensuite l’autre partie) la recherche des « plaisirs » qui sont transitoires, tant ceux corporels qui se manifestent par les sens (comme jouir d’un arôme, d’un désir sexuel ou d’un mouvement corporel), que ceux supérieurs, plus complexes que les précédents et appris (comme l’extase, l’enchantement, la joie, la jubilation, l’amusement…).
De même, la Biodanza revalorise et rend hommage au plaisir (corporel et supérieur), dépassant les conceptions qui l’ont dévalué, dénaturé, disqualifié ou censuré ; « Se sensibiliser pour trouver les chemins qui conduisent au plaisir est une partie de l’apprentissage en Biodanza. Apprendre à jouir de tous les petits et grands plaisirs qu’offre la vie est le plus important des apprentissages. (…) C’est l’acte de vivre qui est en soi jouissif » Rolando Toro.
Bonne vie : Flow
Mihaly Csíkszentmihályi a proposé le concept de « Flow » (fluer, fluidité, fluence ou flux) pour faire référence à l’état de conscience que nous expérimentons quand nous nous trouvons complètement absorbés par ce que nous faisons.
Quand nous fluons, notre attention est mise sur l’activité et nos pensées, sentiments et actes sont harmonieusement impliqués en elle, nous perdons la notion du temps, les distractions disparaissent, nous tirons le meilleur parti de nos compétences et de nos habiletés… l’activité a un sens en soi (elle est autotélique) et n’est pas qu’un moyen pour une fin.
L’autre partie de la théorie de Seligman à propos du présent est représentée par ce « fluer », les gratifications dérivées des activités qu’il nous plaît de faire. Cela a une incidence sur l’importance de la croissance personnelle, le développement de nos forces et de nos vertus personnelles qui accompagnent les états de flux et leur application dans les principaux domaines de l’existence.
Outre le fait qu’en Biodanza on flue et que c’est une activité qui nous facilite l’entrée dans un état de flux, ce qui est important est que le système Biodanza nous aide à augmenter notre capacité à fluer, nous motive et potentialise le développement des habiletés et des attitudes dont nous avons besoin pour entrer en état de flux avec toute autre activité.
Nous allons le montrer par les 9 éléments que décrit Csíkszentmihályi comme étant les caractéristiques du flux :
- « Il y a des objectifs clairs sur chaque pas du chemin » : La Biodanza nous aide à identifier nos objectifs ponctuels et existentiels grâce à son effet harmonisant entre nos désirs, nos instincts, nos pensées et nos actes.
- « Il y a une réponse immédiate à ses propres actions » : La Biodanza nous aide à affiner nos compétences d’ « écoute » intra et interpersonnelle et, grâce à son travail sur notre capacité de feedback, à nous adapter aux signaux de l’environnement de façon plus saine.
- « Il existe un équilibre entre difficultés et compétences » : La Biodanza nous aide à acquérir l’habileté à ajuster nos difficultés aux capacités dont nous disposons car elle travaille abondamment à partir et pour la progressivité.
- « Activité et conscience sont mêlées » : La Biodanza aide à différencier les expériences qui ont un effet intégrant de celles qui n’en ont pas, bien que sa méthodologie se base sur l’induction de vivencias intégrantes, favorisant leur identification dans la vie quotidienne.
- « Les distractions sont exclues de la conscience » : La Biodanza nous aide à acquérir l’habileté à manier la volonté, quand « déconnecter » de quelque chose et « connecter » avec autre chose car elle nous offre une multitude d’expériences d’abandon.
- « Il n’y a pas peur de l’échec » : La Biodanza nous aide à renforcer notre confiance car elle nous apporte une infinité de vivencias de succès dans un environnement protégé où les risques objectifs sont minimisés.
- « La conscience de soi disparaît » : La Biodanza nous aide à nous percevoir comme appartenant au « tout » grâce à la multitude de vivencias en lien avec la ligne de la transcendance.
- « Le sens du temps est déformé » : La Biodanza nous aide à fluer entre le temps objectif et le temps subjectif car elle nous habitue à nous donner la permission de nous situer dans « l’ici et maintenant ».
- « L’activité devient autotélique » : La Biodanza nous aide à nous offrir des moments de connexion avec ce qui nous enthousiasme, parce qu’elle nous enseigne à miser sur nos désirs et à chercher des expériences d’intégration.
Vie significative
Seligman ajoute de plus un autre élément essentiel, la « vie significative », celle qui apporte un sens à l’existence, à l’utilisation de nos forces et de nos vertus aux service de quelque chose qui transcende notre personne.
En citant Seligman : « Une vie significative est celle qui a à voir avec faire partie de quelque chose de plus élevé que nous, et plus ce quelque chose est élevé, plus de sens aura notre existence. »
L’apport de la Biodanza à ce sujet s’expérimente principalement par la ligne de vivencia de la transcendance, celle qui favorise la perception du lien avec le tout, d’intégration de la personne dans une unité plus grande.
Expérimenter ceci dans la séance de Biodanza nous laisse un sceau, nous aide à incorporer la transcendance dans notre vie, comme l’explique très bien Rolando Toro : « Les effets de la Biodanza dans la ligne de la transcendance donnent beaucoup de lumière à ‘l’expérience de totalité’. Le sentiment intime de lien avec la nature et avec le prochain est une expérience maximale qu’on a rarement dans sa vie. L’expérimenter une seule fois permet de commencer un changement dans l’attitude face à soi-même et face aux autres. Savoir avec ‘certitude’ que nous ne sommes pas des êtres isolés mais que nous participons d’un mouvement unifiant du cosmos suffit pour déplacer notre échelle de valeurs. Ce savoir avec certitude cependant n’est pas un savoir intellectuel, c’est un savoir plus émouvant et transcendant ».
Pour résumer
La « vie pleine et le bonheur authentique participent de cette « vie agréable », « bonne vie » et « vie significative ».
Seligman résume cela ainsi: « une vie pleine consiste à expérimenter des émotions positives face au passé et au futur, à jouir de sentiments positifs provenant de plaisirs, à obtenir de nombreuses gratifications sur nos caractéristiques fortes et à les utiliser au service de quelque chose de plus élevé que nous pour trouver ainsi un sens à notre existence ».
La Biodanza, en plus de nous divertir, rassemble toutes ces composantes. Mais peut-être que les preuves seraient plus convaincantes que les mots : as-tu envie d’essayer la Biodanza ?
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